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Économie

Honda Canada confirme ne pas vouloir réduire sa production automobile au pays

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a assuré que le président de Honda Canada lui avait affirmé que l'information était inexacte.

Reportage vidéo :
/ Noovo Info
Ian Bickis
Texte :
Ian Bickis / La Presse canadienne

Honda Canada a déclaré mardi qu'elle n'envisageait pas de modifier sa production automobile canadienne, réfutant ainsi un article de presse selon lequel elle envisageait de délocaliser une partie de sa production aux États-Unis.

Le journal financier japonais «Nikkei» affirmait, plus tôt mardi, que Honda envisageait de délocaliser suffisamment de production canadienne de CR-V et de Civic aux États-Unis pour pouvoir répondre à 90 % de ses ventes américaines avec des véhicules produits dans ce pays, contre environ 70 % actuellement.

Honda Canada étudie constamment divers plans d'urgence, mais a l'intention de maintenir les niveaux actuels de production canadienne, a déclaré son porte-parole Ken Chiu.

«Nous pouvons confirmer que notre usine de fabrication canadienne à Alliston, en Ontario, fonctionnera à sa capacité maximale pour l'avenir prévisible et aucun changement n'est envisagé pour le moment.»

Les commentaires de Honda confirment les déclarations des responsables gouvernementaux plus tôt dans la journée: aucun changement n’est prévu pour les activités de Honda, qui emploient environ 4200 personnes et ont produit environ 375 000 CR-V et Civic en 2023.

L’entreprise produit également les mêmes modèles aux États-Unis. L'article de «Nikkei» indique que l’entreprise envisage d’embaucher davantage de travailleurs et d’ajouter des équipes à ses activités américaines. Honda a dit ne pas pouvoir commenter précisément le contenu de l'article.

Honda a indiqué que sa méthode de fabrication flexible lui permet de s’adapter rapidement aux différentes conditions du marché, notamment en adaptant la production à des modèles spécifiques fabriqués dans chaque usine, destinés à différentes régions et potentiellement à de nouveaux marchés, en fonction de la demande des clients.

«La production canadienne restera à pleine capacité grâce aux ventes nationales, qui ont augmenté de 9 % au premier trimestre de cette année», a déclaré M. Chiu.

Mardi matin, la ministre fédérale de l'Industrie, Anita Anand, avait déjà réfuté les affirmations du journal financier dans une publication sur les réseaux sociaux, écrivant sur X que Honda lui a «confirmé qu’aucune décision de ce genre n’a été prise, ni envisagée pour le moment».

Mme Anand ajoutait qu'elle rencontrerait le PDG de Honda Canada plus tard dans la journée pour obtenir plus de précisions.

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a assuré plus tôt que le président de Honda Canada lui avait affirmé que l'information de «Nikkei» était inexacte.

M. Ford et son cabinet affirment que Honda leur a indiqué que l'entreprise souhaitait augmenter sa production aux États-Unis, mais pas au détriment de la production canadienne.

La menace de perte de production canadienne survient après que les États-Unis ont imposé des droits de douane de 25 % sur tous les véhicules importés le 3 avril, y compris ceux produits au Canada, malgré l'accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique, augmentant ainsi considérablement les coûts pour tous les importateurs.

Les chefs réagissent

Le premier ministre Mark Carney a réagi aux rumeurs autour de Honda, lors d'un arrêt de campagne à Saint-Eustache, dans les Laurentides.

«L'incertitude qui est créée par la guerre tarifaire américaine est bien difficile pour les entreprises. (...) Dans ces circonstances, il faut agir, avec de la force et de la détermination.» 

M. Carney a mentionné l'annonce faite par le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, plus tôt dans la matinée pour soutenir les entreprises touchées par la guerre commerciale. 

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Afin d'atténuer l'impact sur le secteur automobile canadien, le gouvernement fédéral a annoncé mardi que les producteurs qui maintiennent leurs niveaux de production au Canada pourraient importer un certain nombre de véhicules assemblés aux États-Unis au Canada sans contre-mesures douanières. Le premier ministre a précisé que les remises aux entreprises pourraient aller jusqu'à 100% des droits de rétorsion canadiens.

Cette décision survient alors que Mazda a confirmé l'arrêt de la production de véhicules CX-50 destinés au Canada dans son usine de l'Alabama, car ils sont assujettis aux droits de rétorsion canadiens.

«Les incitatifs sont très forts pour garder la production et les emplois ici», a commenté M. Carney, avant d'ajouter: «Mais, cela dit, M. Trump attaque notre industrie automobile.»

Le chef libéral a aussi rappelé l'importance de renégocier l'accord de libre-échange avec les États-Unis.

Le 3 avril, les États-Unis ont imposé des droits de douane de 25 % sur tous les véhicules importés, y compris ceux produits au Canada, malgré l'accord de libre-échange, ce qui a considérablement augmenté les coûts pour tous les importateurs.

M. Carney a déclaré qu'il ne pense pas que l'administration Trump prend en compte le degré d'intégration de l'industrie et qu'elle devra probablement rendre permanente l'exemption tarifaire, actuellement temporaire, sur les pièces automobiles en provenance du Canada.

Le chef conservateur Pierre Poilievre, de passage à Montréal, a condamné une attaque de Donald Trump qui prend injustement pour cible le Canada, tout en affirmant que les contre-mesures canadiennes devraient être maintenues. Il a soutenu qu'il fallait renforcer l'économie canadienne en éliminant notamment la TPS sur «les voitures faites ici au Canada afin d'encourager les gens à acheter les autos canadiennes».

«Il faut contrôler ce qu'on peut contrôler», a insisté M. Poilievre.

S'exprimant devant un hôpital de Montréal, le chef du NPD, Jagmeet Singh, a déclaré que le Canada devrait empêcher les constructeurs automobiles comme Honda de retirer du Canada des infrastructures financées par l'argent public.

«Si ça se passe, ça va endommager notre secteur de l'automobile pour longtemps» et «on doit penser à tous les outils possibles pour protéger les emplois et garder nos usines». Par exemple, a expliqué M. Singh, «si vous voulez vendre des voitures dans notre pays, vous devez avoir des emplois dans notre pays. Ça, c'est une mesure qu'on peut mettre en place.»

M. Singh a ajouté qu'avec une population qui est en croissance, le Canada constitue un marché attractif pour les constructeurs automobiles.

Également dans la métropole québécoise, le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, a souligné le besoin d'accélérer, après l'élection, la mise en place d'un «processus de négociation avec le Québec et chacune des 13 économies canadiennes», afin que les entreprises qui envisagent peut-être de se délocaliser au sud de la frontière «attendent les quelques mois ou l'année que ça prendra avant d'avoir une vision de l'économie future».

L'an dernier, Honda a annoncé un engagement de 15 milliards $ envers ses installations canadiennes afin de créer une chaîne d'approvisionnement de véhicules électriques en Ontario. Ce projet, soutenu par un financement public pouvant atteindre 5 milliards $, comprend la construction d'une usine de batteries pour véhicules électriques à côté de son usine actuelle d'Alliston. Celle-ci compte environ 4200 employés et a produit environ 375 000 véhicules au Canada en 2023.

Avec des informations d'Allison Jones, Liam Casey, Kyle Duggan, Nick Murray et David Baxter

Reportage vidéo :
/ Noovo Info
Ian Bickis
Texte :
Ian Bickis / La Presse canadienne