Début du contenu principal.
La guerre tarifaire avec les États-Unis risque de «limiter» ou de «repousser» les efforts consacrés à la préservation de la biodiversité et à la lutte contre les changements climatiques, s'inquiète la commissaire au développement durable.
Janique Lambert a présenté jeudi son rapport annuel à l'Assemblée nationale, dans lequel elle dit craindre que l'incertitude commerciale nuise à l'action climatique, «ce qui ne serait pas sans conséquences pour les années futures», avertit-elle.
Le gouvernement doit garder le cap, continuer de développer son réseau d'aires protégées, assurer la résilience de la forêt et poursuivre le verdissement des milieux urbains afin de faire face à l'aléa de la chaleur, selon Mme Lambert.
Elle signale dans son rapport que près de 80 % des territoires inscrits au registre des aires protégées ont un statut provisoire; Québec «tarde» à leur accorder le statut de protection permanent.
Le chien de garde québécois de l'environnement constate aussi que la province «a peu ajusté ses pratiques forestières pour augmenter la résilience de la forêt».
Sa stratégie d'adaptation aux changements climatiques, «en cours d'élaboration depuis 2016», n'a toujours pas été publiée. Sa stratégie d'aménagement durable des forêts n'a pas été mise à jour en dix ans.
Par ailleurs, le ministère de l'Environnement ne s'assure pas que ses projets de verdissement sont réalisés dans les zones où les personnes vulnérables sont les plus à risque d'être affectées par la chaleur, note Mme Lambert.
Interpellé en mêlée de presse, le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, a affirmé que la «conjoncture a changé». Selon lui, le Québec doit rester «compétitif», donc pas question de mettre «de pression supplémentaire» sur les entreprises, a-t-il dit.
«Ça a des coûts économiques de ne pas s'en charger, a répliqué Janique Lambert en conférence de presse. On peut avoir de nouveaux défis (...) qu'on doit adresser, (...) mais il ne faut pas oublier qu'on a une loi sur le développement durable.»
«Dans la loi, c'est indiqué qu'on ne peut plus continuer comme on a agi à ce jour. Il y a un changement, un virage nécessaire», a-t-elle insisté.
Aux yeux du porte-parole de Québec solidaire en environnement, Alexandre Leduc, le ministère de M. Charette ne fait pas le poids face «aux ministères au service de l'industrie, comme le ministère des Ressources naturelles et des Forêts».
«Dès qu'il y a un intérêt économique à développer un territoire, les projets d’aires protégées bloquent au conseil des ministres», a-t-il déploré dans une déclaration écrite.
Dans son rapport, la commissaire Lambert souligne que la biodiversité se détériore partout dans le monde «à un rythme sans précédent dans l'histoire de l'humanité».
La perte de biodiversité et le manque de verdissement dans les milieux urbains ont un impact sur la santé des populations et leur qualité de vie, a affirmé dans un communiqué l'analyste d'Équiterre Charles-Édouard Têtu.
Il a salué la «justesse» des constats de la commissaire au développement durable.
«Le gouvernement de la CAQ doit cesser de faire la sourde oreille: il détient tous les outils pour mettre en place des politiques ambitieuses afin de répondre à l’urgence climatique, mais il fait le choix conscient de ne pas les utiliser», a-t-il soutenu.
«Les mandats des présidents américains sont temporaires, la crise climatique ne l'est pas. Les gouvernements n'ont pas à sacrifier nos acquis environnementaux au nom de la compétitivité de nos entreprises», a renchéri M. Têtu.