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«Nous anticipons toujours une forte inflation de base et une forte inflation des prix des aliments.»
Les tendances en matière de prix sont bousculées ces jours-ci par les grands changements économiques, ce qui devrait se traduire par une nouvelle hausse de l'inflation au Canada la semaine prochaine.
Les économistes interrogés par Reuters s'attendent à ce que l'inflation annuelle pour le mois de mars s'établisse à 2,6 %, ce qui correspondrait au taux de février.
Selon Randall Bartlett, économiste en chef adjoint au Mouvement Desjardins, la baisse du dollar canadien, qui fait augmenter les coûts d'importation, la hausse persistante des prix des denrées alimentaires et les premiers effets des droits de douane devraient avoir un impact sur l'indice des prix à la consommation (IPC) du mois de mars.
«Nous anticipons toujours une forte inflation de base et une forte inflation des prix des aliments», a-t-il déclaré en entrevue.
Si les tensions commerciales ont contribué à accroître la pression inflationniste dans des domaines comme la baisse du huard, elles ont également atténué la pression dans d'autres aspects, comme la baisse de la confiance économique et la baisse des prix des matières premières.
Le pétrole, par exemple, s'est négocié à moins de 70 $ le baril en mars, comparativement à environ 80 $ le baril pour le même mois l'année dernière.
Dans l'ensemble, les droits de douane ne devraient avoir qu'une incidence modeste en mars, car le Canada n'a pas encore mis en œuvre la majeure partie des mesures de rétorsion qu'il a annoncées.
«Nous avons intégré l'impact des droits de douane, mais nous pensons qu'il est assez modeste», a affirmé M. Bartlett.
Le gouvernement fédéral a mis en place des mesures de représailles d'une valeur d'environ 30 milliards $ sur les produits américains au début du mois de mars, lorsque les États-Unis ont imposé des droits de douane de 25 %, puis les ont partiellement annulés.
Le Canada a également imposé 30 milliards $ de contre-tarifs à la mi-mars en réponse aux droits de douane américains sur les métaux, mais il n'a pas eu à mettre en place 125 milliards $ de contre-tarifs supplémentaires parce que les États-Unis ont suspendu certaines menaces tarifaires.
Si la diminution des contre-tarifs contribue à maintenir l'inflation à un faible niveau, le fait que les États-Unis s'abstiennent d'appliquer des droits de douane de 25 % sur les produits canadiens pourrait stimuler les dépenses, alors que d'autres pressions continuent de s'exercer sur les prix, selon M. Bartlett.
Le report des mesures de rétorsion fait en sorte qu'il s'attend à devoir revoir à la baisse ses prévisions d'inflation pour l'année.
«L'inflation diminuera, mais elle restera plus élevée que ce que la Banque du Canada pourrait accepter», a déclaré M. Bartlett.
La Banque du Canada devrait prendre sa prochaine décision en matière de taux d'intérêt mercredi.
La banque centrale a une décision «délicate» à prendre compte tenu de tous les facteurs, y compris les élections fédérales en cours, selon l'économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter.
Le taux d'inflation «ne sera pas très élevé», a avancé M. Porter, qui s'attend à un taux de 2,7 %. Il a souligné que la Banque du Canada pouvait se rassurer en sachant que le taux d'avril «chutera presque certainement».
La suppression de la tarification du carbone à partir d'avril, la baisse générale des prix du pétrole brut et la hausse du dollar canadien sont autant de facteurs qui favoriseront les tendances inflationnistes, a-t-il indiqué.
La Banque du Canada devra également tenir compte des attentes en matière d'inflation. Sa récente enquête a montré que les attentes des consommateurs à court terme ont augmenté au cours du dernier trimestre pour la première fois depuis 2022.
Ces tendances signifient que la Banque du Canada maintiendra probablement ses taux d'intérêt, croit M. Bartlett.
«Les attentes ont été nettement plus élevées que ce à quoi s'attendaient de nombreux analystes, de sorte que la Banque du Canada s'est concentrée sur ce point lors de ses dernières délibérations», a-t-il déclaré.
La banque centrale voudra également «garder une marge de manœuvre» au cas où la conjoncture économique se détériorerait de manière significative, a-t-il souligné.
Les tendances du marché de logement, notamment la baisse des loyers et le ralentissement des ventes et des prix des maisons, contribueront également à atténuer la pression inflationniste. Les baisses de taux d'intérêt déjà intervenues atténueront quelque peu la pression exercée par la hausse des coûts des prêts hypothécaires.