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Les constructeurs automobiles qui continuent de fabriquer des véhicules au Canada seront exemptés des droits de douane de rétorsion imposés par Ottawa, alors que le président américain Donald Trump tente de perturber l'industrie nord-américaine par des droits d'importation élevés.
Le ministre fédéral des Finances, François-Philippe Champagne, a annoncé mardi que les constructeurs automobiles seront autorisés à importer un certain nombre de véhicules assemblés aux États-Unis – ceux qui sont conformes à l'Accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) – sans être assujettis aux contre-mesures douanières imposées par Ottawa en réponse aux prélèvements de M. Trump.
Le nombre de véhicules exemptés de droits de douane qu'une entreprise est autorisée à importer diminuera en cas de réduction de la production ou des investissements canadiens.
«M. Trump, il attaque notre industrie automobile. Ça, c'est la vérité. La situation est très difficile», a déclaré mardi le premier ministre Mark Carney.
«Le secteur automobile nord-américain est le secteur manufacturier industriel le plus intégré au monde, en particulier le secteur automobile canado-américain, a expliqué M. Carney. Les droits de douane imposés par le président Trump constituent donc, dans une certaine mesure, une tentative de démanteler cette intégration et les avantages qui en découlent.»
Le chef libéral a fait ce commentaire en réponse à une question des médias lors de sa campagne à Saint-Eustache, au Québec.
Le 3 avril, Donald Trump a imposé des droits de douane de 25 % sur toutes les importations d'automobiles aux États-Unis, mais a ordonné une exclusion partielle pour les véhicules construits dans le cadre de l'ACEUM. En réponse, Ottawa a imposé des droits de douane similaires sur les véhicules fabriqués aux États-Unis à destination du Canada.
Les droits de douane sur les importations de pièces automobiles aux États-Unis devaient entrer en vigueur au plus tard le 3 mai. Mark Carney a déclaré qu'il ne croyait pas que ces droits de douane seraient appliqués maintenant. Le chef libéral a indiqué avoir communiqué avec les PDG de constructeurs automobiles au Canada et ailleurs dans le monde.
Le chef conservateur Pierre Poilievre a également réagi, lors d'une étape de campagne à Montréal, mardi. «Je condamne M. Trump pour ses tarifs non justifiés et non justifiables, a-t-il lancé. C'est épouvantable qu'il continue de menacer le Canada avec les tarifs lorsqu'il a mis une pause sur les tarifs ailleurs au monde.»
Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a déclaré lors d'une autre étape de campagne à Montréal que le Canada doit se battre pour obtenir la suppression des droits de douane de Donald Trump et «doit penser à tous les outils possibles pour protéger les emplois et garder nos usines».
Les droits de douane imposés par le président américain ont ébranlé le secteur automobile nord-américain. Les véhicules traversent la frontière canado-américaine à plusieurs reprises avant d'être terminés, et les experts affirment que les droits de douane feront grimper les prix.
Les industries automobiles canadienne et américaine sont officiellement intégrées au Pacte de l'automobile de 1965.
Le Mexique a intégré l'industrie automobile continentale dans les années 1990 avec l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA). Cet accord a été remplacé sous la première administration Trump par l'ACEUM, qui a renforcé les protections du secteur automobile.
Honda Canada a démenti mardi les informations faisant état de possibles changements dans la production canadienne, affirmant que son usine d'Alliston, en Ontario, fonctionnerait au maximum de sa capacité dans un avenir prévisible et qu'aucun changement n'était actuellement envisagé.
Les trois géants de Detroit — Ford, General Motors et Stellantis — font pression sur l'administration Trump depuis des mois. Le locataire de la Maison-Blanche a suggéré lundi qu'une nouvelle pause sur les droits de douane sur le secteur automobile pourrait être mise en place afin de donner aux entreprises «un peu de temps» pour transférer leurs capacités aux États-Unis.
La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, n'a fourni aucun détail lorsqu'elle a été interrogée mardi sur les propos du président concernant le secteur automobile, mais a affirmé que M. Trump «disposait d'une certaine flexibilité».
Sur le sujet du changement de ton adopté par Donald Trump à l'égard du Canada, Mme Leavitt a déclaré que le président maintenait sa position.
«Les États-Unis subventionnent la défense nationale du Canada et il estime que les Canadiens bénéficieraient grandement de devenir le 51e État», a rappelé Mme Leavitt.
Mardi, M. Champagne a également annoncé une aide aux entreprises canadiennes touchées par le conflit commercial afin de leur donner le temps d'adapter leurs chaînes d'approvisionnement.
Ottawa a annoncé son intention d'accorder une exonération temporaire de droits de douane de six mois pour les marchandises importées des États-Unis et utilisées dans les secteurs canadiens de la fabrication, de la transformation et de l'emballage des aliments et des boissons. Cette exemption temporaire s'appliquera également aux marchandises utilisées pour soutenir la santé publique, les soins de santé, la sécurité publique et la sécurité nationale.
La mesure doit aider «les employeurs qui étaient viables avant les récentes mesures commerciales des États-Unis à maintenir leurs activités et à retrouver la stabilité financière», a expliqué le ministère dans un communiqué publié mardi matin. Cependant, les entreprises en bénéficiant devront «déployer des efforts pour maintenir les emplois et soutenir les activités commerciales au Canada», précise-t-il.
Les entreprises déjà engagées dans une procédure d’insolvabilité avant la crise des droits de douane américains ne sont, en revanche, pas admissibles.
Les marchés mondiaux sont en ébullition depuis que Donald Trump a lancé, puis partiellement suspendu, ses droits «réciproques» plus tôt ce mois-ci. Un tarif d'importation de 10 % est toujours en vigueur pour la plupart des pays, ainsi que des droits spécifiques sur des secteurs comme l'aluminium, l'acier et l'automobile.
Le président américain a imposé des droits de douane de 145 % sur les importations chinoises, et Pékin a riposté en imposant des droits de rétorsion de 125 % sur les produits américains.
Un nouveau sondage suggère que les Canadiens expriment une forte inquiétude face à la récente volatilité des marchés boursiers liée aux droits de douane américains, et qu'ils sont plus inquiets que les Américains de l'impact des droits de douane sur leurs finances.
Le sondage Léger a été mené auprès de 1630 adultes canadiens et de 1007 adultes américains du 11 au 13 avril. Comme le sondage a été réalisé en ligne, aucune marge d'erreur ne peut lui être attribuée.
Selon ces résultats, 78 % des répondants canadiens - et autant de répondants québécois - s'inquiétaient de la volatilité des marchés boursiers. La plupart des répondants canadiens, soit 87 %, et des répondants québécois, soit 86 %, ont dit croire que les nouveaux droits de douane affecteraient leurs finances personnelles, contre 78 % des Américains.
Léger réalise des sondages hebdomadaires sur les droits de douane et indique que davantage de Canadiens et d'Américains ont dit avoir constaté une augmentation des prix à la consommation au cours de la dernière semaine.