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Israël envoie des chars en Cisjordanie pour la première fois depuis des décennies

«Nous ne permettrons pas au terrorisme de revenir et de se développer.»

Un char israélien se dirige vers le camp de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 23 février 2025.
Un char israélien se dirige vers le camp de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 23 février 2025.

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Associated Press
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Des chars israéliens ont pénétré dimanche en Cisjordanie occupée pour la première fois depuis des décennies, dans ce que les autorités palestiniennes ont qualifié d'«escalade dangereuse».

Le ministre de la Défense a déclaré que les troupes resteraient dans certaines parties du territoire pendant un an et que des dizaines de milliers de Palestiniens qui ont fui ne pourraient pas revenir. 

Des journalistes de l'Associated Press ont vu plusieurs chars se déplacer sur des pistes non goudronnées en direction de Jénine, longtemps bastion de la lutte armée contre Israël.

Israël intensifie sa répression sur le territoire palestinien et a déclaré qu'il était déterminé à éradiquer le militantisme dans un contexte d'augmentation des attaques. Il a lancé l'offensive dans le nord de la Cisjordanie le 21 janvier – deux jours après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu actuel à Gaza – et l'a étendue aux zones voisines.

Les Palestiniens considèrent ces raids meurtriers comme une tentative de consolider le contrôle israélien sur le territoire, où 3 millions de Palestiniens vivent sous un régime militaire.

Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a dit que lui-même et le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avaient ordonné à l'armée «d'intensifier ses activités pour contrecarrer le terrorisme» dans tous les camps de réfugiés de Cisjordanie.

«Nous ne permettrons pas le retour des résidents, et nous ne permettrons pas au terrorisme de revenir et de se développer», a-t-il ajouté.

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Plus tôt, Katz avait ordonné à l'armée de se préparer à «un séjour prolongé» dans certains des camps de réfugiés urbains de Cisjordanie, d'où environ 40 000 Palestiniens ont fui, les laissant «vides de leurs habitants».

Les camps abritent les descendants des Palestiniens qui ont fui pendant les guerres avec Israël il y a plusieurs décennies. On ne sait pas exactement combien de temps les Palestiniens seront empêchés de rentrer chez eux. M. Katz a déclaré que les troupes israéliennes resteraient «pour l'année à venir». M. Netanyahou a déclaré qu'elles resteraient «aussi longtemps que nécessaire».

Les derniers chars ont été déployés en Cisjordanie en 2002, lorsque Israël a combattu un soulèvement palestinien meurtrier.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères a qualifié les mesures israéliennes d'«escalade dangereuse de la situation en Cisjordanie» et a exhorté la communauté internationale à intervenir dans ce qu'il a qualifié d'«agression» illégale d'Israël.

«Même s'ils restent, nous retournerons au camp à la fin», a soutenu Mohamed al-Sadi, l'un des déplacés de Jénine. «Ce camp est le nôtre. Nous n'avons nulle part où aller.»

Netanyahou sous pression pour sévir

Alors que les combats à Gaza et au Liban sont suspendus, Netanyahou subit la pression de ses partenaires de gouvernement d'extrême droite pour qu'il sévisse contre le militantisme en Cisjordanie. Selon l'ONU, l'opération militaire israélienne en cours est la plus longue depuis le soulèvement palestinien du début des années 2000.

En vertu des accords de paix intérimaires du début des années 1990, Israël maintient le contrôle sur de grandes parties de la Cisjordanie, tandis que l'Autorité palestinienne administre d'autres zones. Israël envoie régulièrement des troupes dans les zones palestiniennes, mais les retire généralement après les missions.

Plus de 800 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre 2023, avec une attaque du Hamas contre le sud d'Israël. Israël affirme que la plupart étaient des militants, mais des jeunes qui jetaient des pierres pour protester contre les raids israéliens ainsi que des passants ont également été tués. Lors de la dernière opération, une Palestinienne enceinte a été tuée.

Des colons juifs ont également commis des actes de violence dans les zones palestiniennes du territoire. Et il y a eu une recrudescence des attaques palestiniennes en provenance de Cisjordanie. Jeudi, des explosions ont secoué trois bus vides en Israël, dans ce que la police considère comme une attaque présumée de militants.

Israël a conquis la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est lors de la guerre du Moyen-Orient en 1967. Les Palestiniens veulent les trois territoires pour leur futur État indépendant.

Poursuivre le cessez-le-feu

La trêve conclue entre Israël et le Hamas à Gaza reste fragile.

Il reste une semaine à la première phase du cessez-le-feu et aucune négociation n'a été signalée pour la deuxième phase. L'effondrement de la trêve pourrait entraîner une reprise des combats à Gaza, où, selon Netanyahou, 63 otages sont toujours retenus, dont la moitié serait morte, y compris un soldat capturé en 2014.

«Nous sommes prêts à reprendre les combats intenses à tout moment», a lancé Netanyahou dimanche. L'armée a renforcé sa «préparation opérationnelle» autour de Gaza.

L'envoyé spécial des États-Unis pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a affirmé sur CNN qu'il s'attendait à ce que la deuxième phase se poursuive, ajoutant: «Nous devons obtenir une prolongation de la phase un et je me rendrai donc dans la région cette semaine, probablement mercredi, pour négocier cela». Il a précisé à CBS qu'il se rendrait au Qatar, en Égypte, en Israël, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Mais un haut dirigeant du Hamas, Mahmoud Mardawi, a déclaré dimanche que le groupe ne participerait pas à d'autres discussions avec Israël par l'intermédiaire de médiateurs tant qu'Israël n'aura pas libéré les 620 prisonniers palestiniens censés l'être samedi.

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Dimanche matin, Israël a déclaré qu'il retardait la libération jusqu'à ce qu'il obtienne l'assurance que le Hamas mettrait fin à ce qu'Israël qualifie d'«humiliantes» remises d'otages lors de cérémonies mises en scène et qualifiées de cruelles par les États-Unis et la Croix-Rouge.

L'Égypte et le Qatar faisaient pression sur Israël pour qu'il libère les prisonniers, et l'Égypte a refusé de discuter des demandes israéliennes avant cela, a déclaré un responsable égyptien impliqué dans les pourparlers qui s'est exprimé sous couvert d'anonymat car il n'était pas autorisé à parler aux médias.

Les familles des prisonniers palestiniens étaient désemparées. «Qu'ont fait les prisonniers? Nous ne savons pas ce qui s'est passé. Ils ont tué notre joie», a mentionné une mère, Najah Zaqqot.

La Maison-Blanche soutient la décision d'Israël de retarder la libération des prisonniers palestiniens, la qualifiant d'«appropriée».

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Brian Hughes, a déclaré dimanche que «compte tenu du traitement barbare infligé par le Hamas aux otages, notamment le défilé hideux des cercueils des enfants Bibas dans les rues de Gaza, la décision d'Israël de retarder la libération des prisonniers est une réponse appropriée».

«Le président est prêt à soutenir Israël dans la ligne de conduite qu'il choisira à l'égard du Hamas», est-il mentionné dans un communiqué.

Pendant ce temps, Netanyahou était à nouveau critiqué pour la guerre alors qu'il s'exprimait lors d'une remise de diplômes militaires. Alors qu'il brandissait une photo de Shiri Bibas et de ses jeunes garçons, Ariel et Kfir, dont les dépouilles ont été ramenées de Gaza la semaine dernière, pour montrer «ce contre quoi nous nous battons», les membres de l'auditoire ont crié «honte» et «pourquoi ne les avez-vous pas sauvés?». Le premier ministre n'a pas réagi.

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Associated Press
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