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Le gouvernement haïtien adopte un «budget de guerre» face à la violence des gangs

Les gangs, qui contrôlent au moins 85 % de la capitale Port-au-Prince, continuent d'attaquer les communautés environnantes.

Une femme balaie des débris près d'une barricade en feu érigée par des manifestants lors d'une manifestation contre l'insécurité à Port-au-Prince, en Haïti, le mercredi 2 avril 2025.
Une femme balaie des débris près d'une barricade en feu érigée par des manifestants lors d'une manifestation contre l'insécurité à Port-au-Prince, en Haïti, le mercredi 2 avril 2025.

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Associated Press
Associated Press

Le gouvernement haïtien a annoncé lundi l'approbation d'un «budget de guerre» de 275 000 $ US destiné à atténuer la crise que traverse le pays face à la recrudescence de la violence des gangs.

Près de 40 % de ce budget sera consacré à la police et à l'armée haïtiennes «pour lutter contre les groupes armés qui menacent la stabilité nationale», tandis qu'environ 20 % serviront à renforcer la frontière que le pays partage avec la République dominicaine, a indiqué le Conseil présidentiel de transition d'Haïti dans un communiqué.

Un autre 16 % sera consacré à des programmes sociaux, notamment ceux axés sur l'éducation, la santé et l'aide humanitaire. Ce budget spécial reflète l'engagement de l'État à agir avec détermination et à lutter contre l'insécurité croissante, a soutenu le Conseil.

Ce financement supplémentaire ne devrait toutefois pas pallier le manque de ressources qui pèse sur la mission soutenue par l'Organisation des Nations unies (ONU) et dirigée par la police kenyane, qui peine à aider les autorités locales à réprimer la violence des gangs.

Les gangs, qui contrôlent au moins 85 % de la capitale Port-au-Prince, continuent d'attaquer les communautés environnantes.

Une puissante coalition de gangs connue sous le nom de Viv Ansanm a récemment pris le contrôle des villes de Mirebalais et de Saut-d'Eau, dans le centre d’Haïti, selon le Réseau National de Défense de Droits Humains (RNDDH), une organisation locale. Les policiers du commissariat de Mirebalais et de la prison locale ont pris la fuite lors des attaques, a-t-il indiqué.

«Des gangs armés ont ensuite incendié le commissariat et pris le contrôle de la prison, orchestrant une évasion massive des détenus», a souligné l’organisation, précisant que la prison comptait 533 détenus.

Le personnel et les patients de l'Hôpital Universitaire de Mirebalais ont également été évacués.

Au moins 60 personnes ont péri à la suite des attaques lancées les 30 et 31 mars, dont des membres de gangs et des détenus évadés, selon le RNDDH.

Par ailleurs, la ville voisine de Saut-d'Eau est tombée aux mains des gangs dans l’après-midi du 3 avril, ont indiqué des militants.

«Certains affirment que cela a été facilité par le redéploiement des forces de l'ordre à Mirebalais, laissant Saut-d'Eau vulnérable», avait rapporté l'organisation la semaine dernière.

Deux religieuses et un policier figurent parmi les victimes des attaques, tandis que deux journalistes sont toujours portés disparus.

«En ignorant l'effondrement de la région centrale, les autorités de transition démontrent qu'elles n'ont aucun plan concret pour rétablir les droits des citoyens et la sécurité publique, a avancé l'organisation de défense des droits de la personne. L'absence de réaction de l'État a transformé la police en pompiers, réagissant constamment sans orientation stratégique, tandis que les villes tombent les unes après les autres.»

Elle a noté que des civils et des groupes d'autodéfense dans les deux villes «avaient donné l'alerte à plusieurs reprises, mais sans succès».

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Plus de 260 personnes ont également été tuées lors d'une autre attaque de gangs contre deux communautés de la capitale haïtienne fin janvier, selon la mission politique des Nations Unies en Haïti, qui a mis en doute le retard des autorités.

Les attaques ont eu lieu à Kenscoff et dans certaines parties de Carrefour. Une autre communauté de Kenscoff a été attaquée cette fin de semaine. Au moins un policier est porté disparu et plusieurs autres ont été blessés, selon le syndicat de police SPNH-17.

Du 1er janvier au 27 mars, plus de 1500 personnes ont été tuées et 572 autres blessées en Haïti, selon la mission des Nations Unies. La violence des gangs a également laissé plus d'un million de personnes sans abri ces dernières années, d'après l'ONU.

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Associated Press
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