Explosion dans un port iranien: quatorze morts et plus de 750 blessés

L'explosion s'est produite alors que l'Iran et les États-Unis se rencontraient samedi à Oman pour le troisième cycle de négociations sur le programme nucléaire de Téhéran.

Si personne en Iran n'a explicitement suggéré que l'explosion était due à un attentat, même le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, qui a dirigé les négociations, a reconnu mercredi que les services de sécurité «sont en état d'alerte maximale compte tenu des tentatives de sabotage et d'assassinats commises par le passé et visant à provoquer une réaction légitime».

Pendant des heures, les autorités iraniennes n'ont fourni aucune explication claire sur les causes de l'explosion survenue dans le port, situé juste à l'extérieur de Bandar Abbas, tout en niant tout lien avec l'industrie pétrolière du pays.

Le port a cependant accueilli une cargaison de «carburant pour fusée au perchlorate de sodium» en mars, a indiqué la société de sécurité privée Ambrey. 

Ce carburant fait partie d'une cargaison en provenance de Chine, transportée par deux navires vers l'Iran, initialement rapportée en janvier par le Financial Times. Ce carburant devait servir à reconstituer les stocks de missiles iraniens, épuisés par ses attaques directes contre Israël pendant la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza.

«L'incendie serait dû à une mauvaise manipulation d'une cargaison de combustible solide destiné à être utilisé dans des missiles balistiques iraniens», a avancé Ambrey.

Les données de suivi des navires analysées par l'Associated Press ont permis de localiser l'un des navires soupçonnés de transporter le produit chimique à proximité en mars, selon Ambrey. L'Iran n'a pas reconnu avoir pris la cargaison. La mission iranienne auprès des Nations Unies n'a pas immédiatement répondu à une demande de réaction samedi.

Il n'a pas été précisé pourquoi l'Iran n'a pas évacué les produits chimiques du port, notamment après l'explosion du port de Beyrouth en 2020. Provoquée par l'inflammation de centaines de tonnes de nitrate d'ammonium hautement explosif, cette explosion avait tué plus de 200 personnes et en avait blessé plus de 6000 autres. 

Israël a toutefois ciblé des sites de missiles iraniens où Téhéran utilise des mélangeurs industriels pour produire du combustible solide.

Des images de l'explosion de samedi, diffusées sur les médias sociaux, ont montré une fumée rougeâtre s'élevant de l'incendie juste avant la détonation. Cela suggère qu'un composé chimique est impliqué dans l'explosion.

«Reculez, reculez ! Dites au camion-citerne de partir ! a crié un homme dans une vidéo juste avant l'explosion. Dites-lui de partir, ça va exploser ! Oh! Mon Dieu! Ça explose ! Tout le monde, évacuez ! Reculez ! Reculez !»

L'administration des douanes iraniennes avait imputé l'explosion à un «stock de marchandises dangereuses et de produits chimiques stockés dans la zone portuaire», selon l'agence de presse officielle IRNA.

Le port de Shahid Rajaee a déjà été une cible. Une cyberattaque attribuée à Israël avait visé le port en 2020. Elle était survenue après qu'Israël eut déclaré avoir déjoué une cyberattaque visant ses infrastructures hydrauliques, qu'il avait attribuée à l'Iran.

La télévision d'État a également rapporté l'effondrement d'un bâtiment causé par l'explosion, sans toutefois fournir d'autres détails dans l'immédiat.

Le ministère de l'Intérieur a indiqué avoir ouvert une enquête sur l'explosion. Le président iranien Massoud Pezeshkian a également présenté ses condoléances aux victimes.

Le port de Shahid Rajaee se trouve à environ 1050 kilomètres au sud-est de Téhéran, la capitale iranienne, sur le détroit d'Ormuz, l'étroite embouchure du golfe Persique par laquelle transite 20 % du pétrole échangé.