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Le premier ministre dit que «la loi doit être respectée».
Le premier ministre François Legault demande à la police de démanteler le campement propalestinien à l’Université McGill.
Le premier ministre a fait cette demande, jeudi, même si la Cour supérieure du Québec a rejeté la veille une demande d’injonction pour déplacer le campement érigé depuis samedi.
François Legault a dit que le campement était «illégal» et que «la loi doit être respectée».
Voyez le reportage d'Étienne Fortin-Gauthier sur ce sujet dans la vidéo.
Des étudiants de l'Université McGill rencontrés sur le site des manifestations le même jour de la sortie de M. Legault ont appuyé ses déclarations.
«Il est temps», a déclaré une étudiante à Noovo Info. Elle soutient Israël dans son conflit contre le Hamas. «Nous avons été patients, nous avons attendu toute la semaine pour que la police fasse quelque chose et que la police intervienne. C’est la chose à faire.»
Un autre étudiant a affirmé que les personnes présentes dans les campements «devraient pouvoir manifester, seulement pas ici».
EN COURS
— Étienne Fortin-Gauthier (@EtienneFG) May 2, 2024
À 12h30 #manifencours au campement McGill
Les deux groupes s’insultent, séparés par une clôture et un cordon policier.@NoovoInfo #polqc pic.twitter.com/1nZ1F5QOvP
En réagissant sur X, la mairesse de Montréal, Valérie Plante a expliqué qu'il y a une présence policière «pour faire respecter le principe» de la manifestation.
«Notre métropole valorise la paix, l’écoute et l’inclusion. À Montréal, il est possible de s’exprimer dans le respect des droits et des lois», a-t-elle dit.
Le droit de s’exprimer et de manifester est fondamental, mais il faut absolument préserver le caractère pacifique de Montréal. Le @SPVM est présent dans le secteur de l’Université McGill pour faire respecter ce principe.
— Valérie Plante (@Val_Plante) May 2, 2024
Notre métropole valorise la paix, l’écoute et…
Plus tard dans la journée, ayant pris connaissance de la déclaration du premier ministre, Mme Plante a ajouté que la «priorité de notre administration et du SPVM en ce moment est de protéger les droits fondamentaux de notre société».
La mairesse ajoute que «Montréal est une ville de paix et d’inclusion dotée d’un service de police expérimenté [...] Nous devons leur faire confiance».
NOUVEAU
— Étienne Fortin-Gauthier (@EtienneFG) May 2, 2024
Malaise évident à Montréal aux propos de @francoislegault qui exige démantèlement par le SPVM du campement McGill
Au bureau de la mairesse on dit vouloir éviter les débordements vus aux USA, respecter le droit de manifester et faire confiance au SPVM
👇#polmtl #polqc pic.twitter.com/9MGUblpa7u
Dans une déclaration écrite envoyée aux médias jeudi soir, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) dit avoir pris acte de la décision rendue par la juge Masse de rejeter la demande d’injonction de deux étudiants de McGill, «en raison de l’absence de démonstration d’une urgence».
«Le SPVM suivra de près les débats judiciaires entourant ce litige», poursuit la déclaration.
La police de Montréal dit demeurer à l’affût de l’évolution de la situation, «en maintenant la communication avec l’Université McGill et les manifestants». Le SPVM souligne que le rôle des policières et des policiers dans une telle situation est d’«assurer la paix, le bon ordre, la sécurité des personnes, et ce, dans le respect des droits et libertés».
Les ministres Pascale Déry (Enseignement supérieur) et François Bonnardel (Sécurité publique) n'ont pas voulu commenter la situation jeudi.
Selon la nouvelle co-porte-parole par intérim de Québec solidaire (QS), Christine Labrie, M. Legault est venu «jeter de l’huile sur le feu», en demandant que soit démantelé le campement de manifestants à l’Université McGill.
«Pour ce que je connais de cette situation, on a des gens qui manifestent pacifiquement, qui ont des revendications légitimes auprès de l’Université McGill. La décision de François Legault d’intervenir, je me l’explique très mal et ça risque d’envenimer les tensions», a-t-elle soutenu lors d’un point de presse, jeudi.
Alors que François Legault exige le démantèlement du campement, le député solidaire @HarounBouazzi lui est sur place pour l’appuyer.@NoovoInfo #campement #mcgill pic.twitter.com/9I83kWOlA7
— Étienne Fortin-Gauthier (@EtienneFG) May 2, 2024
Dans plusieurs endroits ici et aux États-Unis, des campements de manifestants demandent aux universités de cesser de faire des affaires avec Israël ou avec des entreprises qui, selon eux, soutiennent la guerre à Gaza.
L’Université McGill a demandé plus tôt cette semaine que la police intervienne pour que le campement soit démantelé. Les manifestants ne comptent pas obtempérer – du moins, pas selon une organisatrice du campement interrogée par Noovo Info.
«Nous avons tout essayé», a-t-elle déploré dans un entretien sur le campus. «Nous avons fait une grève de la faim depuis 70 jours. Nous avons donc dû monter ce campement permanent.»
Cette leader ajoute que «les gens ont leur droit à la libre d’expression». «Nous avons droit de protester autant que nous le voulons. Nous allons rester ici.»
Le professeur de droit à l'Université Laval Louis-Philippe Lampron a été surpris des déclarations du premier ministre Legault et croit qu'il aurait dû faire preuve de plus de réserve.
«La question de l'intervention des forces policières pour démanteler le campement dans un contexte où, jusqu'à preuve du contraire, il n'y a pas de risque sérieux pour la sécurité de qui que ce soit (...) Il y a un vrai enjeu de tension avec la liberté d'expression'» soutient-il en entrevue avec La Presse Canadienne.
«Que le premier ministre mette de la pression sur le SPVM en disant: "Enlevez-moi ça ce camp-là", c'est vraiment très particulier», ajoute le professeur.
Il rappelle que les universités sont des créatures hybrides. «Ce sont des entités privées pour la plupart, sauf les UQ, mais qui poursuivent une mission d'intérêt public. Cette nature hybride fait en sorte que le droit classique (...) ne peut pas s'appliquer à l'université de la même manière que dans d'autres institutions publiques ou privées», soutient-il.
Louis-Philippe Lampron ajoute que les «règlements de McGill doivent respecter la Charte québécoise qui protège le droit de manifester».
Ces campements se sont répandus sur les campus du pays dans le cadre d’un mouvement étudiant unique en son genre au cours de ce siècle. La répression policière qui s’en est suivie aux États-Unis a fait écho aux actions menées il y a plusieurs décennies contre un mouvement de protestation beaucoup plus important contre la guerre du Viêt Nam. Mais ici au Québec, si la tension monte, il n'y a toujours pas d'intervention policière
Avec de l'information d'Evelyne Alix-Fontaine et d'Émile Berube-Lupien pour Noovo Info, ainsi que de La Presse canadienne