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«Personne n’a le droit d’installer un campement sur la propriété de l’Université».
Le président de l’Université McGill a dit que le campement pro-palestinien «doit être démantelé rapidement», qualifiant la fin de celui-ci de «non-négociable».
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News
Dans une lettre adressée à la communauté mcgilloise, Deep Saini explique qu’il soutient le droit des membres de la communauté mcgilloise de protester et d’exprimer leurs opinions par des moyens légaux, mais que «personne, et encore moins des individus extérieurs à McGill, n’a le droit d’installer un campement sur la propriété de l’Université».
Sa lettre survient quelques heures après qu’un juge ait rejeté la demande d’injonction de deux étudiants de l’Université McGill visant à limiter les déplacements des manifestants sur le campus. Les plaignants qui demandaient l’injonction avaient fait valoir que le campement pro-palestinien sur le terrain inférieur de l’école créait un «environnement dangereux, hostile, agressif et violent».
Toutefois, dans sa décision, la juge Chantal Masse a écrit que deux étudiants n’avaient pas démontré que leur accès à l’école était bloqué ou qu’ils seraient incapables de passer leurs examens finaux. La juge a également pris en compte les déclarations des manifestants qui ont fait valoir qu’une telle ordonnance aurait un «effet paralysant» sur leur droit à la liberté d’expression.
«Le tribunal est d’avis que la balance des inconvénients penche du côté des manifestants, dont la liberté d’expression et de réunion pacifique serait sérieusement affectée», a-t-elle écrit. La preuve du préjudice subi par les étudiants, en revanche, est «plutôt limitée, relevant davantage d’inquiétudes subjectives et d’inconfort que d’inquiétudes précises et sérieuses pour leur sécurité».
Après la publication de la décision, M. Saini a soutenu dans sa lettre qu’il avait également proposé d’organiser un «forum» pour discuter des demandes des manifestants «si les membres de la communauté mcgilloise présents dans le campement quittaient définitivement le campement immédiatement».
Pendant ce temps, des groupes juifs prévoient de lancer une contre-manifestation jeudi à McGill.
Une affiche diffusée sur les médias sociaux appelle les gens à «exiger que l’Université McGill applique ses politiques et à s’opposer à la haine des juifs sur le campus. Plus jamais, c’est maintenant».
La contre-manifestation doit commencer à 12 h 30 près des portes Roddick, à quelques mètres du campement.
«La police a informé la sécurité de McGill que le SPVM a reçu de l'information à propos d'une manifestation qui se dirigeait vers notre campus au centre-ville. La police a mobilisé des agents et a parlé à des personnes dans le campement et dans la manifestation», peut-on lire dans une note envoyé au personnel de l'université.
Les plaignants avaient demandé l’arrêt immédiat des manifestations à moins de 100 mètres de tout bâtiment de l’Université McGill afin de garantir l’accès des étudiants aux installations.
«Il y a des valeurs canadiennes, il y a des valeurs québécoises, mais ce ne sont pas des valeurs de haine, ce ne sont pas des valeurs d’intimidation, ce ne sont pas des valeurs de harcèlement», a spécifié mardi l’avocat des plaignants, Neil Oberman. «Aucun Canadien, aucun Québécois ne tolérera ou n’acceptera cela, et la Cour ne devrait pas le faire non plus.»
La juge Masse a toutefois estimé que certaines déclarations et certains slogans utilisés sur le campus ne constituaient pas une menace directe à l’encontre des plaignants, bien qu’elle ait invité les manifestants à envisager d’utiliser un langage différent.
«Il est prématuré, à ce stade, de conclure que la situation ne sera pas résolue de manière adéquate et non violente avec l’intervention progressive de la police, qu’une ordonnance du tribunal n’encouragerait pas nécessairement», peut-on lire dans le jugement de la juge Chantal Masse.
Dans une note, l’Université McGill a réitéré qu’elle n’avait pas demandé l’injonction, mais qu’elle avait été nommée en tant que partie intéressée.
«Nous sommes encouragés par la conclusion du juge selon laquelle les manifestants occupent illégalement les lieux en y campant. Cependant, il faut souligner que l’Université McGill, contrairement aux prétentions des demandeurs, a été proactive, a appliqué le processus qu’elle avait établi, a tenté de négocier une entente pour un démantèlement progressif avec le respect de certaines conditions, a donné des avertissements en l’absence d’entente et, finalement, a demandé l’assistance de la police en dernier recours, afin de mettre un terme à cette situation».
La police de Montréal a précisé qu’elle examinait la décision du juge. Un porte-parole a écrit dans un courriel envoyé mercredi à CTV News : «nous continuons d’évaluer les possibilités d’action tout en préconisant une issue pacifique.»
Un avocat de la Société des étudiants de l’Université McGill (SSMU) a soutenu devant le tribunal que le fait de bloquer la liberté d’expression dans une zone aussi vaste du centre-ville de Montréal était répréhensible.
«C’est abusif parce que ce que l’on demande essentiellement, c’est de bloquer une grande partie du centre-ville à toutes les manifestations, qu’elles soient pacifiques ou de quelque nature que ce soit», a souligné Sibel Ataogul, l’avocate représentant la SSMU. «Pour nous, il s’agit d’une violation flagrante des libertés fondamentales dont nous jouissons au Canada, au Québec et à Montréal.»
Des manifestants ont commencé à camper sur le terrain de l’école le week-end dernier pour exiger que l’université se désengage des fonds qui, selon eux, sont liés à Israël.
Ils disent vouloir que McGill se désengage des entreprises israéliennes qu’ils considèrent comme «complices de l’occupation de la Palestine».
Ils souhaitent également que l’école coupe ses liens académiques avec les institutions israéliennes et dénonce l’offensive israélienne à Gaza suite à l’attaque du Hamas du 7 octobre.
«Nous voulons nous assurer que nos demandes sont satisfaites afin d’être prêts à partir lorsqu’ils nous prendront au sérieux et nous traiteront comme des égaux et pas seulement comme de simples étudiants qui agissent bêtement», a avancé un manifestant qui n’a pas souhaité être identifié.
L’offensive israélienne a fait plus de 34 000 morts palestiniens, selon le ministère de la santé local.
Le campement de Montréal fait partie d’une vague de manifestations similaires sur les campus universitaires des États-Unis, liées à la guerre entre Israël et le Hamas.
Avec des informations de la Presse canadienne