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Bref, un bon coup des oppositions pour faire dérailler le plan de match du gouvernement dès la première semaine.
Cette semaine, le gouvernement avait pour objectif de revenir sur les enjeux «importants pour le citoyen»: l’éducation, la santé, l’économie, l’environnement et la protection de l’identité québécoise. Malheureusement pour le gouvernement, c’était sans compter sur l’opposition qui a surfé sur les enjeux de financement privé à la CAQ.
Des courriels de l’Assemblée nationale utilisés, des ministres accessibles lors de cocktails et des élus municipaux qui ressentent de la «pression». Il n’en fallait pas plus aux oppositions pour ramener les fantômes de la Commission Charbonneau et accuser le gouvernement de monnayer l’accès aux ministres.
Bref, un bon coup des oppositions pour faire dérailler le plan de match du gouvernement dès la première semaine.
C’est la première question que je me suis posée et je suis donc allé voir le rapport annuel sur le financement politique «Bilan et perspective 2022» préparé par le Directeur général des élections.
À la lecture de celui-ci, on remarque que le financement privé représente une très faible partie du financement de la Coalition avenir Québec en 2022, soit environ 11%. Ceci le place avant-dernier en financement par contributions privées, tout juste devant les libéraux qui, eux, sont à 8% de leur budget total. Devant la CAQ, les dons privés représentent 15% du financement total chez QS, 22% au PCQ et finalement 28% au Parti québécois, champion incontesté des contributions privées. Tout cela pour la même année.
Il est important de rappeler que le financement privé est légal et que, même si on peut en améliorer les balises, l’abolir serait de nous priver, comme citoyen, d’un droit de participer à la démocratie. De plus, l’abolition viendrait priver des partis moins représentés lors des élections de dons précieux pour leur positionnement public. Posez la question à Éric Duhaime qui a été porté par une vague importante de contributions privées dans sa montée en puissance en 2022 ou au Parti québécois dont les dons reflètent la montée en puissance que nous montrent les sondages.
Maintenant, même si c’est légal, la gestion de la perception publique doit être améliorée par le parti gouvernemental. Que ce soit à l’opposition ou au gouvernement, l’accès aux élus est de plus en plus difficile. Pour les ministres, le lien est d’autant plus difficile que leurs responsabilités ministérielles s’ajoutent à celles de député. Les rencontres avec le ministre sont donc rares et les refus s’accumulent pour de nombreux élus municipaux, entrepreneurs ou autres influenceurs sociaux ou économiques qui désirent faire leurs représentations sur un sujet d’intérêt.
Il est donc évident que lorsqu’un élu au pouvoir facilite l’accès aux ministres en les invitant à un cocktail de financement, il s’expose à la perception de «monnayer pour accéder».
La solution est simple et elle a été proposée par Paul Saint-Pierre Plamondon, c’est d’interdire aux ministres d’organiser ou de participer à des événements de financement partisan. De cette façon, on évite les perceptions négatives et on protège les élus bien intentionnés.
Le premier ministre avait demandé à ses troupes d’être plus «disciplinés» en 2024. Comme nous en avons discuté sur les ondes de Noovo avec les Débatteurs, mardi, c’est loin d’être une tâche facile, car, comme on l’a vu avec son «Sh*t !» lors de son point de presse de jeudi, les émotions sont très mauvaises conseillères et provoquent souvent des dérapages. Les distractions ne peuvent plus prendre toute la place pour le gouvernement et le premier ministre le sait très bien.
C’est pour cela qu’il a pris la décision catégorique d’abolir le financement privé dans son parti. Ainsi, il se défait de tout doute sur l’intégrité de son équipe, libère ses élus de cette tâche qui est rarement plaisante et diminue le risque réputationnel.
10% de son financement, c’était le prix à payer par la CAQ pour recommencer à parler de santé, d’économie et d’éducation.
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