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Une chose est claire: ils ont gagné, mais s’ils rejettent l’entente, l’école publique et ses élèves vont perdre.
On apprenait au cours des derniers jours que plusieurs syndicats affiliés à la FAE recommandaient le rejet de l’entente de principe survenue avec le gouvernement durant la période des Fêtes.
Comme parent, je suis sûr que je ne suis pas le seul à avoir eu un moment de panique en imaginant un retour à une nouvelle grève pour des enfants qui ont eu à subir cinq semaines d’arrêt à l’automne dernier. Il n’en sera rien et il n’y aura probablement pas de nouvelle grève même si l’entente de principe est rejetée.
Une fois cette panique passée, il reste que c’est surprenant et inquiétant de voir que le syndicat des enseignants qui a déclenché une longue grève générale illimitée semble avoir autant de difficultés à faire accepter l’entente de principe qu’il a eu avec le gouvernement alors que, de leur côté, les syndiqués du Front commun, semblent avoir beaucoup plus de facilité à accepter l’offre.
Pourquoi cette différence? Malheureusement, il me semble que le discours utilisé pour mobiliser les syndiquées et les syndiqués de la FAE a faussé la perception de ce qu’ils pouvaient obtenir.
Les syndiqués de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) se sont donnés une mission tout aussi noble que compliquée lors de cette négociation: sauver l’école publique!!
En terme de message, ce fut très rassembleur et très mobilisateur. Autant les parents que les professionnels du milieu, que le public en général ont embarqués dans cette ambitieuse volonté d’améliorer considérablement notre système. L’appui du public aux syndiqués en est un exemple frappant.
Cependant, au-delà de la noblesse du discours, on peut se demander si la négociation d’une convention collective est le bon moyen pour sauver une école publique qui souffre d’un manque de ressources, de main-d’œuvre et de moyens depuis trop longtemps.
Sauver l’école publique, c’est le résultat d’un ensemble d’initiatives sur le long terme et de choix politiques courageux pendant une longue période. La convention collective est l'un des ingrédients, mais pas la baguette magique.
Les plus pragmatiques sont sûrement satisfaits que la négociation ait permis de faire des gains qui permettront d’attirer plus de gens à la profession. Cependant, pour plusieurs de ceux qui ont mis leur cœur, leur salaire, leur confort et leur stabilité en jeu durant les cinq semaines de grève, cette victoire est insuffisante et laisse un goût très amer.
Il faut les comprendre. Ils ont adopté une stratégie extrême avec 22 jours de grève et ont obtenu des résultats semblables à ceux qui en ont fait 11 et ils n’ont pas obtenu la révision immédiate de la composition des classes qu’ils avaient identifiée comme essentielle à tout règlement. On aurait tous le goût de refuser.
J’ai collaboré avec quelques dirigeants syndicaux, notamment dans des périodes de négociation. L’un d’entre eux m’a déjà dit: «C’est facile de dire oui aux membres et de se faire aimer. Le courage, c’est d’aller leur expliquer pourquoi on ne peut pas faire quelque chose et de les convaincre quand ils sont mécontents.» Voilà ce que doivent faire maintenant les dirigeants de la FAE.
En tout respect pour les plus militants, ils doivent expliquer pourquoi et comment ils ont obtenu le maximum qu’ils pouvaient espérer de cette négociation. Ils doivent aussi reconnaître les erreurs qu’ils ont pu faire et les limites de leur action tout en étant reconnaissants envers les membres pour leur mobilisation sans précédent.
Quand des gens ont tout donné dans le but de sauver leur profession, de sauver leurs élèves et de sauver l’école publique, on ne doit pas les blâmer quand ils veulent continuer à se battre. Mais on doit leur expliquer que, quelques fois, les discours qui les ont galvanisés leur ont peut-être donné une fausse impression de ce que c’était de gagner. Parce qu’une chose est claire: ils ont gagné, mais s’ils rejettent l’entente, l’école publique et ses élèves vont perdre.