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«Tout le monde s’exclamait haut et fort que la grève avait été votée à la majorité, je questionnais d’emblée: quelle majorité?»
Quand la minorité bruyante l’emporte sur la majorité silencieuse, et pire, quand il s’agit du milieu de l’éducation, ce n’est jamais à la hauteur de ce que les enseignants, les parents et encore moins les élèves méritent.
Durant la pandémie, j’annonçais souvent un mois avant ce qui était dit en conférence de presse par nos élus, ce qui se passerait dans le milieu de l’éducation ainsi que les impacts qui y seraient reliés.
J’aurais aimé avoir tort à chaque fois, mais ce ne fut pas le cas. La même chose s’est produite durant cette grève illimitée qui encore une fois a causé et causera plus de victimes que d’exaucés et de servis.
La majorité de la minorité qui fait du bruit par opposition au calme plat de la majorité silencieuse.
Dès le départ, lorsque tout le monde s’exclamait haut et fort que la grève avait été votée à la majorité, je questionnais d’emblée: quelle majorité? Paraît-il qu’environ 6% seulement des enseignants auraient été voter. Si sur cent personnes, six personnes votent la même chose et que 94 personnes ne votent pas, il y aura majorité de votes, mais la vraie majorité aura décidé de se taire et de s’abstenir. Il y a une raison.
J’exprimais d’emblée qu’une majorité d’enseignants n’avaient pas voté. Une majorité trop souvent silencieuse, bien que solidaire et malhabile par la suite. Se déplacer et voter afin d’exprimer ses convictions est une action bien différente, que d’attendre que la parade passe en se disant par la suite qu’on ira avec la masse.
Et si par la suite, la masse, qu’on croit être «vraiment» la masse, opte pour des actions qui ne sont pas exactement le reflet de ce que nous aurions voulu différemment? On embarque donc dans la parade en toute solidarité, en se disant qu’après tout, la «supposée» majorité de nos collègues voulaient cela, alors on suit. Trop tard pour nuancer ou modifier nos pensées et encore moins nos discours!
Est-ce le vrai pouls de la VRAIE majorité? Y a-t-il plus de «suiveux» que de «voteux»? Si c’est le cas, ce n’est certainement pas comme cela que des changements majeurs auront lieu dans une société. Si la minorité est bruyante et que la majorité est silencieuse et suiveuse, tout en ne s’impliquant pas dans le processus de décision, la minorité a le vent dans les voiles et les syndicats n’ont pas fini d’en mener large. Tellement plus facile d’influencer et de briller parmi les suiveux.
Ne vous méprenez pas en croyant que je suis contre les revendications exprimées. Toutefois, comme plusieurs, j’y serais allée autrement et certainement avec plus de cohérence et de lucidité. Revendiquer c’est une chose, obtenir nos revendications c’en est une autre et être en mesure de faire réaliser ces revendications (si atteintes) est de l’ordre d’un autre monde, surtout dans celui du merveilleux monde de l’éducation.
À l’aube d’une signature des accords. Que restera-t-il de cette tempête dans notre verre d’eau?
Ma boule de cristal de l’éducation vous l’annonce : ce tsunami, avec dommages évidents vécus par les enseignants non rémunérés et aussi vécus par certaines familles québécoises qui ont vu leurs enfants dépourvus d’apprentissages et de contacts durant plusieurs jours voire semaines, aura été en fait une tempête d’ego syndicaux sans atteinte véritable des revendications espérées.
Le seul point tangible sera l’augmentation de salaire (dernière revendication en importance).
Peut-être quelques améliorations de conditions sur papier, mais sur le terrain ce sera le néant. Retenez bien ces écrits qui j’espère seront démentis par le futur, bien que j’en doute énormément. Pourtant je suis une personne de nature positive.
Trop d’enseignants se sentent lésés et non satisfaits de ce que cette fin de grève semble leur apporter.
Il en résultera donc qu’il n’y aura pas plus d’étudiants qui s’inscriront en enseignement. Les universités maintiendront certains programmes en éducation fermés. Ceux en place depuis quelques années vont continuer de quitter le milieu après seulement quelques années d’enseignement. Les plus anciens vont continuer de déserter la profession et continueront d’opter pour la retraite avant terme malgré les pénalités.
Il y aura toujours plus d’élèves en difficultés qui peineront à réussir, puisqu’ils auront du mal à obtenir les services adéquats par des personnes qualifiées. Il y aura de plus en plus de titulaires non légalement qualifiés qui eux aussi finiront par quitter. Tout le monde fera de son mieux, et ce sont les enseignants qui en feront encore plus.
Bref, ce sera du pareil au même, car l’enjeu principal n’aura pas été réglé, puisque l’éducation ne fera toujours pas partie de nos véritables priorités.
Peu importe le salaire et les conditions, si le respect de la profession n’y est pas, tout enseignant(e) quittera.
En espérant qu’un jour, la majorité silencieuse fera plus de bruit.