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«C’est une autre forme de pauvreté qui n’est pas matérielle, mais humaine.»
Quand on parle de Montréal-Nord dans les médias, malheureusement, trop rares sont les fois où les nouvelles sont positives. Pour plusieurs, Montréal-Nord est synonyme de pauvreté, de violence ou de racisme. Pour moi, qui y ai habité pendant plus d’une dizaine d’années, cette communauté est plutôt un symbole de résilience, de solidarité et de résistance.
Au milieu de ces gens de tous horizons et de tous les âges, un réseau d’entraide et de solidarité est en place depuis de nombreuses années et accompagne les citoyennes et les citoyens à relever les défis de la vie. Parmi les membres de ce réseau, un organisme en alimentation nourrit depuis près de 23 ans, les personnes âgées, les enfants et les familles Montréal-Nord: les Fourchettes de l’espoir.
C’est d’ailleurs à cet endroit que je me suis retrouvé le 24 décembre dernier avec ma famille afin de contribuer à une des nombreuses initiatives que la fondatrice de l’Organisme a mis en place pour aider les gens de l’arrondissement. Avant la pandémie, son équipe et elle organisaient, le 24 décembre, un souper dans son local du boulevard Rolland avec 50 à 70 personnes qui étaient seules pour Noël. Cette activité fonctionnait bien malgré les défis importants sur le plan de la logistique ou de la disponibilité de personnel.
Cependant, la pandémie est venue changer les habitudes et en 2020, il était impossible d’organiser un souper avec des dizaines de personnes regroupées dans un petit local. Les laisser seules n’était pas une option et c’est là qu’elle a décidé de leur amener un repas traditionnel, des gâteries et des cadeaux directement chez eux. Le succès fut instantané. En 2020, l’équipe, aidée de bénévoles, en a distribué 60 et cette année, ils sont rendus à 137.
Notre liste comportait sept arrêts. Mes enfants, avec leurs chapeaux de Noël, apportaient les cadeaux, ma conjointe expliquait aux gens ce qu’il y avait dans leurs paquets et moi, j’assurais le transport en essayant de garder un rythme qui nous permette de prendre notre temps avec chacune de ces personnes.
C’était la première fois que je le faisais avec ma conjointe et les enfants et je suis sûr que c’est le début d’une longue tradition. Un moment qui nous permet de nous rendre et de nous sentir utiles. C’est aussi une occasion d’apprendre à nos enfants, par l’exemple, qu’il faut savoir donner plus que recevoir, mais surtout que le plus beau des cadeaux c’est d’être accompagné de gens que l’on aime.
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Alors que les bénévoles étaient réunis pour préparer le départ de la distribution, la directrice de l’organisme a souhaité la bienvenue aux gens et a dit une phrase qui m’a marquée. «Tous les jours, nous nous attaquons à la pauvreté en donnant à ceux qui en ont le moins. Tous les jours, sauf aujourd’hui. Aujourd’hui, on s’attaque à la solitude. C’est une autre forme de pauvreté qui n’est pas matérielle, mais humaine.»
Dans les textes que j’ai le privilège de partager avec vous, je vous parle souvent de communications, de l’importance d’avoir le bon ton et des valeurs de transparence ou d’empathie qui sont essentiels pour se comprendre.
Bien entendu, c’est mon métier, ma passion et ce que j’essaie de transmettre à mes clients, mais ça va plus loin que ça. C’est aussi une façon de contribuer à un monde meilleur, à moins de solitude, à moins de méchanceté et à plus d’humanité.
Cette façon de contribuer, elle m’a été apprise par des parents extraordinaires qui me l’ont montrée par l’exemple.
Mon père qui, à 75 ans, travaille encore dans les cuisines d’un CHSLD.
Et ma mère, qui est la fondatrice de l’organisme les Fourchettes de l’Espoir à Montréal-Nord en plus d’en être la directrice, et qui sert avec générosité des repas à des gens dans le besoin et à des gens seuls depuis 23 ans en 2024.
À eux, à vous et à tous vos proches, je vous souhaite une année 2024 en santé, remplie de joie, de bonheur et surtout entourée de ceux que vous aimez.
Au plaisir de vous retrouver l’an prochain!
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