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L’Autorité des marchés publics ordonne à la société d’État de suspendre pour 30 jours les contrats liés à SAAQclic.
En raison de l’absence de mesure d’atténuation concernant les dépenses de fonds publics de la SAAQ dans le développement de son projet SAAQclic, l’Autorité des marchés publics (AMP) ordonne au PDG de la société d’État de suspendre pour 30 jours les contrats liés à ce dernier.
«Les constats préoccupants que contient ce rapport [de la vérificatrice générale] n’ont pas non plus provoqué de changements significatifs dans les façons de faire de la société d’État, laissant présager que la SAAQ poursuit sa gestion contractuelle de manière identique», indique l'AMP dans son ordonnance rendue publique jeudi.
Des entrevues réalisées par l'AMP au cours des derniers mois ont motivé l'instance indépendante à aller de l'avant avec sa décision.
Outre l'arrêt d'offre de contrats, on exige de la SAAQ de suspendre «tous les mandats qu’elle a octroyés pour l’obtention de services professionnels, de même que ceux à venir» concernant SAAQclic.
L’application de suivis «adéquats» et l’instauration de «mesures de surveillance» font également partie de l’ordonnance afin que l’on s’assure de la conformité de l’exécution de SAAQclic ainsi que les dépenses de fonds publics connexes au projet.
Finalement, on ordonne que la SAAQ fournisse, et ce sans délai, «un plan d’action identifiant les mesures prises pour donner suite à ces ordonnances et les échéances prévues pour leur mise en œuvre.»
Le leader parlementaire du Parti libéral, Monsef Derraji, a aussitôt réclamé la démission de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, qui a «abdiqué son rôle», selon lui.
«Mme Guilbault sert à quoi? Elle a fait quoi pour rassurer la population et arrêter cette hémorragie?» a-t-il demandé en impromptu de presse, quelques minutes après que l'ordre de l'AMP est tombé.
«À ce stade-ci, on prend acte de la décision de l'AMP», a brièvement commenté jeudi la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel. Elle a rappelé que c'est elle qui avait demandé à l'AMP d'enquêter. «Nous voulons des réponses», a-t-elle assuré.
M. Ducharme a également déclaré par communiqué «prendre acte» de l'ordonnance. «Concernant cette décision, la Société poursuit ses échanges avec l'AMP et elle s'assure que celle-ci n'affectera pas ses services à la clientèle», a-t-il écrit.
De passage en Montérégie pour une annonce en agroalimentaire, le premier ministre François Legault n'a pas mentionné sa ministre Guilbault, mais a défendu le PDG Ducharme, tout en disant vouloir aller «au fond des choses».
«On est ouvert à tout ce qui va être proposé par les gens qui vont examiner ça», a-t-il dit.
La veille, lors de la période des questions, M. Legault avait mis en doute le calcul de la VG, qui évalue que le coût du virage numérique raté de la SAAQ dépassera 1,1 milliard $ cette année.
Il a plaidé qu'on n'avait «aucune preuve de ça», ajoutant qu'il fallait faire comme M. Ducharme et calculer séparément «le coût du programme» et «le coût de l'entretien».
Le député péquiste des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, s'est étonné jeudi que le premier ministre conteste la véracité des informations contenues dans le rapport de la VG. Il a accusé le premier ministre de vouloir «réinventer la réalité».
«Il y a un glissement dangereux vers ce qu'on appelle les faits alternatifs, a-t-il lancé. C'est comme si on revenait à la case départ. Y a-t-il véritablement eu un scandale avec SAAQclic? Y a-t-il un fiasco? Quels sont les chiffres? Est-ce qu'on peut valider ça?»
«Donc, on a là un retour en arrière majeur sur ce qui repose pourtant sur des données fiables et vérifiées. Ce qu'on veut, c'est en savoir davantage, pas nier les faits qu'on a déjà devant nous. C'est quand même aberrant», a-t-il ajouté.
Le chef libéral par intérim, Marc Tanguay, a comparé le premier ministre à «un chevreuil sur la 20», incapable de chiffrer le fiasco à la SAAQ.
Le gouvernement Legault a mis sur pied une commission d'enquête publique pour faire toute la lumière dans le dossier SAAQclic. La commission dirigée par le juge Denis Gallant doit remettre son rapport au plus tard le 30 septembre 2025.
Or, depuis quelques jours, les partis d'opposition dénoncent les «liens d'amitié» qui émergent entre le gouvernement Legault et la commission Gallant, et réclament à tout le moins la récusation de Denis Gallant.
Ils déplorent par ailleurs que le gouvernement ait voté cette semaine pour empêcher la Commission de l'Assemblée nationale (CAN) d'enquêter sur l'outrage au Parlement qui aurait été perpétré par la SAAQ.
La présidente de l'Assemblée nationale, Nathalie Roy, a pourtant donné son feu vert pour que la CAN enquête sur la SAAQ, qui aurait induit les députés en erreur concernant l'état d'avancement de son projet SAAQclic.
Mercredi, M. Legault a déclaré qu'il pourrait permettre une enquête de la CAN s'il n'est pas «satisfait» de l'enquête Gallant.