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Politique
Chronique |

Pierre Poilievre: mini-Trump

Précisions ainsi d’emblée: non, Pierre Poilievre n’est pas Trump.

Tout ce qui est exagéré est insignifiant, disait jadis le prince De Talleyrand. Précisions ainsi d’emblée: non, Pierre Poilievre n’est pas Trump. Parce que toute copie canadienne se veut, traditionnellement, plus édulcorée que l’original américain.

Vous connaissez l’histoire du Yankee débarquant dans un ascenseur en bousculant l’un et l’autre, et en marchant sur les pieds de chacun? Non? Alors voilà: comment reconnaître le Canadien, dans le groupe ? Facile : c’est celui qui présentera ses excuses.

Le Canada, donc, comme pays mesuré, timoré, parfois beige. Et ceci vaut, bien souvent, pour ses politiciens.

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Reste que si Pierre Poilievre ne puisse être considéré comme la copie carbone (sans jeu de mots) de Donald, son style lui, repose pour l’essence, sur le livre de recettes composées par le gourou.

Quiconque a pu observer Poilievre depuis son arrivée à Ottawa saura le confirmer. Surnommé « Skippy! » pour sa propension à sauter en Chambre en se portant à la défense du gouvernement Harper, le chef conservateur s’est construit une réputation de champion du slogan (creux), de l’attaque personnelle et du mensonge fréquent.

Sa principale politique ? Celle de la claque sur la gueule, frime en filigrane.

Parlez-en à Justin, accusé par le chef conservateur de tous les maux, dont le pire : être responsable de la « Justinflation » et de la hausse fulgurante du prix des hot-dogs. Comme si un enjeu de macro-économie infligeant l’ensemble de l’Occident pouvait être, sérieusement, imputable à un seul.

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Autre affaire qui, elle aussi, passera possiblement aux annales de la politique canadienne : l’obsession de Poilievre pour la taxe carbone. Bien que reconnue par la communauté scientifique comme mesure nécessaire, sinon impérative, PP fera de son abrogation un vrai mantra : AXE THE TAX!

Autrement, dixit le chef conservateur, une crise économique terrible tombera sur la tête canadienne, et les aînés seront incapables de chauffer leur résidence à plus de 13 degrés. Pour quand, déjà, une telle apocalypse ? À l’hiver 2025. On attend toujours.

Rebelote, côté bullshit digne de mention : celle où le leader bleu explique à ses ouailles partisanes, dans diverses assemblées quelconques, que « l’électricité est produite à partir des éclairs ». S’adresser au plus bas dénominateur commun, nommément les nonos, afin de faire le plein de votes faciles. Fait penser à quelqu’un.

Et le programme de Pierre, à part ça ? Tout simple : suffit de ramener au pouvoir l’ineffable « GROS BON SENS », idéal afin de régler ipso facto l’ensemble des enjeux et problématiques actuels. Bonne chance, le GROS. T’en auras besoin.

Rappelons aussi, en guise de similitude avec les postures trumpistes, l’approche PP quant aux droits fondamentaux. À une époque où il promet l’invocation de la disposition dérogatoire dès que « nécessaire », soulignons qu’une quarantaine de ses députés se sont assez récemment montrés en faveur de l’interdiction partielle ou complète de l’avortement. Dérogatoire à l’appui, disons que la tentation sera forte.

On pensera aussi à cette association peu subtile avec le convoi des camionneurs, instrumentalisé par Poilievre. S’accoquiner, en bref, à la crème de la crème. Celle du complotisme nec plus ultra, du rejet des institutions et des gros bras des Proud Boys, milice trumpiste par excellence. On se souviendra d’ailleurs du refus GoFundMe de transférer les fonds amassés pour ledit convoi, invoquant le caractère louche du fric obtenu.

Parlant de louche : que penser d’un Poilievre refusant d’obtenir sa cote de sécurité « très secrète », tel que pourtant suggéré par la récente Commission Hogue sur l’ingérence étrangère ? En ces ères de déstabilisation des démocraties occidentales, rien de plus normal et impératif, non ? À moins, bien entendu, d’avoir un truc (ou deux à cacher). Comme le veut l’adage : il n’y a aucun meilleur désinfectant que le soleil.

Ajoutons à ce qui précède la sortie de la première ministre albertaine Danielle Smith, implorant l’administration Trump de mettre sur pause ses tarifs afin « de faire élire Poilievre », admettant au passage les similarités de son programme et celui de Donald.

La petite dernière, enfin : celle où PP, après des années à casser du sucre sur les médias traditionnels, refuse maintenant l’accès à ces derniers à même son autobus de campagne. Une première dans l’histoire.

Morale de celle-ci? Que si une distance toute canadienne distingue encore le leader conservateur de Trump, il est loisible de saisir l’ampleur de l’influence de ce dernier sur son style et posture.

À l’électorat de déterminer si, et dans quelle mesure, de la suite des choses.

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