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Chronique |

Fragile avantage pour Carney

Mais attention, rien n’est gagné pour le chef libéral.

Sur la ligne de départ, c’est Mark Carney qui possède, pour l’instant, l’avantage. Le chef libéral réussit à apparaître comme un premier ministre sérieux, responsable et prêt à traverser la tempête. Pierre Poilievre, qui avait devant lui une autoroute vers un gouvernement conservateur majoritaire il y a quelques semaines à peine, a vu son avance fondre comme neige au soleil.

Mais attention, rien n’est gagné pour Mark Carney. Les deux aspirants premiers ministres ont chacun des avantages et des faiblesses. Tour de piste!

 

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Le mystère Carney

Le Parti libéral du Canada a rattrapé et même légèrement dépassé le Parti conservateur à la tête de sondages, à la suite d’une séquence d’événements que personne n’avait prédits en 2024.

Mark Carney est avantagé par la nouvelle question de l’urne « Qui est le meilleur pour faire face à Trump ». Dans les derniers sondages, il obtenait 40 % de la faveur des électeurs sur cette question, alors que Pierre Poilievre obtenait autour de 26 %.

Du point de vue des candidatures, le PLC n’a pas fait le plein de vedettes, mais des noms comme Carlos Leitao, Evan Salomon et Nathalie Provost démontrent que le parti arrive à attirer de nouveaux visages, en plus des ministres déjà très connus comme François-Philippe Champagne.

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Maintenant du côté des faiblesses. Nous connaissons bien peu de choses de la vision et des positions de Mark Carney. Souvent décrit comme un « mirage », la campagne électorale pourrait provoquer quelques surprises, notamment sur des sujets d’importance comme l’immigration. Et au-delà de son niveau de français, Mark Carney ne semble pas avoir de sensibilité ou de connaissance pour le Québec et ses enjeux spécifiques.

Dernière démonstration : le parti a lancé une publicité en fin de semaine sur le thème du hockey avec l’acteur Mike Myers. Cette pub en anglais n’a rien s’adressant à un public québécois. Le chef libéral fait passer un questionnaire à Mike Myers pour savoir s’il est toujours canadien malgré qu’il vive aux États-Unis. Parmi ses questions, rien concernant le Québec, même pas un petit cliché sur la poutine ou le château Frontenac. Sweet nothing.

Rappelons aussi que Mark Carney a sorti un grand nombre de ministres québécois de son « conseil de guerre » et qu’il a omis de nommer un ministre responsable des langues officielles…

Au moment d’écrire ces lignes, le PLC n’avait pas encore répondu à l’invitation au face-à-face de TVA, pour lequel les partis sont priés de débourser 75 000 $ chacun. Décliner ce débat en français pourrait laisser croire à un manque d’intérêt pour le Québec.

Poilievre, le bagarreur

Les coffres conservateurs sont bien remplis, ayant amassé plus de 42 M$ en 2024. Pierre Poilievre est un chef expérimenté, un débatteur aguerri aux lignes de communication assassines.

Mais, car il y a un mais! Gageons qu’il préférait avoir un Justin Trudeau en face de lui plutôt qu’un Carney qui fait beaucoup plus sérieux. Devant revoir ses slogans dans un court laps de temps, et devant prouver qu’il n’a pas d’affinités particulières avec Donald Trump, il s’est soudainement retrouvé sur la défensive.

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Mark Carney est moins gaugauche que son prédécesseur et reprend même des propositions du PCC. Tout à coup, Poilievre semble ne plus avoir le monopole du « gros bon sens ».

Autre point d’interrogation : avec les candidatures actuelles, il n’est pas évident pour les électeurs de comprendre qui composera son conseil des ministres. Nous verrons qui Poilievre mettra de l’avant durant la campagne, mais c’est important de savoir mettre en lumière une équipe forte.

En plus d’un français supérieur à son adversaire, il entretient un intérêt qui semble sincère envers le Québec. Il a lancé une campagne publicitaire spécifique au public québécois, et il est venu au Québec 13 fois en un an. Bien que l’on souligne souvent une relation tumultueuse avec les médias, il a donné de nombreuses entrevues en français dans tous les médias québécois majeurs, dont Radio-Canada, 98.5, FM93, LCN et bien d’autres, pendant que Mark Carney lui, se fait rare…

La troisième voie bloquiste

Yves-François Blanchet n’aspire pas à devenir le premier ministre du Canada, mais plutôt, en attendant le grand soir, à assurer que les intérêts du Québec soient pris en considération par le prochain premier ministre.

Dans un contexte de patriotisme canadien exacerbé, les enjeux québécois sont soudainement oubliés, noyés dans ceux du Canada. Mais les tensions de la fédération canadienne n’ont pas disparu comme par magie à la suite des menaces d’annexions de Donald Trump. Il y a là une opportunité pour le Bloc.

Yves-François Blanchet va tenter de vous convaincre qu’on ne peut pas donner de chèque en blanc ni à Carney, qui se fiche visiblement du Québec, ni à Pierre Poilievre, qui veut construire des pipelines (je caricature). Pour y arriver, il devra éviter de tenir le vote des Québécois pour acquis et démontrer avec dynamisme l’utilité du Bloc Québécois.

Pas facile pour le NPD

Le NPD lui, est à moins de 10 % dans les intentions de vote… Bien que Jagmeet Singh soit un chef expérimenté, et que le virage à droite de Carney pourrait constituer une occasion d’aller chercher des votes à gauche, force est de constater que ce n’est pas facile pour le NPD de démontrer sa pertinence à la suite de l’alliance avec Justin Trudeau. C’est comme si l’usure du pouvoir de Justin Trudeau était davantage portée par Jagmeet Singh que par Mark Carney.

Avec des moyens très limités, le NPD ne pourra pas mener une vaste campagne nationale, et optera probablement pour la priorisation de quelques dizaines de comtés.

Bonne campagne à tous et toutes!

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