Des mesures «miroirs» face au «Buy American Act», demande Yves-François Blanchet

«Ce n'est pas un hasard que nous sommes devant le consulat des États-Unis», a-t-il lancé d'entrée de jeu lundi aux journalistes au parc Place-d’Armes, en face du Château Frontenac. «Le peuple américain demeure un peuple ami, partenaire et allié des Québécois, des Canadiens et des Mexicains. Malgré cette période qui met à mal cette amitié, nous devons rester confiants qu'elle sera restaurée aux termes d'une négociation qui pourrait s'avérer difficile dont on ne connaît pas l'issue.»

Selon le chef bloquiste, il faut mettre en place des actions concrètes pendant ces négociations. «On parle, mais il y a des gestes qu’on aurait dû et pu poser il y a plusieurs années», a-t-il ajouté lundi, en parlant des contrats conclus dans le cadre des ententes commerciales actuelles entre les deux pays et de la promotion de l’achat local.

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Le Bloc québécois souhaite déposer un projet de loi dès la rentrée parlementaire, en juin, pour protéger davantage les secteurs québécois et canadiens face aux tarifs de l'administration Trump. «Pour qu'on commence dès maintenant, lorsque le gouvernement octroie des contrats et accorde des subventions, qu'il y ait une garantie de contenus québécois et canadiens dans les biens et services ainsi achetés», a avancé M. Blanchet, en mentionnant que cela permettra d'aider les entreprises pendant une «possible» période de ralentissement économique et face aux tarifs américains.

«Je veux voir les cadres financiers»

Le chef bloquiste ne cache pas son scepticisme face aux «promesses impossibles» de baisses d'impôts de ses adversaires du Parti libéral et du Parti conservateur et réclame le dévoilement rapide de leurs cadres financiers qu'ils soupçonnent être «étonnamment créatifs».

M. Blanchet a expliqué qu'il «ne peut pas être contre» l'idée d'améliorer le pouvoir d'achat des gens dont les revenus sont les moins importants dans la population.

«Mais ça vient avec un questionnement», a-t-il poursuivi. «Le chef conservateur veut couper, couper, couper. Et juste dans sa mesure à lui au niveau des impôts, on parle de 13,5 milliards $. Et le chef libéral, qui a pris l'habitude de piger dans les slogans du chef conservateur, dit: "moi, je veux couper". Il est à la hauteur d'à peu près 6 milliards.»

Le chef bloquiste s'est demandé comment les libéraux réussiront «dans un contexte imminemment difficile de ralentissement économique, potentiellement de récession» qui est à venir face à «ce qui a toujours été échoué dans l'histoire du Canada: on va avoir plus de dépenses, moins de revenus et ça va marcher pareil».

Le chef conservateur Pierre Poilievre a promis lundi une baisse d'impôt 2,25 points de pourcentage qui, selon lui, permettra à une famille à deux revenus d'économiser 1800 $ par année. De son côté, le chef libéral Mark Carney s'est engagé dimanche à une baisse d'un point de pourcentage de la tranche d'imposition la plus basse, qui, selon lui, permettrait aux familles à deux revenus d'économiser jusqu'à 825 $ par année.

Luttes en vue à Québec

Dans la vieille capitale, le Bloc devra se battre pour conserver les sièges de ses députées Julie Vignola et Caroline Desbiens. Selon M. Blanchet, l'un des enjeux dans la capitale nationale est de «ne pas perdre le dynamisme de son économie».

«Le tissu économique de Québec est constitué de beaucoup de PME innovantes et exportatrices. Lorsque les négociations avec les Américains seront complétées, on aura un nouveau cadre de travail économique», a expliqué M. Blanchet . «Il faut que la négociation commence le plus rapidement possible. [...] Pour la grande région de Québec, il faut que la période d'intimidation termine le plus vite possible.»

Concernant le projet de Tramway, le chef bloquiste soutient à 100% cette proposition et souhaite aller de l'avant. «La capitale nationale du Québec a besoin de ce type d'équipement là, que les gens qui circulent dans la région soient favorisés», a-t-il dit. «C'est le genre de projets - avec l'octroi de contrats publics Alstom, Wagon etc.- qui permet de soutenir l'activité économique de Québec et du Québec.»

Lors des dernières élections, en 2021, le Bloc avait remporté Beauport-Limoilou par 2,0% des voix et la circonscription qui s'appelle désormais Montmorency-Charlevoix par 6,6% des voix. Or, la transposition des votes sur la nouvelle carte électorale démontre que l'écart se serait rétréci à respectivement 0,5%, et 2,8%.

Le Bloc souhaite aussi ravir la circonscription de Québec-Centre au ministre Jean-Yves Duclos, qui y sollicite un quatrième mandat. Son candidat, Simon Bérubé, a été le premier investi en vue de cette élection: c'était il y a un an. Il reproche à M. Duclos d'être «un porte−parole d’Ottawa à Québec plutôt qu’un de Québec à Ottawa».

Et la formation a aussi dans sa mire Louis-Hébert, la circonscription du libéral Joël Lightbound, qui comprend la partie de la ville de Québec constituée de l'arrondissement de Sainte-Foy–Sillery–Cap-Rouge. La candidate bloquiste est Valérie Savard.

Toute une coïncidence: Mmes Vignola, Desbiens, Savard, et M. Bérubé seront les quatre personnes qui marcheront aux côtés du chef bloquiste lors d'une promenade en matinée.

M. Blanchet se rendra au consulat des États-Unis où il compte mettre l'accent sur la défense des intérêts du Québec face à la menace américaine, lors d'un point de presse où s'ajouteront d'autres candidats.

Il prévoit ensuite dîner dans Louis-Hébert, puis revenir dans Québec-Centre visiter une entreprise qui fabrique des produits métalliques. Un rassemblement militant est prévu sur l'heure du souper où des candidats de toute la région de Québec sont notamment attendus.

Durant cette élection, le Bloc se présente comme le parti qui assure aux Québécois la protection de leurs intérêts. Il leur demande de ne pas céder à la peur que représente la menace américaine et affirme que les partis fédéralistes ont sacrifié le Québec dans les négociations antérieures.

Avec des informations de Noovo Info et de La Presse canadienne