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Avec le slogan «Je choisis le Québec», M. Blanchet a soutenu que le Québec n'était pas suffisamment écouté.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, tente d'influencer la question de l'urne de sorte qu'elle ne porte pas tant sur celui qui sera le mieux placé pour traiter avec le président américain Donald Trump qui multiplie les menaces contre le Canada, mais bien quels intérêts doivent être protégés dans des négociations.
«La question de l'urne n'est pas sur le "qui", elle est sur le "quoi". De quoi va-t-on parler», a-t-il dit, entouré de plusieurs de ses candidats du grand Montréal, lors d'un point de presse dans le Quartier latin de la métropole, au premier jour de la campagne électorale.
Il se présente comme celui qui met de l'avant le bois d'œuvre, la gestion de l'offre sur les produits laitiers, la culture, l'aluminium et la pêche côtière, entre autres choses.
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M. Blanchet reconnaît que les menaces tarifaires et les négociations commerciales seront «nécessairement» au cœur de la campagne. Il croit néanmoins que les Québécois ne tomberont pas dans le «piège à cons» de choisir entre le libéral Mark Carney ou le conservateur Pierre Poilievre.
Le Bloc se promet d'être le défenseur de la liberté et de l'économie du Québec. Son chef a exhorté à ne pas négliger les enjeux du Québec dans la réponse du Canada aux États-Unis. Il a évoqué «deux nations différentes qui doivent se comporter en allié».
Avec le slogan «Je choisis le Québec», M. Blanchet a soutenu que le Québec n'était pas suffisamment écouté quand il est surtout question de «désenclaver le pétrole de l'ouest» ou de secteurs en Ontario, comme l'automobile.
Questionné à savoir s'il partage le point de vue de son candidat Denis Trudel qui affirme avoir «beaucoup plus peur des libéraux que de M. Trump», le chef bloquiste a refusé de répondre directement, se contenant de vanter la «grande diversité d'opinions» au sein de ses troupes.
M. Blanchet a également évité de dire s'il sent que les libéraux, qui ont connu une forte progression dans les sondages d'intentions de vote, grugent des votes au Bloc au Québec.
«Tant que le "x" n'est pas sur le papier, le vote est dans les airs, a-t-il insisté. Et moi j'ai mon filet à papillons. On va attraper des votes, partout où ils seront parce que les gens vont nous entendre, ils vont nous voir. Et on espère mériter leur confiance comme à chaque campagne électorale. Et on verra bien à la fin qui a le pouvoir... ou la balance du pouvoir.»
Ailleurs au pays, ce sont surtout les néo-démocrates de Jagmeet Singh et un peu les conservateurs de Pierre Poilievre qui paient la note, ce qui réduit la perspective d'un gouvernement majoritaire mené par ce dernier.
Et pourquoi ne pas tenir ce premier événement de campagne dans la capitale nationale du Québec? «Je ne suis pas en train de lancer ma campagne. Je suis en train de réagir au lancement de la campagne. Ma campagne commence demain. À Québec.»
Cette campagne électorale fédérale sera, après celles de 2019 et de 2021, la troisième d'Yves-François Blanchet aux commandes du Bloc québécois.
Au Québec, lors des dernières élections générales, en 2021, les bloquistes avaient terminé deuxièmes (32 sièges, 32,1% des voix) derrière les libéraux (35 sièges, 33,7% des voix). Les conservateurs étaient loin derrière (10 sièges, 18,7% des voix) et les néo-démocrates fermaient la marche (un siège, 9,8% des voix).
Le slogan du Bloc, «Je choisis le Québec», a un double sens, a expliqué le député sortant de Berthier—Maskinongé, Yves Perron.
«Ça représente un engagement des candidats. Ça représente aussi un appel aux électeurs et aux électrices de, eux aussi, choisir le Québec, puis nous faire confiance», a-t-il déclaré.
M. Perron a lui aussi maintenu qu'il est «primordial» que les intérêts du Québec soient bien représentés à la table dans le contexte de la guerre commerciale et de l'insécurité qui l'entoure. «Et ça, il n’y a que le Bloc québécois qui peut le faire sans aucun compromis», a-t-il tranché au bout du fil.
Selon lui, le véritable défi du Bloc sera de communiquer son message malgré «le brouhaha médiatique» que provoquent les nombreuses déclarations controversées et imprévues de M. Trump.
Or, le Bloc québécois, qui, il y a encore quelques mois, pouvait se permettre de rêver à des gains historiques et de même former l'opposition officielle, est loin d'être sorti du bois.
«On est dans un contexte où il y a vraiment eu un gros revirement de situation et où il y a un plus grand rattachement vers l'identité nationale, l'identité canadienne», a expliqué la professeure Carol-Ann Rouillard de l'Université de Sherbrooke qui se spécialise en communication politique.
Selon Mme Rouillard, cela rend plus difficile la défense d'intérêts très spécifiques au Québec. Elle juge que les changements dans les intentions de vote s'inscrivent dans «des tendances lourdes» qui modèleront carrément la question de l'urne, soit celle que des électeurs se poseront au moment de faire leur choix.
Et signe que les discussions sur la menace américaine ne sont pas prêts de s'atténuer, le président Trump compte rajouter des droits de douane le 2 avril, une date qu'il claironne comme étant «le Jour de la Libération» et qui tombe en pleine campagne électorale au pays.