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Politique

Dépendance: Poilievre veut permettre aux juges d'ordonner un traitement obligatoire

«Cette politique n'est pas une question de punition, mais de rédemption.»

Le chef conservateur Pierre Poilievre s'exprime lors d'une conférence de presse à Richmond, en Colombie-Britannique, le samedi 19 avril 2025.
Le chef conservateur Pierre Poilievre s'exprime lors d'une conférence de presse à Richmond, en Colombie-Britannique, le samedi 19 avril 2025.
Craig Lord et 
Brenna Owen / La Presse canadienne

Le chef conservateur Pierre Poilievre réclame une modification des lois afin de permettre aux juges d'ordonner un traitement pour les personnes aux prises avec une dépendance.

M. Poilievre était à Richmond, en Colombie-Britannique, samedi, pour présenter ses plans de lutte contre la dépendance au Canada.

Son idée donnerait aux juges la possibilité d'ordonner un traitement obligatoire pour les personnes aux prises avec une dépendance comme substitut à l'incarcération.

La proposition s'appliquerait aux délinquants dont les seuls crimes sont liés à la possession de petites quantités de drogue et à d'autres infractions non violentes.

«Pour les délinquants plus graves, nous veillerons à ce qu'ils soient incarcérés, bien sûr, mais il y aura un traitement en prison et les juges auront la possibilité d'exiger que le détenu suive un traitement derrière les barreaux comme condition de libération», a affirmé M. Poilievre lors de la conférence de presse.

Ces propositions sont appropriées dans les cas où les personnes aux prises avec une dépendance grave ont perdu la capacité de se rétablir par elles-mêmes, a-t-il indiqué.

«Cette politique n'est pas une question de punition, mais de rédemption, a avancé le chef conservateur. Lorsqu'une personne est trop malade pour choisir de l'aide, nous ne la laisserons pas sans espoir. Nous l'aiderons à reprendre le contrôle de sa vie. 

L'automne dernier, M. Poilievre s'est prononcé en faveur de l'imposition de soins obligatoires en santé mentale et en toxicomanie pour les enfants et les détenus incapables de prendre des décisions.

Il a déclaré en octobre qu'il poursuivait ses recherches sur «comment cela fonctionnerait» pour les adultes.

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Plusieurs provinces, dont la Colombie-Britannique, ont proposé de mettre en œuvre ou d'élargir des programmes de traitement obligatoires, alors que les collectivités luttent pour faire face à la crise des opioïdes.

Ces propositions suscitent des inquiétudes de la part de défenseurs de la santé mentale qui remettent en question l'efficacité du traitement obligatoire, ainsi que de la part de groupes de défense des libertés civiles qui craignent pour les droits des patients.

Samedi, Pierre Poilievre a expliqué que ces préoccupations semblent entrer en conflit avec son thème de campagne, qui met l'accent sur la liberté individuelle.

Il a déclaré que la toxicomanie prive une personne de son pouvoir de choisir elle-même.

«C'est pourquoi il est approprié que la loi intervienne, qu'elle soit responsable de cette personne, la place dans un programme de traitement» et lui permette de retrouver espoir, a déclaré M. Poilievre.

L'équipe de campagne conservatrice, qui, pour la première fois, n'a pas autorisé les médias à participer à la tournée électorale et a limité les journalistes à quatre questions sans suivi lors des conférences de presse de M. Poilievre et n'a accordé aucune question aux médias nationaux lors de l'annonce de Richmond.

Pour se faire entendre, certains journalistes ont décidé de crier des questions au chef conservateur, dont une concernant le programme du chef libéral Mark Carney dévoilé plus tôt dans la journée.

M. Poilievre a fustigé le plan libéral, qui propose d'aggraver le déficit fédéral en plus d'une augmentation des dépenses pour réduire la dépendance du Canada envers les États-Unis dans le contexte de la guerre commerciale. Le chef conservateur a affirmé que le plan de M. Carney ajouterait «une dette inflationniste (…) au détriment des Canadiens».

«Ces dépenses inflationnistes se traduisent par des impôts plus élevés, un coût de la vie plus élevé et un dollar plus faible», a soutenu M. Poilievre.

Ces dernières semaines, il a intensifié ses attaques contre M. Carney, le présentant comme l'ancien premier ministre Justin Trudeau, tout en insistant sur le message de «changement» partagé par la campagne conservatrice. Il a déclaré samedi que le plan d'assurance-médicaments des conservateurs promettait d'aider 50 000 Canadiens à se rétablir de leur dépendance.

Il a réitéré ses promesses de fermer les sites d'approvisionnement sécuritaire et de modifier le Code criminel afin d'imposer des peines d'emprisonnement à perpétuité aux personnes prises en flagrant délit de trafic ou de production de plus de 40 milligrammes de fentanyl.

Pierre Poilievre a imputé une grande partie de la responsabilité de la crise des opioïdes au Canada aux soi-disant programmes d'approvisionnement sécuritaire, qui offrent aux gens des solutions de rechange aux médicaments sur ordonnance, ainsi qu'aux sites de prévention des surdoses – une autre mesure visant à réduire les décès par surdose.

En 2020, Santé Canada a financé des projets pilotes d'approvisionnement sécuritaire dans trois provinces, soit la Colombie-Britannique, l'Ontario et le Nouveau-Brunswick.

«Les Canadiens les plus vulnérables, ceux qui luttent contre la dépendance, reçoivent des drogues gratuitement, abandonnés à la mort dans nos rues, et les libéraux, comme Mark Carney appellent cela de la compassion», a déclaré le conservateur samedi.

«Il n'y a aucune compassion à donner des drogues dures financées par les contribuables qui sont finalement revendues pour acheter du fentanyl, de l'héroïne, du crack et pire encore.» L'année dernière, le commandant de la GRC en Colombie-Britannique et le solliciteur général de l'époque, Mike Farnworth, ont tous deux déclaré qu'il n'y avait aucune preuve de détournement «généralisé» de médicaments sur ordonnance vers le marché illicite.

Mais en février, une fuite d'un document d'information du ministère de la Santé de la Colombie-Britannique destiné à la police indiquait qu'une «part importante» des opioïdes prescrits dans la province était détournée.

Le gouvernement de la Colombie-Britannique a récemment remanié le programme qui offre des solutions de rechange aux drogues illicites toxiques sur ordonnance, passant à un modèle «avec témoin seulement» dans lequel les personnes doivent être supervisées pendant qu'elles consomment leurs drogues sur ordonnance.

L'ancienne coroner en chef de la province, Lisa Lapointe, a critiqué ce changement. Il semble s'agir d'une «décision politique impulsive» qui ne ferait que ramener les gens vers le marché illicite toxique, a-t-elle déclaré à La Presse canadienne en février.

Vancouver a accueilli le premier centre légal de consommation supervisée au Canada, ouvert il y a plus de vingt ans. Ces lieux visent à prévenir les décès par intoxication aux drogues, en permettant aux personnes de consommer des drogues dans un environnement où une aide est disponible en cas de besoin.

Pierre Poilievre a déclaré qu'un gouvernement conservateur fermerait les «refuges de toxicomanes» et investirait plutôt dans des centres de traitement.

L'année dernière, les conseillers municipaux de Richmond ont voté à 7 voix contre 2 en faveur de l'exploration de la possibilité d'un centre autonome de consommation supervisée dans la ville, après deux jours de débats houleux.

Mais Vancouver Coastal Health a annoncé quelques jours plus tard qu'elle n'envisageait plus la création d'un tel endroit à Richmond, affirmant que les dernières données de santé publique semblait indiquer que cet établissement ne serait pas le service le plus approprié pour les personnes à risque de surdose dans la communauté métropolitaine de Vancouver.

La possibilité d'un emplacement autonome de prévention des surdoses avait suscité l'opposition des résidents locaux et des opposants au gouvernement néo-démocrate du premier ministre David Eby.

M. Poilievre a déclaré que «les refuges de toxicomanes qu'on a tenté d'imposer à Richmond, cela ne se reproduira plus».

«Il n'y aura plus un seul site de consommation de drogues financé par le gouvernement sous un gouvernement conservateur», a-t-il déclaré.

Craig Lord et 
Brenna Owen / La Presse canadienne