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Politique

L'ancien député solidaire Amir Khadir fait campagne pour le Bloc dans Repentigny

M. Blanchet fait campagne samedi midi à Magog, en Estrie.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, rencontre une partisane lors d'un arrêt de campagne à Magog, le samedi 19 avril 2025.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, rencontre une partisane lors d'un arrêt de campagne à Magog, le samedi 19 avril 2025.
Patrice Bergeron
Patrice Bergeron / La Presse canadienne

L’ex-député de Québec solidaire (QS) Amir Khadir a fait campagne dans Repentigny pour le candidat bloquiste Patrick Bonin, ancien porte-parole de Greenpeace.

Dans une vidéo diffusée samedi, l’ancien élu de QS, qui s’est fait connaître par de nombreux coups d'éclat dans sa carrière, a vanté l’engagement du bloquiste en matière d’environnement et de justice sociale.

Étonnant tout de même: la conjointe de M. Khadir, Nimâ Machouf, militante néo-démocrate notoire, est candidate du NPD dans Laurier-Sainte-Marie contre le ministre libéral sortant Steven Guilbault, lui-même un ex d’Équiterre et de… Greenpeace. 

Dans la vidéo, M. Bonin explique que c'est M. Khadir qui lui a offert son soutien sur le terrain.

«Mon ami indépendantiste, mon ami écologiste, je crois que c'est le genre de député qu'il nous faut pour représenter les intérêts de la population du Québec contre l'oligarchie financière, contre les milieux d'affaires qui ne veulent rien entendre des questions environnementales et qui ne pensent qu'aux profits des grandes corporations», plaide M. Khadir dans la vidéo.

Le Bloc et QS ont pourtant un historique de relations pour le moins compliquées et n'ont pas développé les affinités qu'on pourrait escompter entre deux partis indépendantistes.   

L'ancien chef du Bloc Gilles Duceppe a déjà reproché aux partisans de QS de voter NPD plutôt que Bloc. QS a toujours assuré qu'il ne prenait pas position durant la campagne fédérale, mais dans une vidéo, la porte-parole de QS, Ruba Ghazal, a déjà indiqué qu'elle préférait le NPD au Bloc.  

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 Environnement et pipe-line

En campagne en Estrie samedi, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a largement abordé la question de l'environnement. 

Il a refusé d'énoncer des conditions qui permettraient d'assurer l'acceptabilité sociale d'un éventuel pipeline en vue d'exporter des hydrocarbures de l'Ouest vers l'Europe.

Les adversaires du Bloc veulent faciliter l'exportation du pétrole ou du gaz de l'Alberta, afin de réduire la dépendance envers le marché américain, mais le chef bloquiste a toujours dit non à de nouveaux pipelines qui traverseraient le Québec.

En conférence de presse samedi dans un restaurant de Magog, M. Blanchet a toutefois été interrogé sur les conditions qui pourraient rendre un éventuel gazoduc ou oléoduc acceptable pour la population et les communautés, par exemple des redevances, des évaluations d'impact environnementales, des emplois, etc.

«C'est comme si vous me demandiez quelle devrait être la combinaison des astronautes qui iront sur Mars: on va commencer par arriver sur Mars», a lâché M. Blanchet.

Un projet de pipeline est trop hypothétique, a-t-il laissé entendre: il n'y a pas de projet sur la table, il n'y a pas d'investisseurs, il n'y a pas de clients, il n'y a pas de marché.

Il a rappelé que le projet de GNL Québec a été refusé par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE). Ce projet prévoyait un gazoduc qui devait traverser l'Ontario et le Québec afin d'acheminer le gaz vers un terminal méthanier à Saguenay, pour exportation.

Actuellement, le Parti libéral (PLC) et le Parti conservateur (PCC) s'engagent à faciliter le transport de l'énergie avec des «corridors énergétiques». 

Les conservateurs veulent notamment accélérer les processus d'évaluation et d'approbation, tandis que le premier ministre sortant Mark Carney s'est déjà entendu en mars avec les provinces pour créer un corridor national, pour le pétrole, le gaz, les produits agricoles, l'électricité et les minéraux critiques.

«Le gouvernement du Québec ne doit pas dire: "on va oublier l'évaluation du BAPE, je suis ton chum, je vais t'arranger ça"», a mis en garde M. Blanchet, qui a lui-même déjà été ministre de l'Environnement, dans le gouvernement Marois. 

L'aide à l'industrie pétrolière coûte déjà assez chère aux Québécois, a-t-il martelé. Le pipeline Trans Mountain construit par Ottawa coûte 40 milliards $, donc environ 9 milliards $ des Québécois en proportion, tandis que l'industrie a reçu pour environ 30 milliards $ en financement du fédéral, donc environ 7 milliards $ des Québécois, pour un total de 16 milliards $.

Résultat: les Québécois paient déjà plus cher pour le pétrole albertain.

«Il faudrait qu'on ait une conversation avec les autres chefs seulement sur l'environnement et les changements climatiques, et leur volonté d'être dans le déni, pour essayer d'aller chercher des votes dans l'Ouest canadien et l'Ontario», a affirmé le chef bloquiste en plaidant pour l'abandon des énergies fossiles. 

«Ce qui est mauvais doit être combattu férocement», a-t-il dit en anglais.

En outre, le Bloc a énoncé samedi une série de propositions en matière d'adaptation aux changements climatiques.

«Chaque dollar investi en adaptation climatique permet d'économiser de 13 à 15 $ en dépenses», a-t-il plaidé.  

Estrie

M. Blanchet a fait des arrêts de campagne à Magog, à Granby et brièvement à Marieville.  

Le Bloc misait notamment sur le départ de la ministre libérale Pascale St-Onge pour enlever la circonscription de Brome-Missisquoi, avec son candidat vedette, le comédien Jeff Boudreault, qui affronte notamment le libéral Louis Villeneuve, maire de Bromont.

Mais la lutte sera vraisemblablement plus difficile, avec la montée des libéraux dans les sondages nationaux. 

«Quand on regarde le terrain et qu'on parle à notre monde, on a un pas pire sourire», a répondu M. Blanchet à une question concernant ses chances en Estrie. 

«Ici, c'est difficile, c'est pas mal rouge (libéral)», lance une sympathisante bloquiste à M. Blanchet dans la rue après la conférence de presse dans un resto branché de Magog, sous un ciel maussade.

La dame en question a participé pour le Bloc au dépouillement judiciaire qui a donné une courte victoire à Pascale St-Onge en 2021.   

Elle a vanté les qualités de M. Boudreault, d'un contact naturel et chaleureux, assure-t-elle.  

C'est une campagne singulière pour lui. En effet, il affronte le conservateur Steve Charbonneau, l'ex-mari de sa partenaire Isabelle Charest, ministre des Sports du gouvernement Legault.

M. Blanchet est par la suite allé à Granby pour soutenir sa députée sortante Andréanne Larouche, dans Shefford, qui était autrefois d'ailleurs le fief du célèbre Jean Lapierre, libéral devenu bloquiste puis repassé au PLC.

M. Blanchet est allé rencontrer des aînés, une clientèle électorale que le Bloc séduit en général, pendant qu'une pluie battante tombait à l'extérieur.  

Le Parti libéral vise à reconquérir la circonscription avec Félix Dionne et là encore, le duel s'annonce serré.

Le chef n'a toutefois pas fait campagne dans Sherbrooke samedi, une circonscription qu'il avait espéré gagner en 2021 avec de nombreuses  visites, mais qui lui avait finalement échappé. Il y a toutefois tenu son conseil général en début de campagne.  

M. Blanchet avait un programme allégé samedi en plein week-end pascal, alors que le vote anticipé bat son plein et qu'il ne reste à peine une semaine de campagne avant le jour du scrutin.

Il a reconnu que de parler de la cause environnementale dans le contexte de la guerre commerciale actuelle, avec le gouvernement libéral sortant qui a joué la carte de la gestion de crise à de nombreuses reprises durant la campagne. 

«Le festival des épouvantails doit finir», a-t-il lâché en anglais, après avoir reconnu que l'enjeu de la guerre tarifaire avait beaucoup trop monopolisé l'attention en début de campagne, ce qui jouait en défaveur de son parti.  

«On va peut-être avoir le vent dans la face», a-t-il reconnu, en laissant entendre toutefois que son parti arrive maintenant à imposer des enjeux et à exposer les failles de son adversaire libéral. 

«De plus en plus de gens se disent: on a peut-être essayé de nous en passer une vite», a-t-il résumé. 

Adaptation climatique

Le Bloc a proposé samedi des mesures d’adaptation aux changements climatiques, qui incluent un programme de coassurance pour protéger les maisons des Québécois face aux catastrophes naturelles récurrentes.

Le Bloc propose ainsi un programme dans lequel Ottawa prendra à sa charge une part des primes trop élevées «afin que tout le monde demeure assurable» et propose également de réinvestir dans les rénovations écoénergétiques.

Le parti suggère d’investir 2 milliards $ sur cinq ans dans la reconduction du programme de prêts pour des maisons plus vertes.

Aussi, le Bloc propose d’ajouter 875 millions $ sur cinq ans dans le Fonds d’atténuation et d’adaptation en matière de catastrophes, en plus de transférer directement au Québec sa part de tous les programmes d’infrastructure sectoriels via le programme de Taxe sur l'essence et de la contribution du Québec (TECQ).

Finalement, il propose d'ajouter 500 millions $ dans la lutte à l'érosion des berges.

Patrice Bergeron
Patrice Bergeron / La Presse canadienne