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Politique
Chronique |

Mark Carney ou la boîte à surprises

«Incroyable comment la politique peut changer du tout au tout en quelques semaines.»

Incroyable comment la politique peut changer du tout au tout en quelques semaines. Alors que Pierre Poilievre avait déroulé devant lui une autoroute vers le pouvoir, les menaces de Trump ont eu pour effet de couper l’herbe sous le pied des conservateurs. Les derniers sondages indiquent que c’est le candidat à la chefferie Mark Carney qui inspire le plus confiance autant aux Canadiens qu’aux Québécois pour faire face à l’impétueux président américain. 

Pourtant, en cette période d’incertitude, comment expliquer que les électeurs fassent confiance à quelqu’un qui leur est inconnu ? Bien que les conservateurs demeurent premiers dans les intentions de vote au national, l’arrivée imminente de Carney à la tête du Parti libéral du Canada et au poste de premier ministre semble redonner une lueur d’espoir aux libéraux.

Un impressionnant CV

En politique, on observe un effet positif de nouveauté quand quelqu’un fait son apparition dans l’arène politique. Il semble que nous apprécions toujours un peu plus les politiciens que nous ne connaissons pas. En comparaison avec les élus qui ont détaillé leur vision ou qui ont eu à prendre des décisions politiques, nous préférons souvent la « boîte à surprises », qui peut contenir virtuellement n’importe quoi.

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C’est un peu comme dans le Petit prince, quand l’aviateur dessine des moutons au garçon. Ce dernier est constamment déçu. L’aviateur a finalement un flash : il lui dessine une boîte et lui dit d’imaginer le mouton qu’il souhaite à l’intérieur. Le Petit prince est ravi.

Mark Carney, c’est le politicien dans la boîte.

Bon, il faut quand même admettre que sa réputation le précède. Diplômé de Harvard et de Oxford, il a été gouverneur de la Banque du Canada durant la crise financière de 2008 et gouverneur de la Banque d’Angleterre durant le Brexit. Ce n’est pas exactement le CV d’un deux de pique, on en conviendra tous !

Connaît-il le Québec?

En temps de crise, on assiste presque toujours à un phénomène de « rally around the flag ». Face à des menaces externes, les citoyens tendent à mettre de côté leurs divisions internes et à se rassembler autour de leur drapeau et de leur gouvernement. Les temps sont durs pour les partis d’opposition et pour le nationalisme québécois. Ce dernier se retrouve noyé dans une soudaine et probablement temporaire remontée de la fierté et de l’unité canadienne. Nous nous voyons poussés à mettre en veilleuse les intérêts québécois au profit de l’intérêt du Canada afin de faire face à l’adversaire américain.

Il est d’ailleurs assez tragicomique de voir Mark Carney éviter le plus longtemps possible toute entrevue au Québec et de le voir faire semblant d’être à l’aise dans un aréna en Mauricie, avec François-Philippe Champagne, ou en train de manger une poutine avec la mairesse de Drummondville. On n’y croit pas une mautadine de seconde.

«Just like Justin»?

Malgré tous les efforts des conservateurs pour marteler que Carney et Trudeau, c’est du pareil au même, Carney serait-il en train de réussir à se distancer de Trudeau et de se débarrasser des boulets de l’usure du pouvoir des dix dernières années?

Au cours des dernières semaines, il a affirmé que s’il avait été premier ministre, il n’aurait pas donné de congé de taxes comme Justin Trudeau l’a fait avant Noël. Il a aussi affirmé qu’il allait jeter la taxe carbone aux oubliettes.

Dans quelques semaines, quand les travaux parlementaires reprendront à Ottawa, nous aurons l’occasion de tester davantage ce nouveau premier ministre non élu. On ne peut exclure que la campagne électorale puisse n’avoir lieu qu’à l’automne prochain si le NPD choisissait de plaider l’urgence nationale et le besoin de stabilité pour maintenir le gouvernement libéral au pouvoir le plus longtemps possible.

Nous verrons bien si le politicien est à la hauteur de son CV, s’il a la compréhension minimale des enjeux québécois (qui referont inévitablement surface, les dysfonctions de la fédération sont structurelles et ne disparaîtront pas comme par magie) et s’il est véritablement différent de Justin Trudeau. Nous verrons également si Pierre Poilievre saura s’élever et de passer des slogans aux propositions concrètes tant souhaitées par la population en temps de crise.

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