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Le EÉSAD vient de déposer son mémoire au ministère de la Santé dans lequel il détaille cinq recommandations.
Il faut attribuer plus de place aux aides à domicile en tant qu’acteurs de premier plan en matière de prévention en santé, plaide le Réseau de coopération des entreprises d’économie sociale en aide à domicile (EÉSAD) dans le cadre des consultations publiques sur la Stratégie nationale de prévention en santé.
Les aides à domicile de ce réseau offrent chaque année plus de 7,7 millions d’heures de services de proximité à près de 100 000 usagers, dont 70 000 femmes vivant seules à faible revenu. Cela comprend des services d’aide à la vie domestique, des services d’assistance personnelle et des services de répit pour les proches aidants. Ce soutien est essentiel pour repérer un vieillissement accéléré d’une personne aînée.
Les entreprises d'économie sociale existent depuis une trentaine d'années, a souligné le directeur général des EÉSAD, J. Benoit Caron. «Elles sont nées d'une volonté du gouvernement du Québec et ça a été renouvelé à chaque gouvernement [afin de] contribuer au soutien à domicile pour permettre aux gens de rester chez eux le plus longtemps possible, dit-il. Actuellement, on assiste à une marchandisation des services aux aînés parce qu'on a plein d'entreprises privées qui voient qu'il y a un marché potentiel qui va être lucratif et qui développent des services et qui vendent ces services-là, et il y a même une crainte que le réseau public fasse appel à ces entreprises privées.»
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Le réseau des EÉSAD vient de déposer son mémoire au ministère de la Santé dans lequel il détaille cinq recommandations. Ce réseau, qui emploie 9000 aides à domicile réparties à travers la province, souhaite que le gouvernement investisse dans la formation des aides à domicile en assurant un financement suffisant au programme FAPAQE (Formation adéquation des préposés aux AVQ du Québec dans les EÉSAD).
«Avec le ministère de la Santé, on a développé un programme de formation justement pour permettre aux aides à domicile d'avoir les compétences nécessaires pour aller donner des soins, ce qu'on appelle les activités de la vie quotidienne: se laver, se coiffer, manger, s'alimenter, prendre ses médicaments, etc. Cette formation existe depuis 2016. Elle a été offerte à ce jour à 3600 aides à domicile», indique M. Caron.
Le programme s'est terminé le 31 mars, engendrant pour la première fois une interruption de la formation. «On est dans une négociation avec différents partenaires pour financer la formation, pour continuer à former des aides à domicile qui vont être capables d'aller livrer des soins», précise M. Caron.
Les aides à domicile côtoient sur une base quotidienne les usagers, majoritairement des aînés. Ils sont donc souvent les premiers à pouvoir informer la famille ou l'établissement de santé de l'apparition d'un problème de santé, souligne M. Caron, qui ajoute que cela s'inscrit parfaitement dans une perspective de prévention en santé.
Parmi les autres recommandations du réseau des EÉSAD, il souhaite que le gouvernement élargisse l'éventail de services admissibles au Programme d'exonération financière pour les services d'aide domestique afin d'y inclure les services d’assistance personnelle, les services de répit et les petits travaux (par exemple changer une ampoule).
Cela fait déjà plusieurs années qu'il en fait la demande au ministère de la Santé. M. Caron donne l'exemple du bain qui est donné aux aînés en perte d'autonomie. Après une évaluation de la personne, un CLSC établira un plan de services pour cette dernière dans lequel un seul bain par semaine peut être couvert. «Mais il y a beaucoup de gens qui veulent prendre deux bains, qui veulent que leur mère puisse avoir un deuxième ou un troisième bain [par semaine]. Actuellement, ce n'est pas dans le Programme d'exonération financière, ça veut dire que ce service qui devrait y être n'y est pas, et ça veut dire que la personne doit payer la totalité du coût de ce deuxième bain», dénonce M. Caron.
Les EÉSAD demandent également au gouvernement Legault de financer la mise en place d’un programme de gériatrie sociale dans son réseau sur un horizon de cinq ans. Il a d'ailleurs déposé auprès du ministère de la Santé son Programme de gériatrie sociale afin d’intégrer ce modèle dans l’ensemble des EÉSAD d’ici 2030.
Actuellement, le gouvernement du Québec soutient une vingtaine de projets de gériatrie sociale, dont 15 dans les EÉSAD, et le déploiement se poursuit.
La gériatrie sociale permet une prise en charge personnalisée des aînés en prenant en compte leur condition de vie, l'accès qu'ils ont aux soins, leur autonomie et d'autres facteurs sociaux, économiques et environnementaux. Elle peut prévenir la détérioration rapide de l'autonomie de la personne à domicile.
Un autre aspect important pour le réseau serait que le gouvernement améliore l’accès au crédit pour le maintien à domicile des aînés en permettant une application directe sur la facture des usagers à travers une collaboration entre les EÉSAD et Revenu Québec.
Au Québec, il existe un crédit du maintien à domicile pour les personnes de plus de 70 ans. Pour en profiter, elles doivent remplir un formulaire mensuellement ou sur leur déclaration de revenus. Avec une application directe sur la facture, la personne n'aurait pas à s'embêter pour remplir un formulaire et l'envoyer, un processus qui peut être lourd pour certaines personnes âgées. «En fait, c'est une automatisation du crédit du maintien à domicile et ça ne demande rien de nouveau», précise M. Caron.