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Mais quand on parle de la sécurité de nos élus, de la résidence du premier ministre, qui est un symbole plus qu’un soi-disant luxe, et d’un avion, qui empêche un premier ministre de revenir à temps, à cause d’un bris mécanique, c’est minable.
On peut casser du sucre sur nos politiciens, pour un jus d’orange à 16 $ à Londres ou une suite à 6 000 $ pour le premier ministre Trudeau. Mais quand on parle de la sécurité de nos élus, de la résidence du premier ministre, qui est un symbole plus qu’un soi-disant luxe, et d’un avion, qui empêche un premier ministre de revenir à temps, à cause d’un bris mécanique, c’est minable.
Le premier ministre Trudeau a été bloqué en Inde, pendant 2 jours. Son avion, acheté d’occasion en 1992 à l’époque du premier ministre Brian Mulroney, a connu un problème avec un composant et a été interdit de vol. Ce fameux avion fut surnommé le «Taj Mahal volant» par l’ex-premier ministre Jean Chrétien, alors dans l’opposition. Ironie du sort, c’est en Inde que cet avion a été immobilisé sur le tarmac de l’aéroport de New Delhi. Cette histoire est anecdotique pour certains, mais typique d’un laisser-faire déconcertant.
Le 24 Sussex. La résidence officielle des premiers ministres du Canada depuis 1951 elle, s’écroule. Elle n’est plus habitée depuis 2015, à la suite du départ de Stephen Harper. Le 24 Sussex ne serait plus qu’une coquille en raison de l’absence de rénovation et d’entretien durant des décennies par plusieurs premiers ministres. Aujourd’hui, elle est laissée à l’abandon par Justin Trudeau, à la merci des rongeurs.
Huit années plus tard, on n’en sait toujours pas plus sur son avenir. Le dossier est à l’étude. La question est de savoir si la résidence sera reconstruite ou si elle sera remplacée par une nouvelle construction au même endroit ou dans un autre emplacement, comme le révélait Daniel Leblanc de Radio-Canada.
Cela n’a pas empêché les rénovations à Harrington Lake, la résidence secondaire du premier ministre, à un coût de 8 millions. Bizarre, non? On rénove «le chalet», mais on ne pouvait pas faire les travaux urgents au 24 Sussex pendant huit ans?
Les ministres fédéraux n’ont pas de sécurité régulière, contrairement aux ministres du Québec. Pourquoi? Parce que la tragédie du décès du ministre Pierre Laporte lors de la Crise d’octobre 1970 n’a pas été vécue au fédéral. Conclusion, on se traîne les pieds avant d’offrir une protection complète aux ministres.
De son côté, la Gouverneure générale est surprotégée. Cependant, on attend le pire avant de réagir, pour les ministres et les élus. D’un côté, on s’insurge de la violence sur les médias sociaux, mais on n’agit que très peu et très lentement, dans le quotidien très réel des politiciens pour assurer leurs protections. En attendant une décision dans ce dossier, on propose aux députés d’installer un système d’alarme à leur résidence, un programme offert par la Chambre des Communes.
Cela dit, il y a une évaluation au cas par cas par la GRC avant d’offrir des agents de son service de protection rapprochée. Il en est de même pour les chefs des oppositions qui n’ont droit à aucune protection rapprochée régulière. Pour certains, ce n’est pas « canadien » d’avoir de la protection. Un élu se doit d’être accessible.
On ne s’inquiète pas trop non plus si des députés et leurs familles sont la cible de tentative d’intimidation par le régime de Beijing, en raison de leurs prises de paroles et de leurs votes à la Chambre des communes.
On observe, on fait de l’écoute électronique, on écrit des rapports qui sont transmis aux bureaux des ministres. Mais pour des raisons nébuleuses, qui se situent entre incompétence et partisanerie, on n’agit que très peu. Et très tard. Et uniquement lorsque cela fait les manchettes ou lorsque des sonneurs d’alarmes à l’intérieur du renseignement canadien se confient aux médias.
On attend des mois avant de déclencher une enquête publique sur l’ingérence étrangère au Canada. Le député conservateur Michael Chong était d’ailleurs à Washington hier pour témoigner devant le Congrès américain. Il aura donc rencontré des élus américains avant de rencontrer la juge Marie-Josée Hogue, responsable de l’enquête au Canada. Cela aura pris des mois pour le gouvernement Trudeau de se décider.
La sécurité a des coûts, mais le gouvernement Trudeau délie plus facilement les cordons de la bourse pour donner plus d’un milliard à la Banque asiatique d’investissement, contrôlée par le régime de Beijing. On ne réagit que lorsqu’un ancien employé canadien, Bob Pickard, sonne aussi l’alarme, pour suspendre la relation avec la banque.
Constat: pas un dollar pour 24 Sussex. On attend jusqu’à la dernière minute avant de remplacer l’avion du premier ministre et on n’est guère plus préoccupé par la sécurité des élus, des ministres et des chefs de partis, que ce soit physique ou victime d’intimidation.
Quand on regroupe tous ces exemples, est-ce qu’on peut encore s’appeler une grande nation ? Ou est-ce le résultat de la petite politique partisane et de l’absence de courage politique? Plus important, lorsqu’on néglige la protection de nos élus, c’est la démocratie qu’on refuse de défendre et nos institutions.
Et non, ce n’est pas le résultat de politique américaine, étiquette qu’on utilise à outrance au Canada dans le débat politique et médiatique actuel. S’il y a une chose que les Américains respectent, c’est le symbole de la présidence américaine. Il ne rechigne pas sur leur Maison-Blanche ou leur « Air Force One ». Les élus américains sont d’ailleurs plus intéressés à entendre le témoignage du député Michael Chong, que nous au Canada, afin de se prémunir de cette menace ou pour qu’on en parle ici.