Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

Politique

Libéraux et conservateurs vendent «un bazou» aux électeurs, dit Blanchet

M. Blanchet a réitéré que seul le Bloc peut «parler au nom du Québec» face aux menaces de l'administration Trump.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, sort de son autobus lors de sa campagne à Neuville, au Québec, le mardi 25 mars 2025. Le candidat bloquiste, Thierry Bilodeau (Saint-Maurice—Champlain) le suit.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, sort de son autobus lors de sa campagne à Neuville, au Québec, le mardi 25 mars 2025. Le candidat bloquiste, Thierry Bilodeau (Saint-Maurice—Champlain) le suit.
Michel Saba / La Presse canadienne

Source

La Presse canadienne

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a fouetté ses troupes et tenté de convaincre les électeurs indécis, samedi, dans un discours à l'occasion d'un conseil général, à Sherbrooke, qui doit permettre d'adopter la plateforme électorale du parti.

«C'est un peu comme quand tu changes de char, tu arrêtes de magasiner. Il faut dire aux gens qui ont un peu magasiné et ont dit: "on s'en va par là": pensez-y comme il faut, retenez votre premier paiement sur le char. C'est peut-être un bazou polluant, bruyant, puis pas fiable», a-t-il illustré en parlant de ceux qui se présentent comme «une réponse» aux menaces du président américain Donald Trump.

Du bout des lèvres, M. Blanchet a reconnu dans son discours que la guerre commerciale aide les libéraux, disant que, si le président américain finissait par «nous sacrer patience» durant la campagne, «ça ne serait pas nécessairement une bonne nouvelle pour M. Carney».

La plateforme traite peu de l'indépendance du Québec et, à l'inverse, s'attelle dès ses premières pages à la manière dont le Bloc entend «contrer la menace Trump».

Elle prévoit que la formation dépose un projet de loi qui vise à ce que soit voté aux Communes le texte préliminaire des accords de libre-échange avant leur ratification.

«Les valeurs sûres»

Dans les couloirs, des militants ont affirmé que d'anciens électeurs bloquistes songent à passer leur tour, jugeant que l'enjeu, de par son importance, appelle à se ranger ferrière un des grands partis nationaux.

«J'ai entendu cela. Même dans ma famille. Il y a des gens qui m'ont dit cela. J'ai dit: "vous allez perdre votre vote". Votre vote, c'est un vote du Québec! N'oubliez jamais ça», a déclaré le président de la commission politique, Raymond Archambault.

Richard Rioux, un militant de Charlevoix, a dit constater que «les gens ont peur» et que «beaucoup» de ceux qu'il rencontre «veulent aller vers ce que, eux, appellent les valeurs sûres, soit les conservateurs ou les libéraux».

Le chef bloquiste, lui-même, est lucide. «J’ai entendu ça moi-même», a-t-il reconnu.

M. Blanchet a évoqué des électeurs, qui se disent souverainistes, nationalistes, favorables à la protection de la langue et de la différence québécoise, mais qui ont eu «suffisamment peur» au point de retomber dans la «vieille ornière» voulant qu'«il y ait un Anglais pour me protéger».

Pour le député sortant et candidat dans Drummond, Martin Champoux, le Bloc québécois prend au contraire «tout son sens» dans un tel contexte.

«Si le Bloc québécois n'est pas là, il n'y a personne qui va parler pour les intérêts du Québec. Et on le voit déjà dans le ton, dans les discours des chefs fédéralistes. C'est là que les Québécois devraient le plus faire confiance au Bloc québécois», a-t-il dit.

Chez les libéraux, on affirme que la plateforme bloquiste ne répond pas à «la question fondamentale de comment ils peuvent défendre les intérêts des travailleurs québécois alors qu'ils ne quitteront jamais l'opposition».  

«Ce que propose le Bloc, c'est d'affaiblir le poids du Québec à la table des décisions à Ottawa et de rester dans les estrades», a évoqué Guillaume Bertrand, un porte-parole de la campagne libérale.

À ces attaques où il est comparé à un gérant d'estrade, le chef du Bloc a fait valoir que son parti avait empêché des majorités libérales en 2019 et 2021, et a utilisé la balance du pouvoir comme un «partenaire (...) raisonnable» pourvu que ce soit dans les intérêts du Québec.

Contester la loi 96

Plusieurs candidats et militants rencontrés samedi ont jugé que la promesse faite par le chef libéral, vendredi, d'intervenir en Cour suprême dans toute contestation de la nouvelle mouture de la loi 101 donnera un coup de main à la campagne bloquiste.

«Je pense que ça va choquer beaucoup de monde au Québec», a déclaré Mario Beaulieu, le député sortant et candidat dans La Pointe-de-l'Île, une circonscription de l'est de Montréal.

Or, un autre militant, Sylvain Chartier, qui réside dans Lanaudière, a affirmé qu'une «bourde» comme celle-là pourrait au mieux aider «un peu», mais pas au point de changer «le profil» des élections.

Les temps sont durs pour le Bloc dans les intentions de vote, mais le parti garde espoir. «Tant que ce n'est pas fait, ce n'est pas fait», a lancé Monique Gagné, l'un des deux représentants des présidents de circonscription au bureau national.

Dans la salle, le chanteur Daniel Boucher a interprété la chanson thème de la campagne bloquiste. «Ma nation d’humains d’ici qui s’invente son pays, j’en frissonne chaque fois que je le dis», a chanté l’artiste gaspésien, venant chercher l'âme souverainiste.

Les militants, scandant «On veut un pays», se sont fait revigorer par le chanteur. «On veut un pays, c'est beau, mais c'est très passif. (...) On fait un pays», a-t-il lancé.

Michel Saba / La Presse canadienne

Source

La Presse canadienne