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«Pensez à la dette et au déficit que ce gouvernement refile à la prochaine génération.» La chronique de Rodolphe Husny.
Stratégie 101 de diversion: le gouvernement Trudeau veut qu’on débatte de taxer les riches et les grandes entreprises. En faisant cela, il veut que vous détourniez du regard sur son incapacité à contrôler les dépenses et de sa gestion catastrophique des fonds publics.
Après avoir distribué des fleurs et des promesses, cela sera le pot et surtout les coûts, avec la facture totale, dans le dévoilement aujourd’hui du budget fédéral. Cela fait des semaines que le premier ministre Trudeau annonce des milliards tous les jours, dans cette stratégie de communication prébudgétaire peu orthodoxe.
On ne consulte pas ou peu les provinces, avec lesquelles on n’a pas débuté des négociations, même quand c’est dans leurs champs de compétences. Ce qui importe, c’est de faire des annonces avec de beaux chiffres ronds: 1 milliard par-ci, 2 milliards pour par-là, on sourit pour la photo. Cela ressemble à la promesse non réalisée de planter 2 milliards d’arbres en 2019.
De toute façon, « les citoyens s’en foutent » du partage des compétences, selon le premier ministre Trudeau. Pourtant, il n’était pas aussi généreux lors de la négociation sur les transferts en santé aux provinces, l’année dernière.
Il reste le plus important à dévoiler aujourd’hui ; le déficit, la dette et le coût de la dette. La question reste à savoir l’ampleur du déficit. En 2015, Justin Trudeau avait déclaré que son gouvernement ferait trois ans de « modeste déficit » et qu’il serait équilibré en 2019-2020. On connaît la suite. Il faut aussi retenir l’ancrage fiscal que le gouvernement s’est lui-même fixé l’année dernière : le déficit ne doit pas dépasser 40 milliards. Le ratio du déficit devait revenir en dessous du 1%. On verra l’ampleur du dégât.
Il y a souvent dans un budget des éléments de diversion, pour éviter qu’on parle du déficit et de la dette. Et ainsi détourner la discussion sur son manque de contrôle des dépenses depuis son arrivée au pouvoir. Si le gouvernement augmente l’impôt des riches (entreprises ou particuliers), c’est exactement cela.
Sur le déficit et la dette, le spin du gouvernement sera ; des graphiques montrant que le Canada n’est pas si pire, si on se compare à d’autres pays. En gros, on n’est pas les derniers de classe. On est médiocre et on devrait s’en réjouir. Le dernier surplus budgétaire aux États-Unis était en 2001. Cela vous rassure ?
Quand viendra le temps de voter, les libéraux diront, les conservateurs votent du côté des riches. Même tactique pour le programme des petits-déjeuners pour les enfants. Les conservateurs votent contre les enfants. Mais vous n’êtes pas dupes. Le gouvernement n’a pas de problème de revenus, il a un problème de contrôle des dépenses.
Pour le gouvernement Trudeau, tout est un investissement, même quand ce sont des dépenses. La mauvaise gestion des fonds publics, ce ne sont pas des investissements. Grossir la fonction publique, ce n’est pas un investissement. Engloutir 60 millions pour l’application ArriveCAN, ce n’est pas un investissement, c’est un scandale.
Il faut aussi retenir que le Banque du Canada tente de juguler l’inflation. Quand le gouvernement dépense trop, cela nuit à son objectif et retarde la baisse des taux. Même chose pour la crise du logement. On a un problème de construction et d’offre de logement au pays. Des programmes qui auront comme conséquence de stimuler la demande au lieu de se concentrer sur l’offre est une erreur.
Le chiffre qui va faire mal, c’est le service à la dette. Le gouvernement va payer l’équivalent en intérêts de ce qu’il transfère aux provinces en santé, soit de 40 à 50 milliards de dollars. Selon David Dodge, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, il ne doit pas dépasser le seuil des 10 % de ses revenus, ce qui risque d’être le cas.
Le gouvernement s’est endetté durant la pandémie et c’était nécessaire. Cependant, la pandémie a le dos large, car comme l’a indiqué récemment Robert Asselin, ancien conseiller du ministre Bill Morneau; il y a 140 milliards de dollars qui étaient du « saupoudrage » dans le budget 2021, rien à voir avec la pandémie. Ce montant se retrouve aujourd’hui dans la dette.
Dans le passé, le directeur parlementaire du budget soulevait des lacunes en matière de transparence, à la présentation des évaluations et de l’efficacité des programmes dans le budget. C’est symptomatique de la gestion de ce gouvernement ; on évalue en fonction du montant et non de l’efficacité. On verra s’il s’est amélioré, mais j’en doute.
À vous maintenant de juger le budget. Et surtout de penser à la dette et au déficit que ce gouvernement refile à la prochaine génération.