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Le leader de la Coalition avenir Québec a tenté de relativiser le déficit de 11 milliards $.
Le premier ministre François Legault a défendu mercredi les décisions de son gouvernement qui ont en partie entrainé le déficit de 11 milliards de dollars dévoilé lors du dépôt du budget la veille.
Lors d’un point de presse suivant la période de questions au Salon bleu, le leader de la Coalition avenir Québec (CAQ) a souligné être «fier» des récents gestes posés pour «redresser les réseaux de l’éducation et de la santé» et pour réduire le fardeau fiscal des Québécois en diminuant les impôts.
Voyez le reportage de Mathieu Boivin sur ce sujet dans la vidéo.
Le premier ministre a assuré qu’il ne voulait pas «répéter les erreurs des autres gouvernements» qui, selon lui, n’ont pas assez investi dans les deux grands réseaux du Québec. François Legault espère voir des résultats des récents investissements «d’ici la fin du mandat».
M. Legault a aussi mentionné que la réduction des impôts était «nécéssaire» en raison du coût grandissant de la vie et de l’inflation en hausse depuis de nombreux mois.
«Avec ces deux choix, on accepte ce déficit», a-t-il mentionné.
M. Legault a déclaré que le déficit annoncé équivaut à 1,5 % du produit intérieur brut (PIB). Vu sous cet angle, il est moins pire que certains déficits passés, a-t-il dit.
Par exemple, dans le passé, trois gouvernements du Parti québécois (PQ) ont fait des déficits de 1,7 %, 3,8 % et 4,7 % du PIB, et deux gouvernements du Parti libéral du Québec (PLQ) ont généré des déficits de 3,1 % et 3,3 %.
«Un et demi pourcent du PIB, je pense que c'est quelque chose de raisonnable», a-t-il plaidé.
Du côté de l’opposition, les partis ont toutefois voulu rappeler à M. Legault le risque que posaient les baisses d’impôt dans le précédent budget de la CAQ, particulièrement dans une économie à la baisse.
«On l’a en pleine face: c’est l’échec François Legault, le king de la dette et des déficits», a lancé le chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay.
Selon l'Association des économistes québécois, depuis cinq ans, la croissance des dépenses par habitant au Québec a été plus rapide (36 %) que la moyenne canadienne (27 %).
M. Tanguay a vanté les mérites de l'ancien gouvernement libéral de Philippe Couillard, qui se compare avantageusement, selon lui, à cette CAQ qu'il juge dépensière.
«Il y avait une rigueur qui a été mise de l'avant en 2014-2018, et les services étaient mieux donnés, plus efficaces qu'ils ne le sont aujourd'hui. (...) On leur a laissé 7 milliards $, puis ils l'ont "flobbé"», a-t-il pesté.
Le ministre des Finances, Eric Girard, a déposé le budget 2024-2025 mardi et a confirmé par le fait même que le retour à l’équilibre budgétaire ne serait pas atteint avant 2029-2030.
S’il n’a pas expliqué exactement comment il y arrivera, le gouvernement Legault a jeté les grandes lignes de son plan pour réussir à arriver au déficit zéro.
À cet effet, M. Legault a réitéré qu’il y aura «ménage dans les crédits d’impôt aux entreprises.» L’élu laisse entendre que la situation de plein emploi au Québec ne justifie plus la distribution de certains crédits d’impôt.
De plus, on entamera dans les prochaines semaines une révision des dépenses de l’État. Celle-ci passera notamment par une diminution de la bureaucratie, mais le gouvernement Legault n’a pas l’intention de réduire la main d’œuvre qui offre des services. Ceci étant dit, il y a des «gains à faire» dans la partie «administrative», a ajouté M. Legault.
«À l’évidence, il n’y a pas de méthode scientifique derrière cette estimation-là. C’est rare que [le retour à l’équilibre budgétaire] se matérialise de manière aussi simple», a rétorqué le chef du Parti québécois (PQ).
Finalement, le premier ministre estime que le retour à l'équilibre budgétaire sera possible grâce à la croissance économique par habitant du Québec. «Ça va apporter des revenus additionnels», a-t-il expliqué.
Plus tôt dans la journée, M. Girard a expliqué que les agences de notation ont été avisées de l'ampleur du déficit avant le dépôt du budget.
Dans les prochains jours, «elles vont certainement dire que le déficit est élevé, mais que c'est positif qu'on maintient les objectifs de réduction de dette et de retour à l'équilibre budgétaire», selon lui.
Pour l'instant, l'ensemble des agences donnent au Québec une cote de crédit minimale de catégorie AA.
Une décote ferait en sorte qu'il deviendrait plus coûteux d'emprunter, ce qui se traduirait, pour les Québécois, par une augmentation des dépenses liées à la dette.
M. Girard croit que les agences de notation «comprennent» la situation, malgré le fait que le Québec ne déposera pas de plan de retour à l'équilibre budgétaire avant 2025.
«Je m'attends à ce qu'elles reconnaissent que la situation actuelle est difficile, qu'on pose des gestes (...) responsables et qu'on (s'est engagé) au retour à l'équilibre budgétaire», a-t-il déclaré.
Le ministre a indiqué qu'il y aura des rencontres formelles avec les agences en mai, et que celles-ci feront par la suite une évaluation complète et indépendante de la situation financière du Québec.
«Présentement, notre perspective est stable», a-t-il affirmé, expliquant qu'avant d'être décotés, les gouvernements reçoivent normalement un avertissement sous forme de «perspective négative».
Avec des informations de Caroline Plante, la Presse canadienne