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«La CAQ a perdu le contrôle des finances publiques et ne comprend pas comment créer de la richesse...»
L’opposition officielle n’a pas été tendre envers la gestion des finances publiques du gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ). Le déficit de 11 milliards de dollars annoncé mardi par le ministre des Finances, Eric Girard, est «macabre», a lancé le porte-parole en matière de finances du Parti libéral du Québec (PLQ), Frédéric Beauchemin.
«La CAQ a perdu le contrôle des finances publiques et ne comprend pas comment créer de la richesse», a-t-il déploré. M. Beauchemin accuse aussi le gouvernement de «mal s’y prendre» pour stimuler la productivité des entreprises du Québec.
Les nombreuses attentes pré-budgétaire demandées par le PLQ pour répondre aux besoins en habitation demeureront vraisemblablement lettre morte. Les libéraux ont affirmé que le gouvernement attendait après la Banque du Canada pour répondre à la crise du logement, qui sévit un peu partout au Québec.
Son de cloche semblable chez Québec solidaire (QS), qui avance que «le plus gros déficit» du budget est «dans le logement». Le porte-parole de QS en finances, Haroun Bouazzi, a ironisé que le budget «a un vice caché» et qu’il ne «passe pas l’inspection».
«La crise continue et de plus en plus de gens se retrouvent dans la rue», a dit le solidaire, qui critique l’absence de fonds en 2024-2025 pour la construction de logements sociaux et abordables.
Le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, a affirmé que ce sont les décisions de la CAQ qui expliquent en grande partie le déficit annoncé. «En aucun cas on ne peut l’expliquer en raison de la pandémie», a soufflé le chef du PQ, qui a montré du doigt «les chèques généreux et les baisses d’impôt».
MM. St-Pierre Plamondon et Bouazzi ont toutefois salué les mesures prévues pour les aînés en situation de vulnérabilité.
Les mesures annoncées par M. Girard ont également suscité plusieurs réactions chez les syndicats et les grands patrons. Aux yeux de Véronique Proulx, du regroupement Manufacturiers et exportateurs du Québec, ce budget est tout simplement «vide» et n'aura «aucun impact sur l'économie du Québec».
«Il y a très peu de mesures qui ont été annoncées pour rehausser la productivité de nos entreprises et dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre», déplore Mme Proulx.
«Inquiet» des répercussions sur l'économie, François Vincent, de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, se demande «où est la vision stratégique pour les PME».
Magali Picard, présidente de la FTQ, dit est restée sur son appétit. «On aurait souhaité voir le gouvernement adresser les crises actuelles», comme celle du logement et particulièrement du logement social. «On a du vieux mâché. Il n’y a rien de nouveau dans ce budget-là. On espérait aussi voir le gouvernement adresser la situation en ce qui a trait au transport collectif», affirme-t-elle, alors que le gouvernement caquiste «continue à investir dans le béton».
Caroline Senneville, présidente de la CSN, juge ce budget 2024-2025 «sans grande envergure», avec «beaucoup de reconduction de mesures déjà annoncées» et rien pour le logement social. Elle se montre sceptique du «double discours» du gouvernement voulant qu’il ne touchera pas aux services publics, mais qu’il va tout de même revoir ses dépenses.
Robert Comeau, président de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), trouve «décevant» le budget, parce que «le gouvernement se prive de certains revenus» puisque les baisses d’impôt sont maintenues ainsi que les versements au Fonds des générations, par exemple. «On aurait pu faire des choix différents, ce qui nous aurait donné 3 à 4 milliards $ par année supplémentaires.»
Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), qui défend les droits des locataires, reçoit «avec énormément de déception» ce budget Girard.
«Le Québec traverse une crise du logement très profonde, non seulement une pénurie généralisée de logements locatifs, mais une inabordabilité croissante, qui fait très mal, notamment aux ménages locataires à faible et modeste revenus. Et on espérait sincèrement une programmation sur plusieurs années, un objectif gouvernemental ambitieux, pour donner espoir aux ménages locataires qu’une sortie de crise était possible», a tonné Mme Laflamme.
L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation (APCHQ) se dit également déçue que Québec ait écarté dans son budget «des mesures fortes favorisant les mises en chantier, et cela, même s’il reconnaît que le déséquilibre entre l’offre et la demande de logements s’accentue».