Le Bloc fait le pari qu'il pourrait faire mentir les agrégateurs de sondages

«Une des grandes fiertés qu'on a (…) c’est quand on dit ‘’Ah, vous vous êtes trompé!’’ Et ça pourrait arriver dans plein de comtés au Québec», a-t-il dit jeudi au cours d'un arrêt de sa campagne dans Brome-Missisquoi, circonscription qu'il espère ravir aux libéraux.

Le site d'agrégation de sondages Canada338 place le Bloc au troisième rang (22 %) dans ses projections pour cette circonscription de l'Estrie, derrière les libéraux (44 %) et les conservateurs (25 %). La marge d'erreur pour ce type de projections est toutefois élevée, oscillant, dans ce cas précis, entre 5 % et 8 %.

«Tout ça se peut, mais ça ne change pas le fondement de la démocratie. Les gens de Brome-Missisquoi vont choisir pour qui ils votent», a dit M. Blanchet depuis Farnham.

Malgré la vague d'appuis dont jouissent les libéraux de Mark Carney à travers le Canada, y compris au Québec, le chef bloquiste maintient que des circonscriptions telles que celle de Brome-Missisquoi sont prenables pour le Bloc.

«Il y avait un certain nombre de circonscriptions qui étaient très très ciblées dans notre campagne et elles le sont encore», a-t-il dit.

M. Blanchet a rappelé qu'il convoite également d'autres sièges, comme celui de Châteauguay-Les Jardins-de-Napierville, où le candidat bloquiste Patrick O'Hara retente sa chance après avoir mordu la poussière, en 2021, par seulement 12 voix d'écart avec les libéraux.

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À Brome-Missisquoi, l'ex-ministre Pascale St-Onge avait remporté la course par seulement 197 voix, suivie de près par la candidate bloquiste de l'époque.

Le comédien Jeff Boudreault porte désormais les couleurs du Bloc dans la circonscription. Ses principaux adversaires sont le maire de Bromont, Louis Villeneuve, en tant que candidat libéral, l'athlète Steve Charbonneau, en tant que candidat conservateur, et l'ex-intervenante dans le milieu culturel Zoé Larose, en tant que candidate néo-démocrate.

M. Boudreault reproche à M. Villeneuve de ne pas s'être prêté à l'exercice d'un débat rassemblant tous les candidats dans la circonscription.

«Je pense que les libéraux, à un moment donné dans cette campagne-là, ont adopté la stratégie de la tornade, c'est-à-dire qu'on va se mettre dans le bunker puis attendre que la tempête passe et on va sortir le 29 au matin», a-t-il dit en faisant référence à la date qui suivra le jour de scrutin.

M. Blanchet a, à nouveau, voulu envoyer le message qu'il joue à l'offensive plutôt qu'à la défensive. Il se défend, depuis mercredi, de chercher à sauver les meubles alors que plusieurs journalistes ont relevé qu'il passait beaucoup de temps dans des circonscriptions du 450 qui étaient bloquistes au moment du déclenchement de la campagne électorale. 

«On est totalement en conquête parce qu'on est convaincus qu'un grand nombre de gens décident à la toute dernière minute pour qui ils vont voter, a-t-il lancé, jeudi. Et notre travail, c'est de profiter du fait qu'on est à peu près seuls sur le terrain québécois pour susciter de l'enthousiasme.»

Il n'en demeure pas moins que le Bloc risque de perdre des sièges parmi les 33 qu'il détenait au moment du déclenchement de la campagne électorale.

Les libéraux bénéficient, depuis le début de la campagne électorale, d'une avance importante dans les intentions de vote au Québec sur les bloquistes. Même si la formation de M. Blanchet a réussi à réduire quelque peu l'écart, l'avance des troupes de Mark Carney demeure significative.

M. Blanchet dit, depuis quelques jours, qu'il sent une montée d'appuis jouant en sa faveur. Le chef invite les Québécois à envoyer le plus de députés possible de son parti à la Chambre des communes afin que les bloquistes détiennent la balance du pouvoir sous un gouvernement libéral minoritaire.

«On peut avoir le meilleur des deux mondes: un Parlement fédéral qui pourra négocier plus fort avec Donald Trump et un Parlement fédéral qui va assurer, grâce au Bloc, la préservation des intérêts du Québec», a encore lancé, jeudi, M. Blanchet.

Le chef bloquiste a, à nouveau, fait des arrêts en banlieue de Montréal, au cours de sa 33e journée de campagne.

Il est notamment allé à Longueuil pour dîner en compagnie, notamment, de son candidat et député sortant Denis Trudel.

Canada338 prédit une course très serrée avec les libéraux dans la circonscription de Longueuil-Saint-Hubert, où M. Trudel tente de se faire réélire. Questionné à savoir s'il sent une telle tendance, le député sortant a répondu que «le terrain sent très bon depuis dix jours».

«La dernière fois que j'ai regardé un sondage, c'était le Mainstreet à mi-campagne en 2021. Deux semaines avant la campagne, j'étais en arrière par huit points, j'ai gagné par quatre», a-t-il soutenu.

M. Blanchet avait débuté sa journée à Dorval, municipalité de l'agglomération montréalaise, qui, a-t-il pris soin de souligner, ne fait pas partie du 450. «Alors ça va nuancer un récit», a-t-il fait valoir.

Il y a rencontré le président et directeur général de Bombardier, Éric Martel, dans les installations de l'entreprise à Dorval.

La caravane libérale avait aussi fait un arrêt au même endroit il y a 10 jours. Mercredi, M. Blanchet est également allé visiter une entreprise rencontrée par M. Carney, Nova Bus. «M. Carney est allé là en s'imaginant gagner le comté. Je suis allé là pour lui dire ''ça n'arrivera pas mon ami. Non, non, non!''», a dit le chef bloquiste lorsque questionné sur ce point.

Le Bloc souhaite qu'Ottawa lance une stratégie de l'aérospatiale «afin que le Canada soutienne enfin adéquatement l’avenir de notre fleuron québécois, troisième pôle du monde dans le domaine».