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Le gouvernement Legault a présenté mardi son budget 2024-2025 en parlant d'optimisation, et non d'austérité. Pourquoi? Les Débatteurs du 22 heures ont abordé la question avec Michel Bherer.
Le premier ministre du Québec, François Legault et le ministre des Finances, Eric Girard, ont présenté mardi le budget 2024-2025 avec un déficit qui devrait s'établir à 11 milliards de dollars. Le gouvernement parle malgré tout d'optimisation pour la prochaine année, et non d'austérité.
À l'émission Les Débatteurs du 22 heures de Noovo avec Michel Bherer, Antonine Yaccarini, analyste politique, a expliqué que lorsqu'on parle d'austérité, on parle de coupures, et donc, de services qui seront affectés en fin de compte.
« L'austérité c'est ce que nous avons connu pendant les années du gouvernement Couillard, notamment, et c'est ce qui a permis d'aller chercher un certain magot dont la CAQ a bénéficié lorsqu'elle est arrivée au pouvoir par la suite», a-t-elle expliqué.
À l'inverse, lorsqu'il est question d'optimisation, le but est de ne pas couper dans les services les plus importants. «Nous sommes dans un contexte où les gens ont besoin de services aussi; les gens sont plus vulnérables et nous avons une population vieillissante», précise Mme Yaccarini.
«C'est un choix que le gouvernement fait, mais il nous laisse entendre que nous allons devenir plus efficace, qu'on va optimiser, qu'on essayer de couper dans le gras sans toucher aux programmes.»
À voir aussi : Budget du Québec 2024-2025: pourquoi le déficit du Québec est-il si gros?
Les différents partis d'opposition ont largement critiqué le budget 2024-2025 de la CAQ tout comme plusieurs organismes communautaires et des syndicats. La priorité ayant été donnée au domaine de l'éducation et de la santé, il en reste peu pour d'autres secteurs.
«Les ententes avec le secteur public coûtent 3M$ supplémentaires — on ne met pas tout le déficit sur le dos de ces ententes — il n'y a pas énormément de marge pour annoncer autre chose», a souligné Antonine Yaccarini.
L'analyste politique croit toutefois qu'en ce qui concerne la question du logement, il faut voir un peu plus loin qu'une question d'argent.
« Dans le logement, des sommes ont déjà été annoncées. Le logement, ce n'est pas seulement une question d'argent, c'est aussi une question de processus bureaucratique très lourd. Tant qu'on ne nous présentera pas un plan où on fait en sorte que du début à la fin ce soit plus facile de construire des logements au Québec, on aura beau injecter des milliards et des milliards, on ne verra pas le bout de cette crise du logement», estime-t-elle.
Mme Yaccarini s'inquiète par ailleurs par rapport au plan du gouvernement du Québec pour un retour à l'équilibre budgétaire.
«Le ministre a décidé que ce n'était pas le moment maintenant, dans le contexte actuel, de s'attaquer à ça et de déposer un plan. Il y a un peu matière à s'inquiéter, on ne sait pas quand on va se sortir de ça et les perspectives sont assez sombres», a-t-elle exprimé.
«Quand on décide de ne pas couper en santé et en éducation, deux gros postes budgétaires, on peut se demander "comment on va faire"? L'année prochaine, on devrait avoir un début de plan parce que le ministre pense que l'économie va commencer à reprendre et que ça va être possible de penser à la sortie du déficit», a-t-elle dit.
Pour sa part, Rodolphe Husny, analyste politique, estime que les choix de la CAQ en lien avec le déficit ne sont pas «responsables».
«D'un autre côté, le gouvernement s'achète du temps ; il attend la mise en place de l'Agence de la santé, il attend qu'il y ait des changements en éducation avant de regarder de façon globale des finances publiques», conclut-il.
Voyez l'intervention des Débatteurs du 22 heures — Antonine Yaccarini, Rodolphe Husny, François Lambert et Déborah Cherenfant dans la vidéo ci-haut.