Dans une lettre qu’elle a lue lors des observations sur la peine de Lafontaine, jeudi au palais de justice de Longueuil, et lorsqu'elle s'est confiée à Noovo Info, elle dit être encore victime de dissociation et qualifie ses souvenirs «d’insupportables».
«À tout instant de ma vie quotidienne, lorsque je m'y attends le moins, je peux me retrouver submergée par la panique, dissociée ou être en état d'hypervigilance. C'est épuisant et handicapant», a-t-elle lu devant la juge Dannie Leblanc.
«Pierre revient dans mes cauchemars et les abus me hantent au quotidien.»
La Couronne suggère une peine de sept ans de prison, alors que la défense propose plutôt trois ans d'emprisonnement pour l'ancien chauffeur d'autobus scolaire. La juge rendra sa décision le 3 juin prochain.
L'accusé a quant à lui présenté des excuses à la victime et dit regretter profondément ses gestes.
La victime, dont on doit protéger l'identité, se demande encore pourquoi Pierre Lafontaine s’en est pris à elle, soulignant qu’il lui a volé une partie de ce qu'elle aurait pu être aujourd’hui.
«Il m'a complètement arraché mon adolescence», a-t-elle raconté en entrevue avec Noovo Info.
Les agressions de Pierre Lafontaine envers la jeune femme ont débuté à la fin de juin 2009, alors qu'elle était âgée de 15 ans. Lafontaine était âgé de 55 ans. Lafontaine s'était lié d'amitié avec la victime et était devenu son confident. Pendant des années, il lui a fait subir des relations sexuelles «fréquentes, intenses et dégradantes».
Les événements qu’elle a vécus ont encore à ce jour des conséquences dévastatrices dans sa vie.
«La gestion du choc post-traumatique au quotidien me demande tellement d'énergie que je ne peux pas aller travailler. […] C'est une agression qui a duré plusieurs années et qui a affecté énormément ma vie d'adulte», dit-elle.
Elle mentionne avoir déboursé beaucoup d’argent en thérapie afin de guérir de ses traumatismes. Rappelons que c'est après avoir consulté un psychologue des années après les faits que la jeune femme a réalisé que ce qu'elle a vécu «n’était pas normal».
Avec ses démarches judiciaires, elle espère aujourd'hui que d'avoir pris la parole en dénonçant les abus qu'elle a vécus permettra de prouver à d’autres victimes d’agression sexuelles que c’est possible de s’en sortir.
«Si ça peut encourager une autre victime à porter plainte ou à essayer de guérir de ses traumas parce que malgré tout ce que je traverse, je vais beaucoup mieux que quand j'ai commencé», a-t-elle souligné.
«Je ne pense pas que je serais capable d'être la mère et la femme que je suis aujourd'hui si j'avais juste continué à me dire que ça n’existe pas, que c'est beau, qu’il ne s'est rien passé.»
À voir dans la vidéo.