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Le spectre d’une récession devient de plus en plus inévitable. Le président américain a-t-il un plan?
Ça y est, l’imposition les tarifs douaniers est de nouveau suspendue. Donald Trump a annoncé, via les médias sociaux, un nouveau délai de 90 jours pour l’instauration des tarifs annoncés le 2 avril dernier. On a envie de pousser un soupir de soulagement en voyant les marchés repartir à la hausse. Mais le spectre d’une récession devient de plus en plus inévitable. Le président américain a-t-il un plan?
L’imprévisibilité est un poison pour l’économie. Les marchés sont en chute libre, nonobstant un petit soubresaut à la suite de l’annonce du report de 90 jours. Une petite remontée de bien courte durée.
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Récapitulons. Le 21 janvier, Trump promet des tarifs pour le Canada et le Mexique. Le 1er février, un décret est signé pour des tarifs d’urgence de 25 % pour le Canada et le Mexique, sous des prétextes de trafic de fentanyl, et 10 % pour la Chine. Le 3 février, les tarifs sont reportés au 2 avril pour le Canada et le Mexique. Le 10 février, un décret est signé pour instaurer des tarifs sur l’acier et sur l’aluminium. Le 5 mars, on nous annonce des exceptions sur les voitures et certaines autres marchandises, ainsi qu’une réduction sur la potasse. Le 11 mars, à la suite des menaces de Doug Ford de couper l’électricité, les États-Unis annoncent que les tarifs sur l’acier et l’aluminium seront doublés.
Le 2 avril, Trump annonce une série de tarifs pour un grand nombre de pays, mais pas le Canada et le Mexique. Puis, le 9 avril, on nous annonce le report de 90 jours. Il est difficile d’y voir une séquence logique et planifiée. Cela semble du grand n’importe quoi!
Cette histoire de tarifs agressifs est née au cours du premier mandat de Trump. N’ayant pas de conseiller économique, le président Trump demande à son gendre, Jared Kushner, de lui en trouver un. Ce dernier se met à la recherche de livres traitant d’économie sur Amazon, dans l’espoir de tomber sur un auteur américain qui semble compétent pour l’emploi. Joie ! Il trouve un livre ayant pour titre Death by China, écrit par un certain Peter Navarro. Ce dernier cite abondamment un expert du nom de Ron Vara pour appuyer une doctrine économique visant à faire face à une Chine qui tue l’économie américaine à petit feu sous le regard hagard des politiciens. Sa solution? Des tarifs agressifs.
Or, Ron Vara n’existe pas. Il s’agit d’une anagramme de Navarro. Le nom Ron Vara n’a pas seulement été utilisé dans ce livre, il a aussi signé un mémo protarif qui a circulé à Washington en 2019. Bref, cette doctrine est l’œuvre d’un seul homme. À peu près tous les économistes du monde ne pensent pas qu’il s’agit d’une bonne idée.
Trump nous fait un peu penser à un enfant qui appuie sur tous les boutons de la manette de PlayStation, parce que ça ne fonctionne pas instantanément comme il le voudrait, en détraquant encore davantage la machine.
Dans les derniers jours, Jamieson Greer témoignait devant la Chambre des représentants. Le représentant au commerce de Trump semblait dire qu’il n’était pas au courant du report avant que le président ne l’annonce. Les démocrates ont fortement réagi en constatant que Greer semblait apprendre en direct, devant les représentants, l’annonce présidentielle.
Cela donnait une grande impression d’improvisation. Mais serait-il possible que Jamieson Greer ait été simplement tenu en dehors d’une boucle plus restreinte?
Si au contraire, tout ce cirque était volontaire et planifié?
Les rumeurs de manipulation des marchés vont bon train. Une manipulation de marché consiste à diffuser des déclarations trompeuses dans l’intention de faire fluctuer les cours boursiers. Si en plus, Trump avise ses amis riches avant les faits, vous pouvez ajouter une couche de délit d’initié. En bref, si tu sais que les marchés vont fluctuer, tu peux vendre avant que les bourses ne s’effondrent, et tu peux acheter quand les cours sont bas… pour mieux revendre quand cela remontera.
Trump n’a pas fait grand-chose pour calmer les rumeurs. Hier, il incitait ses abonnés à acheter des actions juste avant d’annoncer le report de tarifs.
Cela demeure néanmoins difficile à prouver. Et avec la majorité dans les deux chambres, le président peut continuer de jouer le pied sur la ligne et de tester constamment jusqu’où il peut aller en toute impunité.
Alors, à votre avis, Trump est-il en train d’improviser ou est-ce que les choses se passent exactement comme prévu?
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