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Trump a dit qu'il n'y aurait pas de droits de douane pour les entreprises qui délocalisent leurs activités aux États-Unis.
Alors que les turbulences sur les marchés ébranlaient certains élus à Washington, mardi, les conseillers les plus proches du président Donald Trump se sont rapidement déployés dans des émissions d'information à la télévision pour plaider le lien entre le trafic de fentanyl et les droits de douane imposés au Canada et au Mexique.
«Ce n'est pas une guerre commerciale, c'est une guerre contre la drogue, a soutenu le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, sur les ondes de CNBC. J'espère qu'ils le comprennent.»
Le décret présidentiel frappant le Canada et le Mexique de droits de douane est entré en vigueur mardi. Il prévoit des droits de 25 % sur toutes les exportations de ces pays, sauf sur l'énergie canadienne, taxée de 10 %.
Le président Trump est allé de l'avant avec des «décrets exécutifs» en se prévalant de la Loi sur les pouvoirs économiques en cas d'urgence internationale. Cette loi d'exception lui permet de réglementer les relations commerciales après avoir déclaré une «situation d'urgence nationale» concernant le fentanyl provenant de l'étranger.
Mais les propres données du Service américain des douanes et de la protection des frontières montrent que seul un petit volume de fentanyl arrive illégalement aux États-Unis depuis le Canada. Ainsi, l'agence américaine fait état de seulement 13,6 grammes de fentanyl saisis en janvier dernier par le personnel de la patrouille frontalière du nord.
On a demandé à M. Lutnick mardi si le fentanyl était utilisé comme prétexte pour frapper le Canada de droits de douane. Il a répondu que le président Trump avait demandé une étude sur les droits de douane, qui doit être terminée le 2 avril, et que la taxe de vente sur les produits et services au Canada constituait de fait un «droit de douane».
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M. Lutnick a également déclaré que le président Trump souhaitait une «réduction significative» des décès liés aux opioïdes, comme le fentanyl.
Peu de temps après, le président Trump a écrit sur les réseaux sociaux qu'il n'y aurait pas de droits de douane pour les entreprises qui délocalisent leurs activités aux États-Unis. Il a aussi répété l'affirmation, fausse, selon laquelle Ottawa n'autorise pas les banques américaines à mener des activités au Canada.
Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré mardi à Ottawa que les États-Unis avaient lancé une guerre commerciale continentale «vraiment stupide» et que le Canada était maintenant contraint de riposter. Il a déclaré que le Canada impose des droits de rétorsion immédiats de 25 % sur 30 milliards $ de produits américains, et les étendrait pour couvrir 125 milliards $ supplémentaires de marchandises américaines dans 21 jours.
«Veuillez expliquer au gouverneur Trudeau, du Canada, que lorsqu'il imposera des droits de rétorsion aux États-Unis, nos droits augmenteront immédiatement d'un montant équivalent!», a répondu le président Trump sur les réseaux sociaux.
Bien que le président américain n'ait pas évoqué le fléau du fentanyl dans aucun de ses messages sur les réseaux sociaux, ses plus proches alliés ont répété cette rhétorique mardi. Le vice-président JD Vance a déclaré aux journalistes au Capitole que «les Canadiens n'ont pas pris au sérieux la question du trafic de drogue».
«Les gens disent parfois: "Eh bien, si vous regardez les chiffres, les Mexicains envoient beaucoup plus de fentanyl aux États-Unis que les Canadiens". Les Canadiens ont laissé entrer beaucoup de fentanyl dans le pays, a déclaré M. Vance. Ce n'est pas une défense de dire qu'il en est venu davantage du Mexique.»
M. Vance a déclaré que le président Trump aura des conversations avec «les Canadiens».
Ottawa a rapidement augmenté les ressources à la frontière après que le président Trump a évoqué pour la première fois sa menace de droits de douane. Le Canada a nommé un nouveau «tsar du fentanyl», a inscrit les cartels mexicains sur sa liste d'«entités terroristes» et a lancé une force de frappe conjointe Canada-États-Unis. Davantage d’hélicoptères et de drones ont été déployés et des agents supplémentaires ont été chargés de surveiller la frontière.
Des corps policiers canadiens ont aussi publiquement annoncé des saisies de drogue.
Le chef de la majorité républicaine au Sénat, John Thune, a exprimé une certaine inquiétude au sujet des droits de douane mardi. Ce républicain du Dakota du Sud, un État fortement axé sur l’agriculture, a déclaré à «Fox News» qu’il voyait la question des droits de douane sous un angle différent de celui du président.
«Je pense que les droits de douane sont, à mon avis, un moyen pour parvenir à une fin – pas une fin en soi, a-t-il soutenu. Et j’espère que ce sera quelque chose qui pourra être de nature temporaire.»
La sénatrice Susan Collins, une républicaine du Maine, a déclaré qu’elle était «très préoccupée» par l’entrée en vigueur des droits de douane, en raison de la proximité de son État avec le Canada.
«L’économie du Maine et celle du Canada sont intégrées», a déclaré Mme Collins, ajoutant qu’une grande partie des homards et des bleuets de cet État sont transformés au Canada, puis retournés aux États-Unis.
Le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a déclaré de son côté que les droits de douane du président Trump rendraient tout plus cher pour les Américains.
Mardi, devant le Sénat, M. Schumer a fait valoir que si des droits de douane ciblés peuvent être des outils utiles lorsqu’ils sont mis en œuvre avec précision, il n’est pas logique de déclencher une guerre commerciale avec les partenaires les plus proches des États-Unis.