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Le taux de chômage s'est maintenu à 4,9 % en juillet au Canada, ce qui correspond au creux historique enregistré en juin.
L'économie canadienne semble s'éloigner de la croissance rapide de l'emploi qu'elle a connu plus tôt cette année, le nombre d'emplois ayant diminué en juillet pour un deuxième mois consécutif, même si le taux de chômage est resté stable.
En effet, à 4,9 %, le taux de chômage se situe toujours à son plus bas depuis le début de la collecte de données comparables en 1976, a indiqué vendredi Statistique Canada dans sa plus récente enquête sur la population active. L'économie a perdu 31 000 emplois en juillet, après en avoir vu disparaître 43 000 en juin.
L'économiste Brendon Bernard, de la firme Indeed, a estimé que même si la perte se situait toujours dans la marge d'erreur de l'enquête, elle signalait malgré tout un changement.
«Il semble que la reprise de l'emploi, qui avait le pied sur une pédale d'accélération fortement enfoncée, soit passée à une vitesse plus neutre», a observé M. Bernard.
M. Bernard a ajouté que le taux de chômage était resté inchangé malgré la perte d'emplois en raison d'une baisse du taux de participation à la population active. La proportion de personnes qui travaillent ou recherchent activement un emploi a chuté par rapport au sommet historique atteint en mars 2022.
Le marché du travail canadien demeure exceptionnellement tendu, avec plus d'un million de postes vacants à travers le pays.
Dans son dernier rapport, Statistique Canada indique que malgré la pénurie de main-d'œuvre persistante, elle n'observe aucune preuve d'une augmentation de la proportion de personnes quittant ou changeant d'emploi.
En outre, le taux d'activité des Canadiens âgés de 25 à 54 ans est relativement inchangé par rapport à ce qu'il était avant la pandémie.
Pour le mois de juillet, le nombre d'employés du secteur public a diminué, tandis que le nombre de travailleurs autonomes a augmenté. Le nombre de travailleurs du secteur privé a peu varié.
L'économiste Andrew Grantham, de la Banque CIBC, a noté que les pertes d'emplois en juillet étaient concentrées dans le secteur des services, y compris le commerce de gros et de détail, l'éducation et la santé.
«Avec certains de ces secteurs qui affichent des taux de vacance élevés, l'offre de main-d'œuvre, plutôt que la demande, semble être le principal problème», a indiqué M. Grantham dans un courriel.
M. Bernard a admis qu'il s'attendait à une reprise plus forte du secteur de l'hébergement, fortement touché par la pandémie, mais cet élan ne s'est pas concrétisé. «Je pense qu'une partie de l'histoire est simplement que les gens se sont déplacés vers d'autres secteurs», a-t-il estimé.
Le rythme de croissance des salaires est également resté stable par rapport à juin, le salaire horaire moyen ayant augmenté de 5,2 % d'une année à l'autre.
La pénurie de main-d'œuvre au Canada est attribuable aux changements démographiques de la population, le nombre de départs à la retraite dépassant le nombre de personnes qui entrent sur le marché du travail. Mais Mikal Skuterud, professeur d'économie à l'Université de Waterloo, s'attend à ce que les choses s'améliorent à long terme.
«D'ici douze à dix-huit mois, je serais très surpris si les marchés du travail étaient aussi tendus qu'ils le sont actuellement. Et je pense que la différence sera assez substantielle», a prédit M. Skuterud.
Le rapport de Statistique Canada s'est également attardé sur la pénurie soutenue de travailleurs dans le secteur de la santé, en mettant l'accent sur les infirmières. Selon Statistique Canada, plus d'une infirmière sur cinq (20 %) a effectué des heures supplémentaires rémunérées en juillet, le niveau le plus élevé depuis que des données comparables sont devenues disponibles en 1997.
À titre de comparaison, environ 10 % de tous les autres employés ont fait des heures supplémentaires en juillet.
Alors que le Canada faisait face à une septième vague d'infections à la COVID-19, 11,2 % des infirmières étaient en congé de maladie pendant au moins une partie de la semaine lorsque l'enquête sur la population active a été menée.
La Banque du Canada porte une attention particulière aux niveaux d'emploi dans le pays en prévision de sa prochaine annonce sur le taux d'intérêt directeur en septembre. Les spécialistes s'attendent généralement à ce qu'elle augmente une nouvelle fois les taux d'intérêt.
Alors que la croissance économique ralentit dans le pays et que la banque centrale tente de maîtriser l'inflation avec des taux d'intérêt plus élevés, des économistes ont souligné que la solide condition du marché du travail rendait le ralentissement unique dans sa nature.
La Banque du Canada espère un «atterrissage en douceur», où l'inflation diminuera sans que les hausses de taux d'intérêt ne déclenchent un grave ralentissement économique.
«Tout ce que je vois me rend de plus en plus optimiste sur le fait que nous pourrions au moins avoir un atterrissage en douceur, a affirmé M. Skuterud. Nous constatons toujours des marchés du travail remarquablement solides à travers le pays.»
La Banque CIBC s'attend à ce que la banque centrale justifie une nouvelle forte hausse de taux en pointant du doigt la faiblesse historique du taux de chômage national et la croissance soutenue des salaires.
«La preuve que l'économie ralentit en raison de l'affaiblissement de la demande, plutôt que des contraintes d'offre, apportera une pause dans ce cycle de hausse des taux, après la prochaine hausse», a estimé M. Grantham.