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Patrouille

Un père qui a tué ses deux enfants dans une explosion à la maison pourrait avoir trouvé les explosifs au travail

La tragédie est survenue à Arvida en janvier 2022.

Un père qui a tué ses deux enfants et s’est suicidé dans une explosion à son domicile d’Arvida en janvier 2022 pourrait s’être procuré le matériel dans la mine où il travaillait.
Un père qui a tué ses deux enfants et s’est suicidé dans une explosion à son domicile d’Arvida en janvier 2022 pourrait s’être procuré le matériel dans la mine où il travaillait.

Un père qui a tué ses deux enfants et qui s'est suicidé dans une explosion à son domicile d’Arvida en janvier 2022 pourrait s’être procuré le matériel dans la mine où il travaillait.

Dérick Lalancette s’était séparé quelques mois avant l’explosion qui lui a coûté la vie et avait la garde partagée de deux enfants de cette union, qui sont décédés en même temps que lui, et de deux autres d’une union précédente. Selon l’enquête de la coroner, il vivait de la détresse psychologique. Des proches à qui il s’était confié ont avoué qu’il trouvait la séparation très difficile, autant sur le plan émotionnel que financier.

Lors d’une consultation en décembre 2021, son médecin lui avait diagnostiqué un trouble d’adaptation avec humeur anxio-dépressive, mais ne considérait pas qu’il présentait d’idées suicidaires ou homicidaires.

L’explosion qui lui a coûté la vie et celles de ses deux enfants s’est produite à 10h03. Deux minutes avant celle-ci, il envoyait un message texte à l’un de ses proches pour lui partager «son état d’âme».

«Le site de l’explosion a été localisé au sous-sol. M. Lalancette avait son plus jeune fils dans un porte-bébé, acheté quelques jours plus tôt, alors que l’autre était à environ un mètre de lui au moment de la déflagration qui a causé un cratère dans le plancher de béton, endommageant l’intérieur complet de la maison», peut-on lire dans le rapport de la coroner.

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Une supervision défaillante des explosifs

Dans son rapport publié le 11 avril dernier, la coroner Francine Danais ne confirme pas hors de tout doute que Dérick Lalancette s’est procuré des explosifs dans la mine où il travaillait, mais montre du doigt la supervision déficiente des matériels explosifs dans les mines de la province.

«On n'a pas été capable de prouver qu'il se les était procurés à son emploi. Sauf qu’il était détenteur d’un permis général d'explosifs (PGE) et il travaillait dans une mine. Il utilisait des explosifs dans le cadre de ses fonctions», a précisé Me Danais en entrevue avec Noovo Info.

«Selon toute vraisemblance, M. Lalancette se serait indûment approprié des explosifs à son emploi puisqu’il en avait l’opportunité.»
-Me Francine Danais, coroner

La coroner relève que les mesures de sécurité au lieu de travail de M. Lalancette s’étaient relâchées pendant la pandémie de COVID-19. Il n’y avait plus de fouille aléatoire des employés à leur sortie du travail, par exemple. Aucune caméra de surveillance n’était non plus installée, tandis que le registre des entrées et sorties d’explosifs était «souvent mal rempli et pas vérifié».

«Il n’y a aucune concordance effectuée entre l’inventaire total et l’ensemble des registres (des différents niveaux) qui les rend de ce fait inutiles», note Me Danais.

La coroner souligne d’ailleurs que la Loi sur les explosifs date de 1970 et qu’elle n’a subi que peu de modifications depuis son entrée en vigueur, bien que l’usage des explosifs s’est répandu.

«On révise les lois de façon systématique, fréquemment, mais celle-là, elle est tombée dans l'oubli. Je pense que là, on a un bon motif pour le faire.»

Les recommandations

En conclusion de son rapport, la coroner Francine Danais émet des recommandations pour le ministère de la Sécurité publique, à la CNESST et l’Association minière du Québec.

Elle enjoint le ministère à revoir la Loi sur les explosifs «dans les meilleurs délais» et à augmenter les sanctions pour les contrevenants. «Les contraventions de vitesse coûtent plus cher que ces sanctions, pratiquement», déplore-t-elle.

À l’Association minière du Québec, Me Danais demande notamment d’inviter ses membres à rendre obligatoire la fouille des employés travaillant dans les mines souterraines avant qu’ils ne quittent leur lieu de travail. La fouille devrait comprendre la vérification des boîtes à lunch, des valises et les vêtements qui ne sont pas directement sur l’employé, insiste-t-elle.

«Présentement, tu entres dans le dépôt, tu prends ce que tu veux. Tu écris dans le registre que tu as sorti cinq bâtons de dynamite, mais en réalité tu en sors dix. Personne ne peut le savoir», déplore Me Danais.

«C'est plus facile de sortir un bâton de dynamite d'une mine que de sortir un bonbon d'un magasin de bonbons parce qu’au magasin, le gérant va être à la porte et va t’empêcher de partir.»

La bonne pratique de l’entreposage des explosifs des explosifs sur les sites miniers souterrains pourrait aussi être revue, selon la coroner.

Enfin, Me Danais recommande que l’Association minière du Québec, en collaboration avec la CNESST, «étende les mesures de sensibilisation à la détection de la détresse psychologique à l’ensemble de ses membres et les incite à informer leur supérieur lorsqu’ils ont des craintes pour l’un de leurs collègues».