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Politique

Prière dans les rues: Legault accusé de s'acharner sur les musulmans

«Il me semble que c'est constamment les musulmans», soutient le ministre fédéral de l'Immigration.

PATRICK DOYLE / La Presse Canadienne
PATRICK DOYLE / La Presse Canadienne
Michel Saba
Michel Saba / La Presse canadienne

Le ministre fédéral de l'Immigration, Marc Miller, constate que le premier ministre du Québec, François Legault, «tape toujours sur le dos des musulmans». 

«Je ne sais pas sur quoi M. Legault s'acharne. Il me semble que c'est constamment les musulmans», a-t-il affirmé, mardi, lorsque questionné à son arrivée à la réunion du conseil des ministres.

M. Miller, qui a appelé au respect de la liberté d'expression et de religion, était appelé à réagir à l'annonce de M. Legault faite vendredi aux «islamistes»voulant qu'il recoure possiblement à la clause dérogatoire pour interdire la prière dans les lieux publics, comme les parcs.

«C’est un commentaire qu’il a fait depuis Notre-Dame, c’est ça? (...) Ah! Il n’était pas en pleine messe», a d'abord lancé, avec ironie, M. Miller.

Il a souligné à grands traits que «c'est ironique» que ses propos sur la laïcité interviennent à peine quelques heures avant la participation de M. Legault à l'inauguration de la célèbre cathédrale parisienne, un lieu «immensément religieux».

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«Les gens ont le droit de prier en public, qu'on soit juif, qu'on soit en train de faire un pèlerinage à l'oratoire Saint-Joseph comme on voit (...) surtout l'été, les gens qui grimpent l’escalier à genoux, les chrétiens. Est-ce que ça serait banni», a-t-il demandé en remettant en question la manière d'appliquer une telle disposition.

Le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique (NPD), Alexandre Boulerice, a lui aussi dit en mêlée de presse qu'il remarque que le premier ministre Legault «pointe du doigt toujours le même groupe».

«Ça arrive souvent que M. Legault (...) il pointe du doigt les immigrants, il pointe du doigt les musulmans, a-t-il élaboré. Je pense que c'est un populisme qu’il essaie d'exploiter.»

M. Boulerice l'a accusé d'employer des «tactiques de diversion» et d'agiter «des épouvantails» pour distraire des problèmes de la vie courante de «monsieur et madame Tout-le-Monde».

«Il me semble qu'il devait avoir du pain sur la planche pour s'occuper du système de santé, puis des urgences, s'occuper des écoles, s'occuper de l'accès à un loyer qui est décent, un loyer qui est vraiment abordable», a-t-il dit.

«S'immoler d'indignation»

Lors de la période des questions, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a demandé au premier ministre du Canada, Justin Trudeau, s'il «dénonce l'acharnement de son ministre» contre M. Legault ou s'il «le cautionne».

M. Trudeau lui a répondu que son gouvernement va toujours défendre les libertés individuelles et la Charte des droits et libertés canadienne.

«La liberté de pensée, de croyance, d'expression, ce sont des choses que notre gouvernement va toujours défendre. Évidemment, nous allons continuer de protéger ces droits à la grandeur de notre pays», a-t-il soutenu en lisant parfois des notes.

Dans une question subséquente, le chef bloquiste a réclamé que M. Miller attende de «voir ce que fera le gouvernement du Québec avant de s'immoler d'indignation».

Mutisme d'Elghawaby

La représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l'islamophobie, Amira Elghawaby, a également refusé de commenter directement les propos de M. Legault.

«C'est une question pour les élus du Québec d'en parler avec les communautés qui vont être impactées par cette proposition», a-t-elle répété inlassablement en conférence de presse à Ottawa.

Le ministre fédéral de la Justice, Arif Virani, a quant à lui déclaré qu'il ne s'agit que de «spéculations» puisque M. Legault n'a pas déposé de projet de loi.

«Sur le fond, je crois que les droits de n’importe quel Québécois sont les mêmes sur la Charte canadienne que ceux de n’importe quel Canadien. Ça inclut le droit de pratiquer leur religion», a-t-il ajouté.

Le lieutenant politique de Justin Trudeau pour le Québec, Jean-Yves Duclos, a lui aussi expliqué qu'il faudra voir «ce que M. Legault a en tête».

«C'est sûr que plusieurs personnes soulèvent des questions par rapport aux libertés fondamentales, mais, avant de se prononcer davantage, il faut avoir des précisions de M. Legault», a-t-il dit.

M. Legault avait tenu ses propos vendredi dernier lors du dernier jour de la session parlementaire à Québec. Il avait expliqué qu'il va «se battre» pour défendre les valeurs fondamentales du Québec, comme «la laïcité, l'égalité homme-femme», et s'était dit agacé de voir des gens prier «à genoux dans la rue».

Michel Saba
Michel Saba / La Presse canadienne