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International

Des survivants d'abus lancent une base de données sur la gestion des cas par l'Église

La base de données devait être mise en ligne prochainement.

De gauche à droite, les militants Sarah Pearson et Peter Isely et le président du SNAP, Shaun Dougherty, s’adressent aux journalistes lors d’une conférence de presse du Réseau des survivants abusés par des prêtres à Rome, le mardi 25 mars 2025.
De gauche à droite, les militants Sarah Pearson et Peter Isely et le président du SNAP, Shaun Dougherty, s’adressent aux journalistes lors d’une conférence de presse du Réseau des survivants abusés par des prêtres à Rome, le mardi 25 mars 2025.
Colleen Barry
Colleen Barry / Associated Press

Un réseau de survivants d'abus sexuels du clergé a annoncé mardi la création d'une base de données des dossiers des cardinaux catholiques sur la gestion de ces cas, afin d'influencer le prochain conclave papal. Il a également exhorté le pape François, dans une lettre, à adopter une politique mondiale de tolérance zéro, à l'instar de l'Église américaine.

Le Réseau des survivants abusés par des prêtres (SNAP) a dévoilé «Conclave Watch», une base de données recensant les dossiers des cardinaux concernant les abus sexuels commis par le clergé. Il espère que cette question sera au cœur des débats lors de l'élection du prochain pape.

Les membres du conseil d'administration du SNAP sont arrivés à Rome il y a trois semaines, alors que le pape François était hospitalisé dans un état critique, et que la perspective d'un conclave semblait imminente. 

Le souverain pontife est rentré au Vatican dimanche après avoir vaincu une double pneumonie, avec l'ordre médical de se reposer pendant les deux prochains mois, mettant ainsi fin, du moins pour l'instant, à l'idée d'une démission papale ou de funérailles qui déclencheraient le processus de désignation d'un successeur.

«Nombreux sont ceux qui m'ont demandé: "Pourquoi maintenant? Le pape est malade. Ce n'est pas le moment"», a raconté Shawn Dougherty, président du conseil d'administration du SNAP et survivant originaire de Pennsylvanie, lors d'une conférence de presse. «Nous nous sommes dit: "si ce n'est pas maintenant, quand, et si ce n'est pas nous, qui?"»

La base de données devait être mise en ligne prochainement, en commençant par six cardinaux, dont cinq ont été choisis pour leur rôle décisionnel au sein de l'Église catholique romaine dans le traitement des cas d'abus sexuels commis par le clergé. D'autres seront ajoutés.

L'initiative examine les cardinaux considérés comme candidats à la papauté en fonction de leurs antécédents en matière de traitement des cas d'abus sexuels, notamment leur éventuelle implication dans la dissimulation d'affaires, ainsi que leur acceptation de la loi de tolérance zéro que le SNAP souhaite voir adoptée par le pape François.

L'organisation a également publié une lettre adressée au pape François, l'exhortant à adopter sa loi de tolérance zéro, rédigée avec des avocats canonistes et civilistes, ainsi qu'avec des experts en droits de la personne, qui exclurait les prêtres auteurs d'abus sexuels notoires de leurs ministères et tiendrait les évêques responsables en cas de dissimulation.

À ce jour, le seul pays où il existe des normes pour exclure les auteurs d'abus sexuels notoires de la prêtrise est les États-Unis, a noté Peter Isley, du groupe de travail sur les politiques mondiales du réseau. «Les États-Unis ne représentent que 6 % du monde catholique. Donc, 94 % des gens ne l’ont pas», a-t-il pointé.

Le groupe espère que la lettre sera remise au pape d’ici la fin de la semaine par Juan Carlos Cruz, un Chilien victime d’abus nommé par le pape comme défenseur international des survivants.

Le SNAP a souligné l’importance de faire avancer ce dossier alors que le pape poursuit sa convalescence, à la suite de son annonce, en février, de la publication d’une exhortation apostolique dédiée aux enfants afin de les sensibiliser à leurs droits. Ils espèrent que leur définition de la tolérance zéro sera véritablement consacrée.

«Nous lui souhaitons un rétablissement complet, car nous avons du travail à faire ensemble», a indiqué Peter Isley.

Colleen Barry
Colleen Barry / Associated Press