Début du contenu principal.
Mgr Gérald Cyprien Lacroix invite même la plaignante à porter plainte au criminel.
À la suite de la publication du rapport d’enquête commandé par le pape sur les allégations de nature sexuelle contre lui, le cardinal Gérald Cyprien Lacroix réitère son innocence, mais ne reprend toujours pas ses fonctions d’archevêque de Québec.
Dans une vidéo publiée jeudi sur YouTube (à voir ci-contre), Mgr Lacroix se réjouit que l'ex-juge André Denis, à qui le Vatican a demandé de faire la lumière de façon indépendante sur la dénonciation d'une femme qui dit avoir été victime d'attouchements de l'homme de foi à la fin des années 1980, ait conclu que «les faits allégués portent à équivoque et ne peuvent être reliés à aucun fait de [son] histoire de vie».
Mgr Lacroix invite même la plaignante, qui était âgée de 17 ans au moment des faits allégués, à porter plainte au criminel «pour qu’un procès en bonne et due forme soit fait». Le cas échéant, il sera prêt à «faire entendre [son] témoignage».
Malgré son «innocence», Mgr Lacroix refuse de reprendre ses fonctions immédiatement comme archevêque de Québec.
«Ce n’est certes pas ce que je souhaite en ce moment, mais c’est ce que je crois le mieux à faire dans les circonstances», dit-il.
Mgr Lacroix «insiste surtout sur le fait qu'[il] souhaite que la lumière soit faite de façon complète et entière sur les allégations qu’on [lui] reproche».
L'ex-juge Denis n'est jamais parvenu à parler à la plaignante dans le cadre de son enquête – elle aurait refusé de nombreuses demandes de rencontre. Pour Mgr Lacroix, cela n'enlève rien au caractère indépendant de ladite enquête du juge à la retraite, «qui a de l'expérience dans les dossiers d'abus sexuels» en lien avec l'Église.
Mgr Lacroix, qui a accepté de participer à l'enquête. salue «l’ampleur» de la recherche et «la rigueur» du travail de l'ex-juge Denis. «J’ai participé à cette procédure qui témoigne que l’Église prend les abus au sérieux», dit-il.
Le rapport de l'ex-juge Denis blanchit Mgr Lacroix. L’enquête à l’endroit de l’archevêque de Québec n’a pas permis «d’identifier des gestes qui relèvent de l’inconduite ou de l’abus». On ne recommande donc aucune sanction.
«Le moins que l’on puisse inférer, c’est que la description des actes allégués porte à équivoque», a commenté l'ex-juge Denis en conférence de presse mardi.
Le camp de la plaignante ne partage pas l'avis du cardinal. Le rapport du juge Denis n'est pas «valide» et «ne veut rien dire», a réagi Me Alain Arsenault, l'avocat de la plaignante, après la publication des résultats de l'enquête. «Notre cliente ne voulait pas participer au système privé de justice du Vatican. Elle veut le système de justice public, crédible de la Cour supérieure», a réagi Me Arsenault cette semaine.
Le nom de Mgr Lacroix s'était retrouvé dans des documents judiciaires déposés le 26 janvier dans le cadre d'une action collective intentée contre l'archidiocèse de Québec par de présumées victimes d'agressions sexuelles. On peut y lire les allégations d'une femme qui dit avoir été victime d'attouchements sexuels de la part du cardinal en 1987-1988.
Me Arsenault a souligné que le rapport du juge Denis ne «change absolument rien» à l'action collective qui est en cours actuellement. «Ça n'a aucune incidence.»
Mgr Lacroix a toujours nié les allégations qui pesaient contre lui. En janvier dernier, il s'était défendu dans une vidéo. «Jamais, à ma connaissance, je n’ai posé de gestes inappropriés envers qui que ce soit, qu’il s’agisse de personnes mineures ou adultes», avait-il avancé. Il est l'une des personnalités catholiques les plus influentes du Canada. Lorsqu'il a été nommé archevêque de Québec en 2011, il devenait d'office «primat de l'Église catholique du Canada». Le pape François l'a désigné cardinal en janvier 2014.