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«Je veux aujourd'hui envoyer un message très clair aux islamistes»
Le premier ministre François Legault a profité du dernier jour de la session parlementaire, vendredi, pour annoncer aux «islamistes» qu'il se «battra» pour les valeurs québécoises et recourra possiblement à la clause dérogatoire pour interdire la prière dans les lieux publics, comme les parcs.
«Je veux aujourd'hui envoyer un message très clair aux islamistes, a-t-il commencé lors de son bilan de la session. Les valeurs fondamentales qu'on a au Québec, comme la laïcité, l'égalité homme-femme, bien on va se battre, et jamais on va accepter que des personnes essaient de ne pas respecter ces valeurs.»
«Au Québec, il n'y a pas de place pour la religion dans le secteur public. Et il n'y a pas de place non plus pour les gens qui pensent que les hommes et les femmes ne sont pas égaux. Le message doit être très clair pour tous les islamistes qui sont ici», a-t-il ajouté.
Le premier ministre réagissait aux récents reportages concernant des pratiques religieuses qui sont observées dans les écoles publiques. Mais il ne s'est pas arrêté là. En réponse à une question d'un journaliste, il s'est dit agacé de voir des gens prier «à genoux dans la rue».
«Moi, de voir du monde à genoux dans la rue à faire des prières, je pense qu'il faut se poser la question. Je ne pense pas que c'est quelque chose qu'on devrait voir», a-t-il dit. Il a ajouté qu'il songeait à légiférer pour carrément interdire la prière dans les lieux publics.
Pour y arriver, il se dit ouvert à recourir à la clause dérogatoire, qui permet au Québec de se soustraire à la Charte canadienne des droits et libertés. «On regarde toutes les possibilités, incluant l'utilisation de la clause dérogatoire. On ne souhaite pas voir des prières dans les rues», a affirmé M. Legault.
Plus tôt dans la journée, le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, avait annoncé son intention de déposer un projet de loi pour «renforcer la laïcité dans les écoles».
Il commentait les révélations du reportage de «La Presse», selon lequel l'école secondaire Saint-Maxime, à Laval, permettrait notamment la prière pendant les cours, en présence des enseignants, et dans les couloirs.
«Écoutez, ce n'est pas notre Québec, ça», a déclaré M. Drainville en mêlée de presse. Il a également déploré que les élèves aient apparemment «chahuté» pendant les activités d'éducation à la sexualité.
«Les événements mis en lumière à l'école Saint-Maxime de Laval sont complètement intolérables et inacceptables. Ces actes de nature religieuse contreviennent clairement aux obligations en matière de laïcité.
«On s'attend à ce que le centre de services scolaire de Laval poursuive ses vérifications. (...) Si des actions disciplinaires doivent être imposées, on s'attend à ce que le centre de services les impose», a ajouté le ministre.
Dans un communiqué, le CSS de Laval a tenu à réitérer son engagement «à faire respecter la loi dans toutes ses écoles». Il a assuré «que des actions concrètes seront prises, si nécessaire».
«Les allégations portées à notre attention sont graves et préoccupantes, a déclaré son directeur général, Yves Michel Volcy. Nous irons au fond des choses et, si des actions correctives doivent être prises, elles le seront avec diligence.»
M. Volcy a révélé que la direction de l'école Saint-Maxime a déjà eu à intervenir dans le passé pour faire respecter les principes de laïcité.
L'enjeu de la laïcité dans les établissements scolaires a suscité beaucoup de débats au cours de la session parlementaire, notamment avec de nombreux cas d'écoles qui ont fait les manchettes dans les médias.
Le gouvernement avait déjà annoncé le mois dernier qu'il ferait des vérifications dans 17 écoles du Québec. Les résultats d'un rapport devraient arriver en janvier.
Mais le ministre dit vouloir déjà passer à l'action, «à la lumière des événements qui se multiplient».
«Nos écoles publiques sont laïques. Elles doivent être des lieux où les élèves peuvent apprendre et socialiser sans subir une quelconque pression liée à des croyances religieuses. Nos écoles doivent également incarner les valeurs québécoises, particulièrement celle de l'égalité homme-femme», a-t-il déclaré.
Il a ajouté que, comme le premier ministre l'avait demandé à lui et à son collègue responsable de la Laïcité, Jean-François Roberge, toutes les options seront examinées. Il n'a pas dit exactement à quel moment le projet de loi serait déposé.
Chose certaine, les témoins d'actes de nature religieuse dans les écoles doivent les dénoncer, selon le ministre de l'Éducation. «Ce que je dis aux gens qui nous écoutent, c'est dénoncer aux centres de services scolaires, au ministère, au Protecteur de l'élève. La loi du silence, c'est terminé», a-t-il lancé.
La bougie d'allumage de ce débat a été un rapport du ministère de l'Éducation sur l'école Bedford, à Montréal, publié en octobre, où il était question de «certaines pratiques religieuses, telles que des prières dans les salles de classe ou encore des ablutions dans les toilettes».
Des filles se sont par ailleurs vu interdire de jouer au soccer, des élèves en difficulté n'ont pas reçu de services spécialisés, tandis que les sciences et l'éducation à la sexualité étaient peu ou pas enseignées.
Onze professeurs de cette école ont été suspendus depuis.