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L'Église catholique à Montréal compte environ 180 paroisses.
Alors que Montréal est aux prises avec une hausse de l'itinérance, l'archidiocèse catholique de la ville crée une nouvelle branche immobilière qui, selon lui, contribuera à garantir que tout réaménagement des propriétés des églises réponde aux «besoins urgents de la communauté».
La création de la Corporation immobilière catholique romaine de Montréal (CICRM), annoncée jeudi, est la première filiale à but non lucratif créée par un archidiocèse catholique «pour utiliser le développement immobilier comme levier de valorisation patrimoniale et de bénéfices pour la communauté», a indiqué l'Église dans un communiqué.
Avec la diminution des paroisses et le vieillissement des bâtiments, le travail pastoral devient plus difficile, a déclaré Mgr Christian Lépine, lors d'une entrevue mercredi à la cathédrale Marie-Reine-du-Monde de Montréal.
Plus tôt ce mois-ci, Québec solidaire a appelé le gouvernement de la Coalition Avenir Québec à s'intéresser aux espaces d'église sous-utilisés ou vides pour contribuer à la lutte contre l'itinérance à Montréal.
M. Lépine a indiqué que les églises ont toujours été prêtes à «offrir de l'espace, de la place», en temps de crise, et que certaines églises accueillent déjà des personnes en situation d'itinérance. Certaines paroisses ont transformé des bâtiments qui abritaient autrefois le clergé en logements sociaux, a-t-il souligné, mais les églises ne sont qu'une partie de la solution.
«Nous ne pouvons pas y arriver seuls, a-t-il soutenu. Cela dépend aussi de la Ville et des organismes.»
L'Église catholique à Montréal compte environ 180 paroisses, a déclaré Stefano Marrone, qui supervise actuellement le patrimoine immobilier des églises et qui a été nommé président-directeur général de la nouvelle CICRM.
M. Marrone accompagne les paroisses dans leurs projets de réaménagement ou d'immobilier. L'objectif, a-t-il précisé, est de collaborer avec les différents niveaux de gouvernement et d'autres partenaires potentiels «afin que tout développement ait un impact social sur la communauté».
Robert Beaudry, membre du comité exécutif de la Ville de Montréal responsable de la lutte contre l'itinérance, a souligné que l'Église servait déjà depuis longtemps de refuge aux personnes vulnérables.
«De nombreux groupes communautaires ont vu le jour dans des sous-sols d'églises, notamment des soupes populaires», a-t-il affirmé, lors d'un entretien téléphonique. «Si l'on se souvient de l'endroit où est née l'action communautaire au Québec, c'est dans les sous-sols des églises.»
M. Beaudry a expliqué que les églises sont généralement situées au cœur des quartiers et sont souvent vendues à des prix qui les rendent attrayantes pour une réaffectation. Il a toutefois souligné que certaines sont mal entretenues et que nombre d'entre elles nécessiteraient d'importantes rénovations, notamment l'ajout de toilettes, un accès universel et des sorties de secours, si elles devaient servir de refuges.
Le conseiller municipal a ajouté que les besoins en matière de logements et de refuges sont si importants que les gouvernements doivent évaluer toutes les options possibles, y compris les églises et les bâtiments gouvernementaux inutilisés, afin de déterminer si elles peuvent contribuer à résoudre la crise.
«Ce n'est pas une option sans défis, mais elle mérite d'être explorée», a-t-il dit.
Ces défis peuvent aller au-delà des codes du bâtiment. Récemment, la Ville et la province ont déboursé environ 2,5 millions $ pour l'acquisition d'une ancienne église dans le quartier Rosemont afin de répondre aux besoins des personnes vulnérables. Avant même l'annonce officielle, la nouvelle a suscité une forte opposition de la communauté à l'idée que le bâtiment serve de refuge pour sans-abri.
M. Beaudry a déclaré que l'acceptabilité sociale est au cœur de tout projet, mais il a reconnu qu'elle peut être difficile à atteindre lorsque l'opposition et l'attention médiatique commencent avant même qu'un projet ne soit défini.
Mario Beauchamp, agent de pastorale sociale dans le quartier Côte-des-Neiges, estime que les églises constituent une solution de dernier recours.
«Pour certaines églises qui sont sur le point de fermer, c'est sûr, mais pour celles qui sont pleinement utilisées et accueillent de nombreux paroissiens, c'est une autre histoire. La cohabitation sociale est en jeu», a affirmé M. Beauchamp.
L'une des églises de sa paroisse, Saint-Pascal-Baylon, a servi de centre d'hébergement pendant quelques hivers, jusqu'en 2023. Gérée par un organisme communautaire local, elle fournissait nourriture et abri à quelques dizaines de personnes chaque nuit.
«Il n'était pas question de louer cet espace à l'année, car l'église avait des inquiétudes», a précisé M. Beauchamp. Il a indiqué que quelques incidents de dommages ou de vandalisme liés au refuge ont eu lieu.
«Cela dit, il y a eu de bons moments et l'Église était heureuse de faire sa part et d'aider les personnes dans le besoin, mais il y a aussi eu des moments moins bons», a-t-il expliqué.