Début du contenu principal.
«Nous sommes tous inquiets en ce moment.»
Les travailleurs et les entreprises du secteur automobile se préparent aux perturbations massives attendues après que le président américain Donald Trump a mis en œuvre ses menaces de longue date d’imposer des droits de douane sur les produits canadiens et mexicains.
Les droits de douane de 25 % sur les exportations canadiennes vers les États-Unis entraîneront une forte augmentation des coûts pour les constructeurs automobiles, d’autant plus que les pièces traversent souvent plusieurs fois la frontière dans le cadre d’une industrie profondément intégrée.
La pression sur les coûts et la logistique devrait occasionner une hausse des coûts pour les consommateurs et des pertes d’emplois pour l’industrie.
«Après plusieurs mois de provocations et de menaces qui ont déjà grandement nui aux décisions sur les investissements et aux emplois au Canada, Donald Trump a tiré la première salve dans cette guerre commerciale en règle», affirme la présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, dans un communiqué.
«Ces tarifs douaniers nuiront aux travailleuses et travailleurs en augmentant le prix des biens de consommation courante, détruiront des emplois des deux côtés de la frontière et auront des conséquences dévastatrices dans les secteurs de fabrication hautement intégrés, notamment l’industrie automobile, partout au Canada et aux États-Unis.»
Mme Payne ajoute qu’il est temps pour tous les Canadiens de riposter et pour le pays de redéfinir ses relations commerciales internationales.
Jeff Gray, président de la section locale 222 d’Unifor à Oshawa, qui représente les travailleurs de GM dans cette région, affirme que, même si l’impact des droits de douane n’est pas encore clair, les membres s’inquiètent de leur avenir.
«Nous sommes tous inquiets en ce moment. Nous avons vécu beaucoup de choses à Oshawa, rapporte-t-il, faisant référence aux licenciements passés. Nous avons l’impression d’avoir tout vu, jusqu’à présent, nous sommes dans cette situation tarifaire qui pourrait conduire à la plus grande crise industrielle que nous ayons jamais connue.»
David Adams, président de Constructeurs mondiaux d’automobiles du Canada, souligne que plus les droits de douane resteront en place, plus la menace de dommages permanents et importants pour le secteur automobile nord-américain sera grande.
«Si cela dure un certain temps, alors oui, on pourrait parler d’une restructuration fondamentale de l’industrie automobile en Amérique du Nord», avance-t-il.
M. Adams, qui représente Honda, Toyota et d’autres, ajoute que c’est spéculatif à ce stade, mais que les effets des droits de douane pourraient se faire sentir assez rapidement. Il dit espérer que les répercussions sur le marché boursier et la pression des entreprises et des politiciens américains aideront à inverser la décision de M. Trump.
Le directeur général de Ford Motor, James Farley, a déclaré en février que des droits de douane à long terme sur le Canada et le Mexique «creuseraient un trou dans l’industrie américaine comme nous n’en avons jamais vu».
Il a ajouté que l’industrie nord-américaine est dans une bataille de rue mondiale alors qu’elle fait face à l’électrification et à l’émergence de la Chine comme force mondiale dans l’industrie automobile. Il a indiqué que M. Trump a parlé de rendre l’industrie américaine plus forte, mais, jusqu’à présent, ce que M. Farley voit, c’est «beaucoup de coûts et beaucoup de chaos». L’Association canadienne des constructeurs de véhicules, qui représente Ford ainsi que GM et Stellantis, souligne que les droits de douane annuleraient plus de 60 ans d’intégration pour créer une industrie compétitive à l’échelle mondiale.
«Les droits de douane américains mis en œuvre aujourd’hui causeront des dommages importants à l’industrie automobile hautement intégrée», indique le président et chef de la direction Brian Kingston dans une déclaration.
Flavio Volpe, président de l’Association des fabricants de pièces automobiles, prévient depuis des semaines que les tarifs entraîneront probablement des fermetures d’ici une semaine environ, des deux côtés de la frontière.
C’est quelque chose qui inquiète également M. Gray à Oshawa étant donné l’étroitesse des liens de l’industrie au-delà des frontières.
«Si la chaîne d’approvisionnement s’effondre, cela va affecter toutes les usines d’assemblage», conclut-il.