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Le juge a pris l’affaire en délibéré et rendra sa décision le 29 avril.
Le sort de Pierre Ny St-Amand, accusé d'avoir foncé sur une garderie de Laval avec un autobus, tuant deux enfants et en blessant six autres, est maintenant entre les mains du juge.
Des parents des victimes, qui ont assisté à cette deuxième journée d'audience, ont déploré le manque d’aide en santé mentale qu'ils reçoivent comparativement à celle que reçoit l’accusé. Certains d'entre eux se sont d'ailleurs adressés aux médias pour dénoncer ce qu’ils qualifient d’injustice.
Voyez le compte-rendu de Marie-Pier Boucher dans la vidéo ci-haut.
C’est le cas de la mère du petit Jacob, qui est décédé à l'âge de 4 ans après avoir été frappé par l'autobus. Marie-Christine Cloutier et son conjoint, Pierre-Luc Gauthier, ont accès à des soins en psychothérapie payés par l’Indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC) pour le reste de leurs jours, mais ce n’est pas le cas pour leur fille, Anne-Sophie, qui est considérée comme une proche. La grande soeur de Jacob a accès à un total de 30 séances de thérapie couvertes seulement.
«On ne sait pas quand le trauma va refaire surface, peut-être que ça n'arrivera jamais, mais peut-être que dans cinq ou dix ans, ça va revenir. Si elle pouvait être considérée comme une victime, pour nous ce serait une justice en soi. Elle a perdu son frère, on n'est plus quatre, on est rendu trois et ça, ce n'est pas normal», souligne la mère endeuillée au micro de Noovo Info.
Le père de Jacob, Pierre-Luc, a publié une lettre ouverte dans La Presse mardi matin pour dénoncer le manque d’aide en santé mentale pour les victimes indirectes du drame.
M. Gauthier trouve désolant que sa fille, qui a perdu son frère Jacob le 8 février 2023, n'ait droit qu'à 30 séances de psychothérapie couvertes par l'Indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC).
«Aux yeux de l’État (...), elle ne sera jamais rien d’autre que la sœur de la victime, un simple dommage collatéral d’une société malade. À 7 ans à peine, et pour le reste de sa vie, elle a rejoint le groupe sélect des laissés-pour-compte, le club de ceux dont on préfèrerait ne pas connaître le sort, les oubliés», a-t-il déploré.
À ces dénonciations, le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, a répondu qu'il allait tenter de rectifier la situation.
«Notre gouvernement a toujours voulu faire de la place aux personnes victimes et on a une situation aujourd'hui qui est critique alors on est à la recherche de solution», a-t-il indiqué mardi.
Plus tôt dans la journée, c'était au tour du deuxième psychiatre de témoigner.
Le Dr Sylvain Faucher a expliqué mardi au palais de justice de Laval comment il en est venu à la conclusion que Pierre Ny St-Amand ne devrait pas être tenu criminellement responsable de ses gestes du 8 février 2023. Selon lui, M. St-Amand avait déjà une certaine fragilité à développer de la psychose en raison des traumatismes de son passé et peut-être aussi d'une génétique familiale méconnue.
Le psychiatre estime que l’homme a eu un trouble psychotique bref, le 8 février 2023. Idées délirantes, désorganisation et hallucination... Tous les éléments étaient réunis pour en venir à cette conclusion.
L'expert a également noté que le fait que l'accusé s'est déshabillé après la collision est l'un des facteurs qui l'a amené à cette conclusion. «S’il était suicidaire ou conscient de ses actes, il n’aurait pas fait ça», a-t-il indiqué, ajoutant que l'accusé avait beaucoup de stress et manquait de sommeil.
Les parents des victimes pourront se faire entendre le 1er mai. De son côté, la Couronne désire que Ny St-Amand soit déclaré délinquant à haut risque, mais la défense s'y oppose. Il y aura donc débat à ce sujet.
S'il est déclaré délinquant à haut risque, il sera détenu à l’institut Philippe-Pinel avec restrictions.
Rappelons que lundi, la psychiatre Kim Bédard-Charette avait déclaré lors de la première journée du procès que l'accusé était probablement en proie à une psychose au moment où il a foncé dans le bâtiment avec l'autobus.
Le Dr Faucher et la Dre Bédard-Charette ont tous deux évalué Pierre Ny St-Amand séparément et sont parvenus indépendamment à la conclusion qu'il ne devrait pas être tenu criminellement responsable de ses actes.
En réponse, la Couronne et la défense présentent conjointement les faits et recommanderont au juge de déclarer l'accusé non criminellement responsable.
Les parents des victimes qui étaient en salle de cour lundi ont très mal reçu cette décision de présenter une preuve de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux.
C'est le 29 avril prochain que le juge Éric Downs, de la Cour supérieure, rendra sa décision à cet effet.
À VOIR | Drame de la garderie de Laval: une suggestion commune de la défense et de la Couronne des plus rares
Avec des informations de La Presse canadienne