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Le Canada a enregistré une forte croissance démographique au cours des deux dernières années, ce qui alimente également l’inflation par le biais de la demande de logements.
L’augmentation récente du nombre de nouveaux arrivants contribue à l’inflation par le biais de la demande de logements, a affirmé jeudi un haut dirigeant de la Banque du Canada, avertissant que les loyers et les prix des résidences pourraient continuer à augmenter si l’offre de logements n’est pas accrue.
Dans un discours prononcé à Windsor, en Ontario, le sous-gouverneur Toni Gravelle a reconnu les nombreux avantages découlant de cette hausse de l’immigration, notant sa contribution à la croissance économique, à l’augmentation de la main-d’œuvre et à la lutte contre le vieillissement de la population.
Mais il a averti qu’elle ajoute également de la pression sur un marché du logement criblé de défis structurels, notamment des restrictions de zonage et une pénurie de travailleurs de la construction.
« Ce bond de la demande d’ordre démographique, conjugué aux problèmes structurels touchant à l’offre, pourrait expliquer pourquoi la croissance des loyers continue d’augmenter au Canada. Cela permet également d’expliquer, en partie, pourquoi les prix des logements n’ont pas baissé autant que nous l’avions prévu », a expliqué M. Gravelle à la Chambre de commerce régionale de Windsor-Essex.
La Banque du Canada a récemment noté que même si les taux d’intérêt ont augmenté, d’autres coûts liés au logement qui devraient normalement diminuer, comme les prix des maisons, n’ont pas beaucoup baissé. Selon l’institution, le fait que l’offre de logements ne réponde pas à la demande en est la cause.
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Depuis leur arrivée au pouvoir, les libéraux fédéraux poursuivent une politique d’immigration plus ambitieuse, affirmant que le Canada doit accueillir davantage de personnes pour développer l’économie et faire face au vieillissement de la population. Cette approche a fait l’objet d’un examen plus approfondi au cours des deux dernières années, alors que le Canada connaît une croissance démographique record qui, selon les économistes, aggrave l’accessibilité au logement.
Le sous-gouverneur a déclaré que peu après le début de l’augmentation de l’immigration en 2015, le taux d’inoccupation du Canada, qui mesure le nombre de logements disponibles à la location ou à l’achat, a commencé à baisser.
« Puis, lorsque le nombre de nouveaux arrivants s’est fortement accru au début de 2022, le déclin constant du taux d’inoccupation est devenu vertigineux », a dit M. Gravelle.
La combinaison d’une croissance démographique plus forte et de ces problèmes structurels a contribué à l’écart entre les marchés du logement aux États-Unis et au Canada, selon le sous-gouverneur.
« C’est que l’offre de logements au Canada n’a pas suivi les accélérations récentes de l’immigration. On est dans une situation différente de celle des États-Unis, où la construction de logements a pu s’adapter avec plus de souplesse aux variations démographiques, et où la croissance des loyers devrait continuer de reculer », a-t-il souligné.
Le sous-gouverneur a averti tous les ordres de gouvernement qu’ils devaient travailler ensemble pour réduire les obstacles à la construction de nouveaux logements, faute de quoi les loyers et les prix des résidences pourraient continuer à grimper.
Le gouvernement fédéral a défendu sa politique d’immigration en affirmant que les nouveaux arrivants font partie de la solution pour construire plus de logements.
Mais dans son discours, M. Gravelle a présenté des statistiques qui montrent que la politique d’immigration du Canada n’a pas réussi à attirer davantage de travailleurs du secteur de la construction.
« De fait, alors que le Canada accueille plus de nouveaux arrivants que jamais, seulement 3 % environ des résidents non permanents travaillent dans le secteur de la construction. À titre de comparaison, à peu près 8 % de l’ensemble des travailleurs sont employés dans ce secteur », a-t-il mis en lumière.
M. Gravelle a indiqué que le programme fédéral des travailleurs de métiers spécialisés, une voie d’immigration qui inclut les travailleurs qualifiés du secteur de la construction, n’a pas non plus réussi à attirer de nombreuses personnes de ce domaine.
« Parallèlement, quelque 20 % de l’ensemble des travailleurs du secteur canadien de la construction devraient prendre leur retraite au cours des dix prochaines années », a-t-il dit.
Le discours de M. Gravelle intervient un jour après que la Banque du Canada a maintenu son taux d’intérêt directeur à 5 % mercredi, mais a prévenu qu’elle était prête à augmenter les taux si cela s’avère nécessaire dans sa lutte contre l’inflation.