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Économie

PLC: Un front uni contre la Chine «a beaucoup de sens», dit Chrystia Freeland

Pour un «front uni nord-américain» contre les pratiques commerciales de la Chine.

La candidate à la chefferie du Parti libéral du Canada Chrystia Freeland s'adressant aux médias, mardi le 25 février, après la tenue d'un débat en anglais, à Montréal, avec ses rivaux dans la course.
La candidate à la chefferie du Parti libéral du Canada Chrystia Freeland s'adressant aux médias, mardi le 25 février, après la tenue d'un débat en anglais, à Montréal, avec ses rivaux dans la course.
Émilie Bergeron
Émilie Bergeron / La Presse canadienne

L'ex-vice-première ministre Chrystia Freeland et candidate à la chefferie du Parti libéral du Canada (PLC) estime qu'il pourrait y «avoir beaucoup de sens» à ce qu'Ottawa, Mexico et Washington s'allient dans un «front uni nord-américain» pour répondre aux pratiques commerciales de la Chine.

«La surcapacité de la Chine est un enjeu que nous avons reconnu par le passé et une situation face à laquelle je poserais des actions, et avoir une réponse nord-américaine commune sécuriserait le périmètre économique commun des pays membres de (la nouvelle mouture) de l'ALENA.»
-Chrystia Freeland 

Elle répondait aux questions de quelques journalistes en marge d'une visite de travailleurs de l'industrie de l'acier, dans la ville ontarienne de Hamilton, située en périphérie de Toronto.

Le nouvel Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) a été renégocié  par le Canada sous l'égide de Mme Freeland, alors qu'elle était ministre des Affaires étrangères. L'accord commercial historique avait été rouvert à la demande du président américain, Donald Trump, au cours de son précédent mandat.

Mme Freeland, qui a, plus récemment, été ministre des Finances, rappelle depuis le début de la course à la direction du PLC qu'elle a déjà dû faire face à M. Trump, plaidant qu'elle est donc la mieux placée pour succéder au premier ministre Justin Trudeau. Elle souligne aussi que la renégociation de l'ALENA a été marquée par une guerre tarifaire qui pourrait se reproduire — quoiqu'avec plusieurs nuances près.

Mme Freeland a aussi noté que le Canada a imité les États-Unis, il y a quelques mois, en imposant les mêmes tarifs douaniers sur les véhicules électriques chinois et leurs composants produits en Chine.

 

Le Canada attend nerveusement de voir si le président Trump mettra à exécution mardi sa menace d'imposer des droits de douane sur presque toutes les importations — ou si une autre «pause» de dernière minute se matérialisera, évitant une guerre commerciale nord-américaine.

Au courant du week-end, le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a déclaré que le Mexique avait proposé d’égaler les droits de douane de Washington sur la Chine et que le Canada devrait faire de même, laissant une marge de négociation.

Lorsqu’on lui a demandé si cette mesure permettrait de faire tomber la menace américaine de droits de douane de 25 % sur les importations canadiennes, M. Bessent a répondu que «peut-être que le mur tarifaire s’élèvera, et nous verrons ensuite ce qui se passera à partir de là».

Questionnée lundi à ce sujet, Mme Freeland a soutenu que M. Bessent «a parlé de l'approche d'une forteresse nord-américaine». «Je pense que cela pourrait être une voie de sortie prometteuse pour les États-Unis», a-t-elle commenté.

L'ex-ministre canadienne des Finances a toutefois envoyé le message, à mots couverts, qu'il ne faudrait pas, à son avis, qu'Ottawa promette une alliance avec les Américains face à la Chine sans d'abord obtenir une garantie que la Maison-Blanche reléguerait aux oubliettes ses projets de surtaxe ciblant les produits canadiens.

«À nos voisins américains: nous ne pouvons être des bons partenaires pour vous que si vous en être des bons pour nous.»
-Chrystia Freeland 

Du côté du gouvernement, le premier ministre Trudeau a récemment réitéré que, si les droits entraient en vigueur, Ottawa comptait déployer son plan de représailles «dollar pour dollar» annoncé précédemment. 

Les mesures devraient commencer par une taxe initiale de 25 % sur 30 milliards $ de produits américains, suivie de droits sur 125 milliards $ supplémentaires de marchandises, trois semaines plus tard. 

Le ministre canadien de l'Immigration, Marc Miller, a souligné l'imprévisibilité de la situation, alors qu'il n'est pas clair si le président Trump passera à l'acte ou s'il accordera un autre sursis au Canada.

«Peu importe ce qui arrive aujourd'hui et demain, c'est clair que ça ne sera pas une discussion qui est vraiment close, a-t-il dit. Ça va continuer, je pense, dans les prochains quatre ans. Je pense qu'il faut s'habituer à ce genre d'instabilité comme pays.»

Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a déclaré dimanche que des droits de douane seraient imposés mardi contre le Canada et le Mexique, mais les taux restent à déterminer. 

«Quels sont exactement ces tarifs? Nous allons laisser le président et son équipe négocier cela», a soutenu M. Lutnick dans une entrevue diffusée sur Fox News. 

Le décret présidentiel visant à mettre en œuvre des droits de douane de 25 % sur tous les produits canadiens, sauf l'énergie, à un taux de 10 %, a été suspendu jusqu'à mardi, après que le Canada a accepté de mettre en place de nouvelles mesures de sécurité à la frontière. 

Malgré ces mesures et une pression diplomatique de plusieurs semaines menée par des responsables canadiens à Washington, M. Trump a déclaré jeudi dernier que des droits de douane élevés seraient appliqués. 

M. Lutnick a dit que le Mexique et le Canada avaient fait un travail «raisonnable» à la frontière, mais le secrétaire au Commerce a soutenu que le fentanyl continuait d'entrer aux États-Unis. Il a déclaré que le président Trump réfléchissait encore à «la manière exacte dont il voulait la jouer» avec les voisins les plus proches des États-Unis, décrivant la situation comme fluide. 

Les données du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis montrent que le nombre de personnes et la quantité de drogues qui traversent illégalement les États-Unis depuis le Canada sont minuscules par rapport à ce qui se passe à la frontière sud. Elles font état de seulement 13,6 grammes de fentanyl saisis par le personnel de la patrouille frontalière du nord en janvier dernier.

Avec Kelly Geraldine Malone, à Washington

Émilie Bergeron
Émilie Bergeron / La Presse canadienne