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Il n'existe encore aucune certitude sur la décision future du président Trump.
Les Canadiens ressentent sans doute une impression de déjà vu en attendant de voir si le président américain Donald Trump concrétisera sa menace d'imposer des droits douaniers dès mardi.
«Le Canada doit se préparer à vivre dans un monde où il ne peut plus se fier sur une relation commerciale stable avec les États-Unis, ni même se fier sur Washington pour sa défense», souligne Matthew Lebo, un spécialiste de la politique américaine de l'Université Western, à London.
Malgré l'effervescence diplomatique déployée par le Canada et le renforcement des mesures de sécurité à la frontière, il n'existe encore aucune certitude sur la décision future du président Trump.
M. Trump semble vouloir jouer au chat et à la souris avec ses voisins du Canada et du Mexique. Déjà au début de février, il avait signé un décret pour imposer des droits douaniers de 25 % à tous les produits canadiens et mexicains, à l'exception des ressources énergétiques, qui étaient frappées par des droits de 10 %.
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Il a accepté de surseoir à sa décision après que le Canada eut accepté de mettre en place des mesures de sécurité à la frontière.
Les représentants canadiens ont défilé à Washington pour rencontrer des membres importants de l'équipe de M. Trump afin de montrer les progrès réalisés pour contrer le trafic de fentanyl et les passages de migrants clandestins.
De passage à Washington, le ministre canadien de la Sécurité publique, David McGuinty, a déclaré cette semaine que «tous les tests qui ont été imposés au Canada, en termes de progrès et de respect des normes pour la frontière, ont été satisfaits».
Il a rencontré le responsable américain de la sécurité frontalière, Tom Homan, et la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, pour démontrer les progrès réalisés par le Canada dans la lutte contre le trafic de fentanyl.
M. McGuinty a décrit les rencontres comme étant productives, mais il n'a pu indiquer si les efforts canadiens avaient convaincu le président.
Ce qui ne semble pas être le cas: Donald Trump a prétendu mercredi qu'il n'avait constaté aucun progrès du tout.
Le locataire de la Maison-Blanche a ensuite annoncé qu'il imposerait dès mardi des droits douaniers.
«La drogue continue d'entrer dans notre pays en provenance du Mexique et du Canada à des niveaux inacceptables», a écrit M. Trump sur les réseaux sociaux.
Si des droits douaniers étaient imposés au Canada, M. Trudeau a déjà annoncé des mesures de représailles. Le Canada imposerait dans un premier temps des droits douaniers sur 30 milliards $ de marchandises importées des États-Unis. Le gouvernement fédéral compte imposer des droits sur une liste supplémentaire d’importations américaines d’une valeur de 125 milliards $.
Les déclarations de M. Trump contredisent les propres données de l'agence américaine U.S. Customs and Border Patrol. Selon celle-ci, la quantité de fentanyl entrant aux États-Unis en provenance du Canada est minuscule comparativement à celle provenant du Mexique. Elle rapportait avoir saisi en janvier seulement 13,6 grammes de fentanyl à la frontière canado-américaine.
Selon le Pr Lebo, tout ce que veut M. Trump, c'est une victoire.
«Ce genre de chose se conclut lorsque M. Trump annonce qu'il a remporté une victoire, qu'il a obtenu ce qu'il désirait. Il profère de grosses menaces, annonce avoir des plans grandioses. Ceux-ci ne sont guère réalisables, mais cela ne l'empêche pas de crier victoire et de passer à autre chose.»
Plusieurs officiels canadiens croient que les menaces de Donald Trump sont liées à l'examen obligatoire de l'ACÉUM, l'accord de libre-échange nord-américain. Ce pacte avait été négocié lors du premier mandat de M. Trump et avait remplacé le précédent Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).
«Il est fort possible que M. Trump ne sache pas lui-même ce qu'il veut», affirme le Pr Lebo.