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Santé

Des médecins américains souhaitent venir au Canada depuis l'élection de Trump

L'augmentation du nombre de médecins américains s'installant au Canada pourrait combler une pénurie.

La Dre Joss Reimer répond aux questions des médias lors d'une conférence de presse à l'Assemblée législative du Manitoba, à Winnipeg, le mercredi 17 mars 2020. LA PRESSE CANADIENNE/John Wood
La Dre Joss Reimer répond aux questions des médias lors d'une conférence de presse à l'Assemblée législative du Manitoba, à Winnipeg, le mercredi 17 mars 2020. LA PRESSE CANADIENNE/John Wood

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La Presse canadienne
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Les recruteurs constatent un regain d'intérêt de la part des médecins américains envisageant de s'installer au Canada depuis l'élection de Donald Trump à la présidence en novembre. 

Katrina Philopoulos, directrice du recrutement pour Santé Nouvelle-Écosse, a indiqué que 27 médecins américains sont en négociations sérieuses pour déménager, ce qui a permis jusqu'à présent d'embaucher une personne et d'amener une deuxième à s'installer dans la province l'année prochaine.

Vendredi, lors d'une entrevue, Mme Philopoulos a déclaré que le message de son agence de santé aux médecins n'était pas ouvertement politique et s'adressait à toute personne «prête à venir s'installer» après la victoire de Donald Trump.

Elle a expliqué que c'était l'occasion de faire des États-Unis l'une priorité, ajoutant que la province avait régulièrement intensifié son recrutement aux États-Unis ces dernières années.

La ministre de la Santé du Manitoba, Uzoma Asagwara, a indiqué jeudi lors d'une entrevue que les recruteurs de la province discutaient avec une dizaine de médecins américains et avaient organisé des webinaires pour une cinquantaine d'infirmières. Les recruteurs de la province, qui compte l'un des plus faibles nombres de médecins par habitant au pays, vont intensifier leurs efforts aux États-Unis au cours des prochaines semaines, a ajouté Mme Asagwara.

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«Chaque élément de la solution compte. En tant que gouvernement, nous nous sommes engagés à ajouter un total de 400 médecins au cours de notre premier mandat», a rappelé la ministre.

La Dre Rohini Patel a confié en entrevue que son cabinet, CanAm Physician Recruiters, a ajouté 347 nouveaux médecins américains à son réseau au cours de la dernière année, dont 141 au cours des trois derniers mois, soit environ le double de la même période l'année précédente.

Elle affirme que les médecins avec qui elle s'est entretenue ne se contentent pas de se renseigner, mais souhaitent activement déménager, ajoutant qu'ils ne sont pas «difficiles» quant à la région du pays où ils pourraient exercer.

La Dre Joss Reimer, présidente de l'Association médicale canadienne, a expliqué que cet intérêt croissant est lié à la frustration des médecins américains envers les assureurs privés et au mécontentement des obstétriciens et des médecins de famille qui craignent une «ingérence politique» dans leur pratique.

Selon elle, l'augmentation du nombre de médecins américains s'installant au Canada pourrait faire partie de la solution pour combler ce que Santé Canada estime être une pénurie d'environ 23 000 médecins de famille au pays.

«Il est trop tôt pour savoir si le nombre (de médecins américains qui viendront) sera aussi élevé que l'intérêt manifesté, mais il est raisonnable de supposer que certains médecins viendront au Canada», a mentionné la Dre Reimer.

Les coupes budgétaires dans la recherche en santé aux États-Unis contribuent à pousser les médecins américains à quitter leur pays, a pointé la présidente de l'association médicale. «Chaque fois que vous réduisez le financement de la recherche (…) les médecins réagiront. La science est un domaine dans lequel nous sommes profondément formés, et la pratique médicale fondée sur les faits est le fondement de tout ce que nous faisons lorsque nous prenons soin des patients», a-t-elle fait valoir.

«Partout où la politique s'immisce dans la médecine, ça devient un lieu de travail frustrant.»

De plus, Joss Reimer a indiqué que les médecins de famille et les obstétriciens américains ont manifesté un certain intérêt en raison des restrictions sur l'avortement et les soins d'affirmation de genre dans certaines régions du pays.

Quand la politique s'immisce dans la pratique

Selon le Conseil médical du Canada, qui évalue et valide les titres de compétences des médecins, au cours des six derniers mois, environ 120 diplômés en médecine par mois aux États-Unis ont ouvert un compte en ligne sur son site web – une première étape pour obtenir un permis d'exercice au Canada. Ce chiffre représente une augmentation par rapport aux quelque 10 nouveaux comptes en ligne ouverts chaque mois par les diplômés américains pour la même période l'année précédente.

La Dre Alison Carleton, médecin de famille américaine qui a immigré au Manitoba pour travailler dans la municipalité de Winnipegosis en 2017, a indiqué jeudi en entrevue qu'elle contribuait à la campagne de recrutement de la province en préparant de la documentation pour ses collègues américains sur les avantages de pratiquer au Canada.

«La plupart des médecins se soucient des gens et croient en la science, et à l'heure actuelle, ces valeurs ne sont pas valorisées aux États-Unis», a-t-elle expliqué.

La médecin a confié avoir été attirée par le système de santé public canadien, plutôt que par ce qu'elle appelle le «jeu» consistant à traiter avec des assureurs du secteur privé qui, parfois, ne couvraient pas les coûts des soins facturés par son cabinet.

Laura O'Brien, directrice des services de recrutement à Santé Nouvelle-Écosse, a déclaré que son équipe avait également ciblé sa campagne auprès des infirmières et autres professionnels de la santé américains depuis les élections de novembre, et qu'elle avait obtenu d'excellents résultats.

Elle estime que 500 infirmières américaines ont manifesté leur intérêt pour la Nouvelle-Écosse, dont environ 200 ont été jugées «sérieuses». À ce jour, cinq infirmières autorisées américaines ont été embauchées pour travailler dans des unités de soins intensifs et des services d'urgence de la province, a détaillé Mme O'Brien.

«Les professionnels de la santé et les infirmières qui manifestent leur intérêt sont préoccupés par les changements et les incertitudes qui règnent dans le système de santé américain», a-t-elle ajouté.

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