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«À l'Halloween, on parle des légendes, on parle des monstres imaginaires, mais il y a des femmes et des enfants pour qui c'est la réalité au quotidien de vivre de la violence et des terreurs.»
Une maison d'hébergement pour femmes violentées de Montréal profite de l'Halloween pour rappeler que des femmes vivent de véritables situations d'horreur chez elle. L'organisme a combiné des décorations traditionnelles avec des images de violence conjugale.
Dans le cadre de sa campagne «Fenêtres sur l'horreur», le refuge La Maison grise a placé des silhouettes noires dépeignant des scènes de violence conjugale un peu partout dans la ville, pour rappeler que les scènes d'épouvante ne surviennent pas seulement dans les films.
«À l'Halloween, on parle des légendes, on parle des monstres imaginaires, mais il y a des femmes et des enfants pour qui c'est la réalité au quotidien de vivre de la violence et des terreurs», explique la directrice générale de la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes, Manon Monastesse.
«Donc c'est une forme de sensibilisation d'impact», souligne-t-elle au sujet de la campagne.
Si de nombreuses personnes pensent que c'est lorsqu'elles sont seules dans le noir qu'elles sont le plus en danger, les femmes sont souvent beaucoup plus à risque chez elles lorsqu'elles vivent dans un climat de violence conjugale, selon Mme Monastesse.
«Spécialement pour les agressions sexuelles, on pense que c'est dans la rue que ça se passe, que ce sont des étrangers qui agressent, mais 95 % du temps, ce sont des personnes qui sont connues», ajoute-t-elle, rappelant que le même phénomène s'observe aussi pour les autres types de violence faite aux femmes et aux enfants.
Dans les dernières semaines seulement, plusieurs événements sont survenus où tout porte à croire que des pères ont tué leurs enfants.
À Laval, la police a arrêté un homme qui aurait tué ses deux enfants plus tôt ce mois-ci, tandis qu'à Brossard, un homme a été accusé d'avoir tué sa femme et deux enfants en septembre.
Selon Mme Monastesse, les gens confondent souvent la violence conjugale avec des disputes dans un couple qui dérapent, mais ce n'est pas la réalité. Elle mentionne plutôt que la violence est une facette de l'abus commis par une personne qui veut contrôler son partenaire.
«Le conjoint violent, ce qu'il veut tout d'abord, c'est avoir un contrôle absolu et une emprise totale sur sa conjointe. C'est ça la violence conjugale.»
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Et donc, puisque les sévices s'accompagnent souvent de violence psychologique et financière - les femmes qui se retrouvent dans une relation d'abus n'ont plus de contrôle sur l'argent qu'elles gagnent -, il peut être très difficile pour les victimes de se sauver de cette situation.
«Quand on est dans cette relation de contrôle absolu, c'est comme s'il n'y avait pas d'issue, parce que le conjoint a une emprise psychologique. C'est comme un étau très fort», illustre Mme Monastesse.
«La première chose qu'un conjoint violent va faire, c'est isoler totalement sa conjointe de ses réseaux», rappelle-t-elle.
Toutefois, même une fois sortie d'une relation abusive, une femme peut continuer d'être la cible de violence et de harcèlement.
«Le moment le plus dangereux pour les féminicides, c'est la séparation - quand il sait qu'elle va quitter, mentionne Mme Monastesse. Les six mois suivant la séparation, c'est le moment le plus dangereux, parce que ces hommes-là se disent: ''Si elle n'est pas avec moi, elle ne sera avec personne''».
Au Québec, les forces policières estiment que 18 des 26 femmes assassinées en 2021 ont été tuées par leur partenaire actuel ou un ancien conjoint. Cette année, au moins 11 meurtres de femmes ont fait l'objet d'une enquête en tant que féminicides.
Selon Mme Monastesse, ces chiffres ne représentent que la pointe de l'iceberg. L'an dernier, 200 femmes qui séjournaient dans des refuges membres de son organisation ont déclaré avoir été victimes d'une tentative de meurtre, ajoutant que la majorité d'entre elles n'ont pas signalé l'incident à la police.
Elle souhaite donc que la campagne incite les femmes victimes de violence à demander de l'aide, tandis que La Maison grise espère également recueillir des dons grâce à cette campagne.
«En juxtaposant des scènes de violence conjugale à des décorations d'Halloween, nous espérons attirer l'attention du public sur les véritables horreurs dont on ne parle pas assez souvent», affirme la directrice générale de La Maison grise, Nathalie Lamarche, dans un communiqué.