«C'est difficile d'entendre parler des Premières Nations (dans les promesses électorales)», dénonce Lucien Wabanonik, Chef du conseil de la Nation Anishnabe de Lac-Simon au micro de Noovo Info. «Quand ils vont penser à nous, il va être trop tard. "Les budgets sont faits." C'est toujours la même chanson et encore une fois, on nous oublie.»
Dans les communautés autochtones, la crise du logement frappe fort depuis de nombreuses années. D'ailleurs, selon l'Assemblée des Premières Nations, il faudrait construire 157 453 nouveaux logements et en rénover 55 700.
«Ça reflète la réalité de plusieurs Premières Nations, mais ici, c'est vraiment criant», rapporte M. Wabanonik.
«On a 2200 personnes qui vivent dans la communauté et 400 autres personnes qui vivent en dehors de la communauté. À partir de 2019 jusqu'à aujourd'hui, on a construit 76 maisons et on en aura besoin d’environ 300 pour réussir à combler le tout», explique Ketty-Rose Mitchell, directrice générale du conseil de la Nation Anishnabe de Lac-Simon.
La communauté du Lac-Simon construit et rénove plusieurs maisons, mais ce n’est pas suffisant pour répondre à la demande.
D’ailleurs, le chef de la communauté estime qu’il faudra au moins 15 ou 20 ans pour régler le déficit de logements. Il indique que le problème ne pourrait également jamais se régler en raison de l’explosion démographique.
«Ça prendrait de nouvelles villes, des infrastructures. C'est le fédéral qui contrôle encore les budgets et le financement, tout est contrôlé, absolument tout», explique M. Wabanonik, qui dénonce que les communautés ne peuvent pas agrandir leur ville sans autorisations des gouvernements.
«Le nombre de personnes qui veut avoir leur intimité, leur chambre à eux. Imaginez des enfants de sept ou huit ans que leur rêve, c'est d'avoir leur chambre», souligne M. Wabanonik.
«Le besoin est réel, il est urgent», ajoute-t-il.
En attente d’une maison, plusieurs familles doivent d'ailleurs être hébergées par d’autres membres de la famille, faisant ainsi augmenter le nombre de personnes dormant sous le même toit.
«Avant d’avoir ma maison, j’habitais chez ma belle-sœur. Ils étaient cinq et nous aussi on est cinq donc en tout on était 10», raconte un membre de la communauté du Lac-Simon rencontré par Noovo Info.
Infrastructures publiques
Les maisons pour les familles ne sont pas les seuls bâtiments qui doivent être rénovés dans les communuatés. Une partie de l'école à Lac-Simon serait couverte de moisissure, selon Mme Mitchell.
«La plomberie est désuète et ç’a coulé un peu partout. La première partie de l’école a été rénovée une fois, après que le toit se soit effondré», raconte-t-elle.
Depuis 2003, la Vérificatrice générale a déposé quatre rapports dévastateurs en ce qui concerne l'état des logements dans les communautés des Premières Nations.
«75 % de la population, c'est des jeunes jusqu'à 35 ans. On n'a pas beaucoup d'infrastructures sportives ni récréatives et nos financements ont tous été refusés dans les dernières années», explique Mme Mitchell.
Pour la communauté du Lac-Simon et pour bien d'autres communautés, investir dans la construction de maisons et les infrastructures, c'est aussi investir dans le bien être de la population et dans le bien être des jeunes.