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La coroner Géhane Kamel enquêtera aussi sur le décès d'Isaac Brouillard Lessard. L'homme a été abbatu par des policiers après avoir tué Mme Breau.
Les parents de l'homme qui a tué une sergente de la Sûreté du Québec en mars dernier à Louiseville avaient tenté d'obtenir de l'aide dans les jours précédant l'agression mortelle au couteau, en raison de la détérioration sévère de son état de santé mentale.
Ces détails ont été révélés lundi lors de l'ouverture de l'enquête du coroner sur la mort du sergent Maureen Breau et d'Isaac Brouillard Lessard, qui a été abattu par la police quelques instants après avoir prétendument poignardé l'officier avec un couteau de cuisine.
L'enquête de la coroner Géhane Kamel, au palais de justice de Trois-Rivières, vise à faire la lumière sur les circonstances entourant ces deux décès, «d’identifier les facteurs contributifs et de formuler, le cas échéant, des recommandations pour mieux protéger la vie humaine».
La policière Breau a été tuée alors qu'elle tentait d'arrêter Brouillard Lessard, qui avait des antécédents de problèmes de santé mentale. La sergente de la SQ et trois autres collègues avaient été dépêchés à l'appartement du suspect, qui aurait proféré des menaces et violé ses conditions de probation.
Un autre policier a été grièvement blessé lors de l'agression. Il a souffert d'une fracture du crâne et d'un coup de couteau à la tête.
Deux policiers de la SQ ont tiré à 19 reprises sur l'homme de 35 ans et 11 balles l'ont atteint, a témoigné lundi un pathologiste. Il est mort près de la porte d'entrée de son appartement.
La sergente Breau, quant à elle, a été transportée à l'hôpital, où son décès a été constaté peu après 23 h ce soir-là.
Le 25 janvier dernier, le Directeur des poursuites criminelles et pénales a annoncé que l'analyse de la preuve ne révélait pas «la commission d'une infraction criminelle par la policière et le policier» de la SQ qui ont abattu Brouillard Lessard.
L'enquête de la coroner a appris lundi que Brouillard Lessard avait envoyé des textos menaçants et fait plusieurs coups de fil à sa mère trois jours avant les événements dramatiques du 27 mars.
Patrick Michaud, du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), a témoigné lundi d'un déluge d'appels et de messages, ainsi que des textos échangés entre la mère et un proche à qui elle confiait que son fils souffrait de psychose.
Sa mère recommandait à cette personne d'appeler la police si son garçon l'appelait, sans trop se soucier de sa propre sécurité: l'homme n'avait pas d'argent pour quitter Louiseville, écrivait-elle.
Le 24 mars, la mère et le père de Brouillard Lessard ont tous deux appelé le 911 et la ligne téléphonique de santé 811 pour que leur fils soit arrêté et hospitalisé de force, craignant qu'il ne représente un danger pour autrui.
Ce soir-là, quatre policiers se sont rendus à l'appartement de Brouillard Lessard — deux d'entre eux y reviendront trois jours plus tard.
L'enquêteur Michaud, de la «police des polices», a raconté lundi que les patrouilleurs de la SQ n'avaient pas arrêté Brouillard Lessard la première fois, le 24 mars. L'homme était calme et il a admis avoir proféré des menaces, et les policiers ont alors déterminé qu'ils n'avaient aucune raison de l'arrêter ou de le faire hospitaliser, a relaté M. Michaud.
Mais Brouillard Lessard a continué par la suite à proférer des menaces à l'endroit de sa mère, et son père a alors appelé le 911 moins d'une heure après la première visite des policiers.
L'enquêteur du BEI a souligné dans son témoignage qu'entre le 24 et le 27 mars, Brouillard Lessard avait tenté d'appeler sa mère à 43 reprises et lui avait envoyé 481 textos.
À voir également : «Du travail à faire»: hausse fulgurante des interventions policières en matière de santé mentale
Le 27 mars, jour de l'agression mortelle, un oncle a appelé la police pour signaler que Brouillard Lessard l'avait menacé.
M. Michaud a raconté que l'oncle avait appelé la mère de Brouillard Lessard pour lui demander quoi faire. La mère lui aurait dit d'appeler la police parce que son fils a besoin de soins.
Brouillard Lessard était déjà suivi par la Commission d'examen des troubles mentaux du Québec depuis mars 2014. Sa prochaine comparution devant cette commission était prévue pour le 4 avril 2023.
L'enquête a permis d'apprendre que la SQ avait déjà eu quatre interactions avec Brouillard Lessard entre la fin décembre 2022 et le soir où la sergente Breau a été poignardée à mort. La première a eu lieu le 30 décembre 2022, quelques jours après son déménagement dans la petite municipalité de Louiseville — et après une dispute avec un autre locataire de sa maison de chambres à propos d'un chat disparu.
La police n'a alors procédé à aucune arrestation, car aucun des deux hommes ne voulait porter plainte, mais un policier de la SQ a émis un bulletin interne à ses collègues policiers du district pour qu'ils agissent avec prudence à l'égard de Brouillard Lessard. La note soulignait que l'homme avait des antécédents de violence contre des travailleurs de la santé.
Brouillard Lessard avait auparavant été déclaré non criminellement responsable à cinq reprises pour des infractions antérieures. Il avait également passé un an dans un hôpital psychiatrique de Montréal. Sa famille avait demandé une première consultation psychiatrique en 2013.
En avril 2022, Brouillard Lessard avait obtenu une absolution inconditionnelle et deux ans de probation après avoir agressé un concierge d'appartements.