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Sans connaître les conclusions de l’enquête publique, ce drame met en lumière l’importance de mieux encadrer les personnes potentiellement dangereuses dont l’état mental est perturbé.
Mais en attendant ce rapport, notre journaliste a fait sa propre enquête et tente de répondre à l’épineuse question: comment éviter de tel drame?
Voyez le reportage de Valérie Gendron dans la vidéo.
Selon les différents partenaires, le principal enjeu demeure l’accès insuffisant aux informations personnelles des personnes à risque sur leur territoire. D’ailleurs, l’Association des policières et policiers provinciaux du Québec, appuyée par la Coopérative des ambulanciers de la Mauricie, a lancé une pétition qui demande d’établir un protocole d’entente pour que la présence des personnes dont l’état mental est perturbé soit connue des policiers.
Certains spécialistes sont réticents face à cette demande. Puisque cela irait à l’encontre du principe de confidentialité des informations personnelles qui est un droit fondamental au Québec.
D’autre part, il existe déjà des articles de loi au Québec qui permettent de briser le code de confidentialité lorsqu’il y a une inquiétude significative pour la sécurité publique. De plus, avec la Loi P-38, les policiers ont un levier légal pour amener de force une personne à l’hôpital lorsque celle-ci représente un danger imminent. Est-ce que l’enjeu se retrouve alors dans cette notion de «danger imminent»?
«Tout à fait», s’exclame le directeur général de Point de rue, Philippe Malchelosse. Il estime que les partenaires devraient être en mesure de s’échanger des informations importantes sur la dégradation de l’état mental d’une personne pour offrir un meilleur filet de sécurité. Pour sa collègue, Geneviève Charest, les intervenants se sentent pris entre l’écorce et l’arbre, car certaines personnes ne représentent pas un danger immédiat, mais sont tout de même dans un état désorganisé. «On aimerait pouvoir agir avant qu’il soit trop tard», soutient Mme Charest.
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Comme il est impossible d’obliger une personne à recevoir des traitements à moins bien sûr qu’elle représente un danger immédiat, les intervenants se sentent les mains liées. Mais selon la professeure en droit psychiatrique, Emmanuelle Bernheim, le critère de «danger immédiat» est déjà de plus en plus flexible et selon elle cela pose problème.
«Il faut avoir à l’esprit quelque chose d’assez central, dans les faits personne est vraiment capable d’évaluer un danger et un risque (…) Les études montrent que la marge d’erreur est immense et qu’on se trompe lorsqu’on fait l’évaluation du risque et du danger et que par ailleurs on cible certains groupes particulièrement comme les personnes qui sont dans une condition économique plus faible et les gens racisés vont se retrouver plus souvent comme représentant un danger ou un risque», explique la professeure en droit psychiatrique à l’UQAM, Emmanuelle Berheim.
Pour les personnes reconnue non-criminellement responsables et remises en liberté conditionnelle, comme c’était le cas du tueur de Louiseville, des suivis de l’équipe traitement peuvent être obligatoires. Mais, c’est dans les droits du patient de refuser la médication.
Des drames comme Louiseville sont de véritable tragédie, mais ce sont tout de même des cas isolés. La dernière mort violente au sein de la Sûreté du Québec date des années 1990. Les intervenants et spécialistes tiennent aussi à rappeler que la santé mentale n’est pas un synonyme de violence. Et pour assurer un meilleur encadrement des personnes à risque, selon eux, la solution repose sur la prévention et une mise à disposition de services variées.