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L'élue aura connu une fin de mandat difficile.
La mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, a annoncé vendredi qu'elle ne sera pas candidate à nouveau aux prochaines élections municipales, en 2025. Mme Beaudin finira son mandat, puis passera le flambeau.
«J’ai décidé de ne pas solliciter de nouveau mandat à l’élection municipale de novembre 2025», a-t-elle déclaré dans une allocution à l’hôtel de ville. «Je terminerai mon mandat de mairesse auquel il reste 18 mois.»
Voyez l'entrevue d'Évenlyne Beaudin sur nos ondes dans la vidéo liée à l'article.
Mme Beaudin quitte aussi la direction de son parti, Sherbrooke Citoyen, mais ce départ est immédiat. La conseillère municipale Geneviève LaRoche, qui a remercié la mairesse pour son travail avec émotion après son annonce, assurera l’intérim.
Mme Beaudin aura connu une fin de mandat difficile. En octobre dernier, la mairesse avait pris une pause de la vie politique sous recommandation de son médecin. Elle avait alors mentionné vouloir «un état d'épuisement qui serait trop important et trop difficile à surmonter».
Voyez le compte-rendu d'Alexandra Paré.
Aujourd’hui, la mairesse assure qu’elle va bien, mais quitte essentiellement son poste car elle n’a plus l’énergie de continuer. «À la fin de ce mandat, il me paraît plus judicieux de laisser ma place à un nouveau maire ou une nouvelle mairesse avec d’autres talents et une approche adaptée aux nouveaux besoins de la ville», affirme-t-elle, se disant fière de ses accomplissements et assurant qu’elle s’engagera jusqu’à son dernier jour à la tête de la mairie.
Évelyne Beaudin, économiste de formation, avait été élue conseillère municipale à Sherbrooke en 2017. Lors des élections suivantes, en 2021, elle se présente à la mairie et défait le maire sortant, Steve Lussier, mais aussi un «candidat-vedette», l'ex-ministre et député libéral provincial Luc Fortin.
Le climat est tendu dans de nombreux conseils municipaux du Québec et Sherbrooke n’y fait pas exception. Dans les plus récents développements municipaux, un rapport de 2022 sur la gestion de l’agenda politique à la Ville de Sherbrooke publié dans La Tribune a fait réagir en Estrie.
L’étude interne porte sur les perceptions des employés de la Ville de Sherbrooke. On y rapporte des perceptions d’ingérence et de microgestion au sein des administrations de Steve Lussier et d’Évelyne Beaudin.
Par ailleurs, Danielle Berthold a remis sa démission du comité exécutif en avril à la fin d’une séance du conseil, après avoir voté à contrecœur en faveur de la taxe piscine. Elle aurait reçu des menaces de la mairesse Évelyne Beaudin de faire ainsi, ce qui l’a poussée à prendre cette décision.
À VOIR ÉGALEMENT | Taxe piscine à Sherbrooke: de la discrimination?
Des situations comme celle de Sherbrooke, il y en a d'autres au Québec. La mairesse de Gatineau, France Bélisle, est la dernière en date, elle qui a annoncé sa démission le 22 février dernier, affirmant vouloir «préserver sa santé». La jeune mairesse de la petite municipalité Chapais, Isabelle Lessard, a démissionné après avoir vécu un épuisement professionnel en lien avec la lutte contre les feux de forêt à l'été 2023 au Nord-du-Québec. On a également vu la mairesse de Montréal, Valérie Plante, avoir un malaise en direct lors d'une conférence de presse, et on a assisté aux développements en lien avec le climat toxique perçu au conseil municipal de Trois-Rivières, la ville où le maire Jean Lamarche s'est lui aussi absenté dans le cadre d'un arrêt de travail.
Tout ceci a poussé la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, à allouer un investissement de 2 millions $ visant à ajouter des accès directs à des services d’aide psychologique pour les élus municipaux. Ce montant vient dans les faits bonifier des services déjà offerts par la Fédération québécoise des municipalités (FQM) et l'Union des municipalités du Québec (UMQ).
Selon Mme Beaudin, ça ne suffit pas. «Être un élu en 2024 n’a pas tellement la cote», a dit la mairesse de Sherbrooke vendredi. «Il y beaucoup de division entre les gens, du mécontentement, de l’agressivité ou encore du désintérêt. Malgré tout, le gouvernement ne nous écoute pas. Il nous laisse se dépêtrer seuls dans nos enjeux.»
À la période de question suivant un point de presse à L'Assomption vendredi, le premier ministre du Québec, François Legault, a réagi aux propos de Mme Beaudin.
«Je pense qu’Andrée Laforest, la ministre des Affaires municipales a fait des annonces dernièrement ; il va y avoir des pénalités importantes pour les gens qui insultent les maires et les conseillers municipaux. On va continuer de travailler avec l’UMQ et la FQM, c’est vrai qu’il y a un problème de manque de respect de base dans certaines assemblées municipales et je dirais en général dans notre société malheureusement», a-t-il alors souligné.
France Bélisle a démissionné de son poste de mairesse de Gatineau dans des circonstances similaires en février dernier. L'ex-mairesse a refusé la demande d'entrevue de Noovo Info, mais a tout de même partagé ses impressions concernant la démission de Mme Beaudin.
«La vie politique est difficile, mais on le savait avant de se lancer. Ce n'est pas à la difficulté ou à la critique auxquelles on tourne le dos: c'est à un environnement et un système qui doit évoluer», a-t-elle affirmé dans un courriel envoyé à Noovo Info.
Mme Bélisle espére que cette démission, qui s'ajoute à la sienne., à celle de la mairesse de Chapais et, dans une certaine mesure, au départ de l'ex-co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Émilise Lessard-Therrien, n'envoie pas le message que les femmes ne sont pas suffisamment résilientes pour la vie politique.
«J'espère que la société n'en tirera pas de conclusions faciles pour dire que les femmes ne sont pas faites pour "ça". J'espère au contraire que la société verra dans cette décision prise par certaines femmes, le courage de nommer et de dire que les choses doivent changer», a-t-elle poursuivi.
Mme Bélisle indique également s'être réjouie des quelque 600 messages de soutien, provenant d'hommes et de femmes «de tous les milieux», qu'elle a reçus depuis son départ. Elle souhaite d'ailleurs qu'on «soutienne mieux les élus dans la compréhension de leur rôle et [de leurs] responsabilités».
Avec de l'information d'Émile Bérubé-Lupien, Jennifer Gravel et de Dominique Côté pour Noovo Info.